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LOSAKO
5 décembre 2010

Gbagbo s'autoproclame président... Ouattara aussi

ouattara_gbagbo2Laurent Gbagbo, désavoué par la communauté internationale, a prêté serment hier à Abidjan. Son rival, Alassane Ouattara, se considérant « président élu », l'a peu après imité par courrier.

Le scénario ubuesque s'est réalisé : la Côte d'Ivoire a depuis hier deux présidents au lieu d'un. Et ce pays de 19 millions d'habitants qui semblait enfin sortir de l'ornière après quinze ans de troubles risque de replonger dans la violence. Entre Laurent Gbagbo, intronisé hier par le Conseil constitutionnel, et Alassane Ouattara, qui a prêté serment lui aussi et bénéficie de la reconnaissance internationale, le bras de fer est engagé et pourrait rallumer la guerre civile.

1 Le coup de force du sortant

La décision du Conseil constitutionnel, qui a annulé vendredi le vote dans neuf départements du Nord en prétextant des « fraudes » dont le détail n'a pas été établi et sans tenir compte de l'avis des observateurs internationaux, était sans recours. Déclaré vainqueur par 51,45 % des voix alors que les premiers résultats donnés jeudi par la Commission électorale indépendante (CEI) le donnaient perdant avec 45,9 %, Laurent Gbagbo n'a pas traîné, "en Afrique, on n'organise pas les élections pour les perdre" comme disait feu Bongo : il s'est fait accorder dès hier midi l'investiture officielle, jurant « de respecter fidèlement la Constitution », et « de protéger les droits et libertés des citoyens ». Un serment pour le moins déplacé alors que sa victoire, acquise au forceps et sans recomptage des bulletins, ce qui eût été le minimum, fait de lui un président autoproclamé.

2 La réaction du « président élu »

207946Alassane Ouattara, déclaré vainqueur jeudi par la CEI par 54,1 % des voix, et qui s'est déclaré « président élu » vendredi nonobstant l'inversion du résultat par le Conseil constitutionnel, a répliqué hier soir. Le candidat du Rassemblement des houphouëtistes a également prêté serment. Il l'a fait par un courrier manuscrit déposé hier matin au siège du Conseil. Dans la foulée, « ADO » a reçu la démission du Premier ministre Guillaume Soro. Il a aussitôt reconduit dans ses fonctions le chef des FN (Forces nouvelles), qui occupait le poste depuis les accords de Ouagadougou en 2007. M. Soro, qui a condamné le coup de force de Laurent Gbagbo, a pris fait et cause hier pour Alassane Ouattara, précisant qu'il rejoignait « le camp de la vérité ».

3 Gbagbo désavoué à l'étranger

obama_sarkozy_merkelDès vendredi, l'ONU, par la voix du secrétaire général Ban Ki-moon, a dénoncé le coup de force et reconnu Ouattara vainqueur. Hier, on a eu confirmation qu'à l'étranger, le désaveu est général. Tour à tour, les États-Unis d'Obama, qui a declaré "Je félicite Alassane Ouattara pour sa victoire à l'élection du 28 novembre. La commission électorale indépendante, des observateurs dignes de foi et accrédités, ainsi que les Nations unies, ont tous confirmé ce résultat et certifié sa fiabilité",la France de Sarkozy, la Grande-Bretagne de Cameron, l'Union européenne (par la voix de Mme Ashton puis celle de José Manuel Barroso) ont décrété Ouattara « légitime vainqueur d'élections démocratiques ». Et Dominique Strauss-Kahn a fait savoir que le FMI ne travaillerait pas avec « un gouvernement non reconnu par l'ONU ».

Plus gênant encore pour Gbagbo, l'Union africaine (UA) a rejeté hier soir « toute tentative visant à créer un fait accompli », prenant ainsi le parti de Ouattara.

Désavoué de tous côtés, le président autoproclamé a dès hier matin dénoncé « les cas graves d'ingérence », et précisé que la souveraineté ivoirienne se décidait à Abidjan

4 La France sort de l'ambiguïté

207943Prudente jusque-là, l'ex-puissance coloniale a lâché Gbagbo. Depuis Delhi, Nicolas Sarkozy a parlé de « la victoire incontestable » de Ouattara. Cela signifie soit le départ du président sortant, soit la rupture entre Paris et Abidjan. Avec 15 000 ressortissants et 900 soldats sur place, la France joue gros. Accusée depuis 2002 de vouloir la perte de Laurent Gbagbo, elle est redevenue la cible des partisans de ce dernier, convaincus que Paris a soutenu « ADO » en sous-main. Une nouvelle flambée nationaliste et antifrançaise n'est donc pas à exclure. Mais cette fois, la position de Gbagbo est très, très fragile…

5 L'Union africaine en mission d'urgence pour sortir la Côte d'Ivoire de l'impasse

sa_Tbabo_Mbeki_ituLa situation préoccupe l'Union africaine. L'organisation a dépêché un émissaire à Abidjan, l'ancien président sud-africain Thabo Mbeki, en vue d’une solution à la crise. Le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine exprime par ailleurs son « rejet total de toute tentative visant à créer un fait accompli pour saper le processus électoral et remettre en cause la volonté populaire ».

