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LOSAKO
3 novembre 2009

Diamants de la guerre: Kimberley bat de l’aile

diamondsLes participants du Processus de Kimberley, entament, ce lundi, leur conférence annuelle. A leur agenda : une accumulation de défis.

Les responsables des Etats membres du Processus de Kimberley instauré en 2003 pour empêcher que les diamants ne financent des guerres civiles se retrouvent, ce lundi, pour leur conférence annuelle. Pendant trois jours, ils vont plancher sur les mesures à prendre pour conjurer les menaces qui pèsent sur le dispositif.

L’une des plus graves provient de Côte d’Ivoire. L’embargo imposé en 2005 par l’Onu sur les exportations de diamants par les rebelles des Forces nouvelles est ouvertement défié. Des images satellites prises par la mission de l’Onu en Côte d’Ivoire témoignent d’une activité importante dans les zones productrices de Séguéla et Tortiya, aux mains des rebelles. Les tôles rutilantes du village de Diabarana trahissent une richesse aussi soudaine que suspecte. Les habitants ont même acquis du matériel pour exploiter la kimberlite située au centre de la localité, a appris le président du Processus de Kimberley, le vice-ministre namibien du Commerce, Bernard Esau.

Selon ces sources, le vendeur des tôles serait un Libanais du Hezbollah, membre d’une filière menant de la région d’Odienné, où elle s’appuie sur la présence de la communauté chiite libanaise, jusqu’à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, l’une des plaques tournantes du trafic. Presque une tradition pour le parti chiite. Selon un membre d’un groupe d’experts de l’Onu qui a enquêté sur le financement de la guérilla angolaise Unita, c’est d’ailleurs un homme d’affaires chiite libanais, Imad Bakri, proche du Hezbollah, qui se livrait, il y a quelques années, également à partir d’Ouagadougou, au troc de diamants contre des armes pour les combattants du défunt Jonas Savimbi. Le Hezbollah reste d’ailleurs actif dans la région. Le Département d’Etat américain a découvert, cette année, une filière de blanchiment de diamants entre la Guinée et le Liban.

Mais ce qui inquiète le plus un diamantaire anversois généralement bien informé, c’est que l’on retrouve côte à côte, sur la scène africaine, les ennemis du Proche-Orient. Car, avons-nous entendu, à Anvers et à Ouagadougou, un autre destinataire des gemmes des Forces nouvelles serait un homme d’affaires israélien qui se rend fréquemment dans la capitale burkinabé et qui, en contrepartie, fournirait des armes aux rebelles ivoiriens. Là encore, il y a des antécédents. Le 19 septembre 1999, le quotidien de Tel Aviv "Yediot Aharonot" révélait qu’un colonel de Tsahal, Yair Klein, et deux de ses compatriotes, dont Dan Gertler, diamantaire très bien introduit aujourd’hui à Kinshasa, avaient mis sur pied une filière d’échange d’armes et de services sécuritaires contre des diamants au Liberia et au Sierra Leone.

arton252Or, dans ce dernier pays, fierté du processus de Kimberley - qui a permis, en traquant les gemmes illicites, de faire rentrer dans le circuit légal, depuis la fin de la guerre, la plus grosse partie de la production - la situation devient critique. Les contrôles y sont trop laxistes, affirme l’ONG Partnership Africa Canada (PAC), subventionnée par le gouvernement d’Ottawa. Dans un rapport, elle cite le Gold and Diamond Office gouvernemental, selon qui des diamants de contrebande zimbabwéens seraient réexportés à partir du Sierra Leone.

On retrouve du reste des filières libanaise et israélienne à Manica au Mozambique où elles s’approvisionnent en diamants de contrebande provenant de la mine de Marange, où l’armée zimbabwéenne a massacré entre 100 et 200 creuseurs clandestins en octobre 2008. Amenant PAC et l’ONG Global Witness, subventionnée par le gouvernement britannique à parler de " diamants du sang " et à plaider pour l’exclusion du Zimbabwe du Processus de Kimberley.

Mais l’emploi de ce qualificatif infamant suscite un âpre débat, car les adversaires considèrent que la définition est inappropriée puisque ces pierres n’ont pas servi à financer de mouvement rebelle. Parmi les réticents, on trouve le président en exercice du Processus de Kimberley, le Namibien Bernard Esau, fidèle à la politique de " quiet diplomacy" de son gouvernement, qui est hostile aux sanctions envers Harare.

En coulisses, certains diamantaires se demandent si l’on n’est pas en train d’ouvrir une nouvelle boîte de Pandore. En effet, si l’on considère qu’il y a des " diamants du sang" chaque fois qu’il y a affrontement entre les forces de l’ordre ou les services de sécurité d’une société minière et des clandestins, souvent armés eux aussi (scénarios guère exceptionnels en Angola ou au Congo-Kinshasa), des portions importantes de la production mondiale pourraient être " excommuniées" . Aussi, pour Eddy Vleeschdrager, diamantaire respecté de la place d’Anvers, il faut raison garder : "Tant qu’il y aura des hommes, il y aura toujours des troubles quelque part dans le monde. Mais hormis les cas de guerres fratricides entre différents clans, encouragées et financées par les diamants, on ne peut pas parler de diamants du sang. Que des ouvriers soient malmenés dans une mine, cela se passe, hélas, un peu partout. Naturellement, le cas du Zimbabwe est un peu exceptionnel. On a affaire à une dictature, qui profite des produits du pays pour enrichir uniquement une petite classe de dirigeants, exactement comme en Birmanie." Du reste, l’or, le coltan et les rubis servent aussi à financer les conflits.

Et le mal ne serait pas totalement éradiqué au Congo-Kinshasa, l’un des principaux producteurs mondiaux. Selon PAC, les rebelles hutus des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda extorquent des diamants aux creuseurs clandestins de la zone de Kilau au Nord-Kivu. Des soupçons pèsent également sur les activités d’un homme d’affaires italien, dénommé Vittorio Dordi, créateur d’une compagnie minière active dans la prospection de diamants, relatait l’hebdomadaire romain "Espresso" du 28 août dernier. Le Groupe d’information et de recherche pour la paix (GRIP) précise, de son côté, que Vittorio Dordi est actuellement assigné à résidence par un juge de Pérouse, dans le cadre d’une enquête sur un trafic de 500 000 fusils d’assaut chinois T-56 commandés par des officiers libyens peu scrupuleux, dont les véritables destinataires seraient le Soudan, le Tchad et l’Irak. La Libre

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