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LOSAKO
23 novembre 2009

Dongo : Kinshasa promet des bosses et des plaies aux «patriotes-résistants»

image_file_6Dans le compte-rendu de la réunion du Conseil des ministres du vendredi 20 novembre présidé par le Premier ministre Adolphe Muzito, le ministre de la Communication et des médias, porte-parole du gouvernement, Lambert Mende Omalanga, a annoncé l’envoi des renforts des éléments de la police à Dongo. Mission : «mettre les criminels définitivement hors d’état de nuire.» Va-t-on assister à un nouveau bain de sang à l’image des opérations dites de «rétablissement de l’autorité de l’Etat» menées en janvier 2007 et février 2008, dans la province du Bas-Congo, à l’encontre des adeptes du Bundu dia Kongo ayant laissé sur le carreau un total de 300 morts? La rédaction de Congoindependant a pu, dimanche 22 novembre, joindre au téléphone, le porte-parole des «patriotes-résistants» de Dongo. Idéologiquement structuré, parlant un français parfait, Ambroise Lobala Mokobe, accuse les policiers venus «libérer» Dongo d’avoir tiré sur tout ce qui bouge en lieu et place du dialogue préconisé par certaines autorités civiles et policières. Selon lui, cette attaque a engendré un mouvement spontané de «légitime défense». Un mouvement spontané qui pourrait «se structurer» en une véritable organisation. Ambiance.

Le conflit intercommunautaire né entre les Enyele et Monzaya va-t-il donner naissance, comme une mauvaise blague, à une nouvelle opposition armée? C’est la question que les observateurs se posaient tout au long du week-end compte tenu des nouvelles alarmantes en provenance de la localité de Dongo. Le gouvernement a pris la résolution d’utiliser l’«artillerie lourde» pour «rétablir l’autorité de l’Etat». Cette fois, le risque est grand, que les décideurs de la capitale et autres «va-t’en-guerre» de la kabilie se trompent dans leur analyse.

image_file_2664«Consolider l’ordre et la paix»

Dans le compte rendu de la réunion du Conseil des ministres du vendredi 20 novembre, le porte-parole du gouvernement, l’inénarrable Lambert Mende, a déclaré notamment : «En Province de l’Equateur, le secteur de Dongo en territoire de Kungu, perturbé par une action de nettoyage ethnique est sous le contrôle de la PNC {Police nationale congolaise} mais la bande criminelle responsable des atrocités continue à s’agiter tout autour.» Et d’ajouter : «Des mesures conséquentes ont été approuvées par le gouvernement pour ramener et consolider l’ordre et la paix dans cette partie du territoire national.» Selon Mende, «il a été décidé de renforcer les équipes d’intervention de la Police qui ont libéré Dongo afin de mettre les criminels définitivement hors d’état de nuire.» Le duo Kabila-Muzito balaient ainsi d’un revers de la main le dialogue conseillé par plusieurs autorités civiles et policières.

Dans des milieux congolais de Bruxelles, les conversations tournaient, tout au long du week-end, sur un communiqué, daté 19 novembre, signé Ambroise Lobala Mokobe, «porte-parole des patriotes-résistants» de Dongo. «Les combats ont repris à Dongo», peut-on lire en liminaire. «Les forces d’occupation sont en déroute et une importante quantité d’armes a été saisie par l’armée des patriotes-résistants. (…) vu que la force semble être le moyen choisi par le pouvoir, nos forces ont quitté leurs positions et ont mis le cap sur la mission de Bokonzi qui est à notre portée. Après Bokonzi, nous allons conquérir la mission catholique de Bwamanda. Et, enfin, nous allons nous emparer de la ville de Gemena, avant de voir ailleurs», souligne le texte.

Plus loin, le communiqué note que les patriotes-résistants se refusent de faire le bilan des affrontements mais «assurent néanmoins l’opinion nationale et internationale que comme à l’accoutumée, les éléments des FARDC – et non des policiers – rencontrés sur notre chemin n’ont pas su résister à nos assauts. C’est ainsi que nous avons mis la main sur un lot important d’armes et de munitions, lesquelles vont nous permettre de conquérir la ville de Gemena dans les tous prochains jours, avant d’envisager d’aller plus loin.»

«Légitime défense»

dongo_refugi_sCe dimanche 22 novembre, la rédaction de Congoindependant a joint au téléphone Ambroise Lobala Mokobe. Dans un français parfait, l’homme se présente comme un ancien fonctionnaire. «Je ne vous dirai pas plus pour l’instant», dit-il. Il donne la même version sur l’élément déclencheur du conflit. En revanche, il reproche aux policiers venus «libérer» Dongo d’avoir usé de «violences» en lieu et place du dialogue «en tirant sur tout ce qui bouge». Selon Lobala, ces «brutalités policières» ont fait naître un «mouvement spontané de légitime défense» dans les rangs notamment des combattants démobilisés de cette contrée. «Nous avons pris les armes pour défendre nos parents». Quelle est la situation actuellement sur le terrain? «Nous avons quitté Dongo pour permettre à la population de recevoir de l’aide, dit-il. Il faut bien reconnaître que les gens n’ont plus confiance aux autorités. Nous nous sommes déployés vers plusieurs axes notamment vers la mission catholique de Bokonzi. Nous progressons en direction de Makengo.»