La Cedeao annonce pour sa part un sommet extraordinaire le 7 décembre à Abuja.

A noter enfin cette réaction de la première secrétaire du PS français Martine Aubry qui déclare que Laurent Gabgbo se doit de respecter le choix de son peuple et de tout faire pour garantir la paix civile. Une position qui tranche avec les soutien individuel de plusieurs responsables socialistes français au préditen sortant ivoirien.

Conclusion.. Laurent Gbagbo doit admettre sa défaite

photo_1291459577729_5_0Un homme, à présent, porte la responsabilité du sort de la Côte d'Ivoire : le président sortant, Laurent Gbagbo. Il peut continuer de refuser le verdict des urnes, s'enfermer dans une situation de rupture avec la communauté internationale, mais cela ne pourra pas se passer sans violences.

Il peut aussi permettre à un pays divisé de bénéficier de l'effet apaisant d'une élection exemplaire, admettre sa défaite et quitter le pouvoir la tête haute.

La période où les coups de force électoraux s'opéraient dans l'indifférence générale est révolue. L'Afrique est en voie d'intégration accélérée dans les échanges de la planète. Cela crée des responsabilités nouvelles.

L'histoire, si chère au président Gbagbo, oubliera rapidement les arguties juridiques en cours à Abidjan pour tenter de justifier son hold-up électoral. Elle n'oubliera pas, en revanche, celui qui ferait plonger la Côte d'Ivoire dans le chaos.

Dans la capitale ivoirienne, l'atmosphère générale est tendue et l'on signale plusieurs morts et des blessés.

O.M.. Celui qui te fait roi a toujours droit sur ton siège

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Commentaires
D
Pourquoi refuser d'admettre la victoire de Gbagbo proclamée en dernier ressort par conseil constitutionnel loi fondamentale d'un pays?Diantre et ces ennemis de la Cote d'Ivoire sans vergogne affirme pour certifier leur déclamation que le conseil constitutionnel est acquis à Gbagbo et refuse d'admettre que la C E I est acquise au R H D.QUE DIEU bénisse le pays
B
Allo St-Ralph,<br /> Je suis desole pour vous et pour l´homme que vous soutenez, bien entendu M. L. Gbabo. Et bien si cette fameuse constition etait serieuse elle aurait au prealable examine la candidature de M. Ouatara a la presidence du pays. Si elle aurait eu le moindre doute de son illegalite elle l´aurait carrement bloquee. Mais si elle a permis a M. Outara d´etre candidat elle lui avait legitime la possibilite d´etre elu comme president. Alors cessez de nous faire honte de plus. Essuyez vos larmes de crocodile et acceptez votre defaite. Ce que vous faites est simpliment primitif et barbare. L´Afrique a ete plusieurs fois humilie de l´exterieur, c´est a cause de ses fils et filles. Les dictateurs ont un denominateur commun: ils sont malades de pouvoir! Nous les avons vu partout en Afrique se comporter de la meme facon. Vous nous faites honte, nous les noirs qui vivons a l´Etranger. PS. Je ne suis pas ivoirien ainsi je ne plaide pour personnes.
L
Oui vous avez raison de dire que en Cote d'ivoire le système fonctionne comme en France c'est a dire le texte de loi votée par le parlement doit être valide par le 9 membres de conseil constitutionnel car ce conseil prononce sur la conformité à la Constitution des lois et de certains règlements dont il est saisi. Il intervient également dans certaines circonstances de la vie parlementaire et publique. Ici je veux dire que le conseil est oblige de respecter la règle ou les règles et dans le cas de la Cote d'ivoire, le conseil constitutionnel n'a pas
S
Que dit la loi de Côte d'Ivoire concernant la proclamation des résultats des élections ? <br /> <br /> Pour éclairage, retenons ceci : en Côte d'ivoire, les choses fonctionnent comme en France lorsqu'une loi adoptée à l'assemblée nationale doit être avalisée par le Conseil Constitutionnel avant d'être d'être appliquée sur le terrain. C'est au conseil constitutionnel qu'il revient la décision définitive et la proclamation officielle.<br /> <br /> C'est à vous de voir s'il faut faire des lois pour ne pas les respecter ou les respecter. <br /> <br /> Vous pouvez écouter le président du Conseil constitutionnel de Côte d'Ivoire sur le blog de Delugio. Le lien se trouve sur mon blog à gauche dans la rubrique "Regarder ailleurs". La loi est dure, mais c'est la loi.
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