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LOSAKO
6 octobre 2009

RDC : Kivu, toujours une poudrière

29482614_pPoursuite de la traque des FDLR, évolution en dents de scie du processus de réintégration des groupes armés, détournement de la solde des militaires au front, retour massif des réfugiés congolais, autant des faits qui doivent être gérés avec habileté pour préserver les premiers acquis d’un retour de la paix au Kivu. Mal gérés, ces faits constituent en eux-mêmes des bombes à retardement. Des véritables cocktails molotov susceptibles d’exploser à n’importe quel moment et retarder le retour véritable de la paix au Kivu.

Pas plus tard que la semaine passée, Bâ Ki-moon, secrétaire général de l’ONU, exprimait encore des inquiétudes sur la situation au Kivu. S’il a noté en passant les progrès réalisés jusqu’ici, il n’exclut pas des dérapages significatifs si jamais l’autorité de l’Etat ne s’imposait pas sur toute l’étendue du pays.

Comme pour lui donner raison, il vient d’être souligné que plus ou moins 20 localités échappent au contrôle des autorités provinciales et centrales. Il s’agit des territoires autrefois sous contrôle du mouvement armé de Nkunda, le CNDP. Les hommes placés par le CNDP sont toujours en place. L’existence de deux administrations parallèles suscite de nombreuses inquiétudes. Les faits sont perceptibles à Bunagana, Rutshuru, Nyanzale. Mais aussi dans le territoire de Masisi dans les localités de Ngungu, Kanumba, Bihambwe, Mushaki, Kitchanga et Kirolirwe. Administration parallèle également dans les chefferies de Karuba, Kilulu, Rubaya ; Masisi Centre, Kibali et Murambi. Ces entités territoriales sont toujours sous administration CNDP.

Interrogé à ce sujet, le gouverneur de la province du Nord-Kivu avait reconnu les faits, tout en les minimisant. Pour lui, le processus étant engagé, il y a lieu de prendre son mal en patience, les choses devant aller progressivement, car tout ne peut se régler en un seul jour comme sur un coup de baguette magique.

Mais la précision de Institut Pole, basé à Goma et qui continue à multiplier des réflexions qui soulèvent également autant d’inquiétudes dans la région des Grands Lacs, est significative : « Le CNDP possède des richesses concrètes grâce à la perception des taxes ». C’est dire, en d’autres termes, que le CNDP conserve sa capacité de nuisance et que la réintégration n’est pas totale. Que fait-il de ces richesses concrètes ? Pourquoi toutes ces ressources financières ne sont pas versées dans la caisse de l’autorité provinciale ou dans le compte du Trésor public ? Interrogations pertinentes quand on sait qu’on ne connaît pas grand-hose de la « puissance de feu » du CNDP. Les armes ont-elles été récupérées par l’Etat-major général des FARDC ? Encore une autre question pertinente. La réponse est très attendue.

1093629_1391217CONFLITS FONCIERS

A en croire certains analystes, la gestion foncière pourrait en être le détonateur. En effet, nul n’ignore que la propriété foncière a toujours été l’un des points chauds, sensibles au Kivu. Or, depuis plus d’une décennie, les guerres qui ont secoué la RDC en général et le Kivu en particulier ont provoqué des déplacements fréquents et massifs des populations.

Pour survivre, échapper à la mort, à des atrocités, l’on a assisté à des mouvements incessants de déplacements des populations. Il s’en est donc suivi des « occupations » selon le déroulement des combats. Il y a eu pour ainsi dire de « nouveaux propriétaires fonciers» dont certains ont acquis des concessions étendues après spoliation par des administratifs véreux ou des « seigneurs de guerre » sans foi ni loi.

Au moment où les réfugiés congolais commencent à rentrer dans leur pays, ils doivent par conséquent regagner leur milieu d’origine. Selon le dernier recensement, il y aurait plus ou moins 150.000 réfugiés congolais qui doivent provenir de la Tanzanie, du Burundi, du Rwanda et de l’Ouganda, pays frontaliers avec le Kivu. Près de la moitié, c’est-à-dire 65.563 réfugiés ont été enregistrés par le HCR et regagné le Congo.

photo_1232649213323_2_0Il se pose de plus en plus ce problème d’occupation de terre et de récupération du patrimoine sensé appartenir à un tiers. Car, de par les effets de la guerre, disions-nous, il y a eu bien sûr de « nouveaux occupants » qui ont profité du vide laissé par ceux qui ont fui la guerre, afin de s’installer « définitivement » face à ce « dépeuplement ». Devront-ils aujourd’hui, quitter les lieux ou apprendre à cohabiter avec les anciens propriétaires ? C’est ce genre de conflits fonciers que les autorités judiciaires, administratives, coutumières et politiques devront trancher dans les jours qui viennent.

Quand on connaît l’animosité qui entoure ce genre de problèmes, la hargne avec laquelle on revendique la propriété foncière, l’on craint fort que l’on s’enfonce dans un autre nouveau cycle de violence au Kivu. Aussi, les observateurs pensent que le retour des réfugiés congolais devrait bénéficier du précieux concours des autorités coutumières, administratives et politiques. Elles sont capables d’éviter le pire pour diriger ces réfugiés vers leur milieu d’origine sans attirer des ennuis fonciers. Car, pour ceux qui ont quitté le Congo voilà plus de deux décennies, voire plus, ou qui sont nés en exil ou vécu à l’étranger, la communauté locale aiderait les autorités à contrôler le reclassement social.

A l’approche des élections locales, municipales, le retour de réfugiés congolais dans leur pays ne doit pas servir la cause « politicienne ». Le danger est réel. Le Kivu n’est pas encore sorti totalement de l’auberge. Le Potentiel

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