Quel est l’objectif final ? «Il me paraît prématuré de répondre à cette question», répond "Ambroise" qui insiste cependant le caractère «spontané» du mouvement. «Nous avons appris que quatre bataillons des soldats rwandais sont arrivés à Gemena. Pour nous, il n’y a pas de différence entre les combattants du CNDP et les soldats rwandais. Il est clair que les autorités de Kinshasa ont décidé de nous écraser.» Le porte-parole des «patriotes-résistants» de Dongo de souffler le chaud et le froid : «La Constitution de la RDC nous donne le droit de nous défendre face à un pouvoir inique.. Nous lançons un appel à nos frères des FARDC afin qu’ils refusent d’obéir à des ordres manifestement illégaux. Nous ne sommes pas contre eux. Nous n’avons pas voulu cette situation. Les policiers déployés à Dongo devaient réconcilier les communautés locales en conflit et non recourir à la force brutale. Les éléments envoyés à Dongo sont entrain de tomber comme des mouches. Il appartient aux autorités de Kinshasa d’arrêter ce gâchis inutile. A défaut, nous irons jusqu’au bout.» C’est à dire? Lobala de rétorquer: "C’est trop tôt pour vous répondre".

rdc_2«Une petite rébellion à mâter»

La localité de Dongo, située à 230 kilomètres de Gemena, est passée sous contrôle des jeunes gens armés du clan Enyele le jeudi 29 octobre après des affrontements avec des policiers venus rétablir l’ordre. Tout a commencé par un «conflit intercommunautaire» entre les Enyele et le Monzaya. Objet de la contestation : la gestion des étangs piscicoles du cru. Interrogé le vendredi 30 par la radio Okapi, Guy Inenge, ministre provincial de l’Intérieur, a imputé la responsabilité de ces événements aux Enyele. Ceux-ci, ajoute-t-il, s’opposent également aux non-originaires de cette localité, parmi lesquels des personnalités qui occupent des fonctions dans l’administration locale. Inenge n’a pas hésité de qualifier cette jacquerie de «petite rébellion en gestation qu’il faut vite mater». Selon lui, «ce mouvement de rébellion », bénéficierait du soutien de «certains dignitaires de la République». Qui ? Inenge ne cite aucun nom. Outrances verbales ? Ce ministre provincial est réputé, dit-on, pour son côté fantasque.

Un premier contingent de la police d’intervention rapide a été déployé jeudi 29 octobre à Dongo. Plusieurs démobilisés non-autrement identifiés résident dans cette localité. Combattants aguerris, ils ont affronté, armes à la main, les forces de l’ordre. Bilan officiel : 11 morts dont 7 policiers. D’autres sources font état d’une cinquantaine de policiers tuée. D’où provenaient les armes utilisées par les membres de la tribu Enyele? Une autorité locale du district du Sud Ubangi jointe au téléphone par la rédaction de Congoindependant a eu ces mots : «La localité de Dongo est une sorte de carrefour. Plusieurs armées étrangères ont transité dans cette région durant la deuxième guerre de 1998 à 2003. C’est le cas des armées tchadienne et zimbabwéenne. C’est au aussi le cas des troupes du MLC (Mouvement de libération du Congo) de Jean-Pierre Bemba.» Selon cette source, plusieurs armes de guerre ont été «abandonnées» dans «la brousse». Qui est à la tête des Enyele ? Interrogé par radio Okapi, le ministre Mende a cité un certain Edo Bokoto, ancien chef de secteur suspendu par décision des autorités. Il a cité également un certain Adjani qui jouerait le rôle de «conseiller spirituel» de cette révolte paysanne.

Interrogé par la radio Okapi, le commissaire de district assistant du Sud Ubangi, Willy Isekusu a déclaré que les assaillants qui ont pris le contrôle de Dongo poursuivent trois objectifs. A savoir : déstabiliser le pouvoir de Kinshasa ; manifester leur hostilité à l’égard des Boba - natifs de Bomboma, qui exercent des activités commerciales à Dongo – et contester la présence des personnalités non originaires de Dongo qui occupent des fonctions dans l’administration publique locale.

Sur un ton empreint de fermeté, Ambroise Lobala Mokobe a conclu l’entretien téléphonique en ces termes : «Nos patriotes-résistants ne donneront pas aux autorités de Kinshasa l’occasion de rééditer à Dongo les atrocités commises par des policiers dans la province du Bas-Congo à l’encontre des adeptes de Bundu dia Kongo». Lobala n’a pas exclu que les «patriotes-résistants» donnent à leur mouvement une «existence structurelle».

B.A.W

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