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LOSAKO
25 février 2009

L’illusion de la paix

8587e9c1Les choses semblent se normaliser en RD Congo et si on n’est toujours pas en mesure de parler de calme plat, force est de reconnaître que comparativement à un passé récent, on peut à juste titre se réjouir de l’accalmie qui prévaut ces temps-ci. Car le pays a connu des jours autrement plus tourmentés.

Cette situation de relative paix, si on n’y prend garde, peut cependant se révéler trompeuse, car si de nomreuses difficultés se sont estompées, cela ne sgnifie pas qu’elles ont toutes disparu. Bien au contraire, certaines d’entre elles demeurent, vivaces, larvées et resteront toujours en l’état tant qu’on ne leur aura pas trouvé de solution définitive. L’entrée des troupes rwandaises dans la province congolaise du Nord-Kivu, le 20 janvier dernier, à l’invitation du président congolais Joseph Kabila, dans le but de poursuivre les rebelles des FDLR, avait surpris plus d’un. Mais elle avait aussi le don de consacrer l’heureux rapprochement de deux ennemis jurés qui, jusque-là, se regardaient en chiens de faïence.

Selon le porte-parole de l’armée rwandaise, les soldats de Kigali ont atteint leurs objectifs. Mais force est de reconnaître que les rebelles des FDLR n’ont pas été complètement annihilés. Car s’il est vrai que les militaires envoyés par Paul Kagamé pour aider l’armée congolaise ont permis de récupérer leurs quartiers généraux, une majorité des membres des rebelles rwandais reste encore au Congo. Et cela représente un motif sérieux d’inquiétude. La date du retrait des troupes de Kigali présentes en RDC constitue un autre problème.

CPS_TKE43_210209170529_photo00_photo_default_333x512Les deux capitales ne semblent pas s’accorder sur le même chronogramme. Il faudra sans doute attendre la cérémonie du 25 février devant marquer un retrait prévu pour la fin du mois, pour en savoir un peu plus. Mais déjà, on s’interroge sur ce qui peut arriver si d’aventure les troupes rwandaises traînaient les pieds ou simplement décidaient de ne pas quitter le si riche territoire d’un "ami" au secours duquel elles ont volé avec tant de zèle et d’empressement. Les richesses du Congo étant toujours à profusion, les Rwandais sauront-ils résister à la tentation de se payer en or et en diamant ?

Et c’est peut-être ce qu’avait anticipé entre autres choses, le président de l’Assemblée nationale congolais, Vital Kamerhe. Ce qui lui vaut d’ailleurs aujourd’hui d’être poussé à la démission, par nombre de ses détracteurs. Ses déclarations légalistes n’ont visiblement pas plu. Plus, ses propos, auxquels s’ajoute la mise en circulation d’une pétition visant la convocation d’une session extraordinaire pour en savoir un peu plus sur le quitus présidentiel ayant autorisé l’arrivée des Rwandais en territoire congolais, peuvent faire que la foudre lui tombe sur la tête. Il est désormais l’homme à abattre et on lui reproche tout et le reste.

36125288_pSon ambition est jugée "démesurée" et il chercherait à "humilier le chef de l’Etat". L’homme est désormais dans le collimateur des faucons du clan présidentiel. Et cela représente aussi un autre problème de taille pour le Congo. Car, à supposer que les caciques du parti présidentiel parviennent à avoir la tête de Kamerhe, ils devraient sans doute en tirer les conséquences. A deux ans des prochaines élections, un tel bouleversement politique ne serait pas dénué de risques sérieux pour la stabilité des partis politiques, des institutions et même du bon déroulement d’une démocratie qui, déjà, peine à voir le jour.

Mais plus immédiats et sans doute plus brûlants sont les problèmes que suscitent les "cas" Laurent Nkunda et Bosco Ntaganda, tous les deux recherchés par la CPI, mais auxquels le président Kabila ne semble pas vouloir réserver le même traitement. Concernant le chef historique de la rébellion congolaise, Laurent Nkunda, qui, depuis 2004, défiait le pouvoir de Kinshasa, le président Joseph Kabila affirme avec force que l’homme arrêté le 22 janvier 2009, sera extradé. Et d’ajouter : "C’est un processus. On y travaille". Mais extradé où ? A Kinshasa ou à la Haye ?

Il faut sauver le soldat "Bosco"

Au cas où Kabila déciderait de livrer son ennemi à la CPI, on se demande ce que penserait Kagamé qui a toujours été le mentor de l’ennemi du président congolais. Quant à Bosco Ntaganda, lui, bénéficie assurément du soutien absolu de son nouvel ami présidentiel. Chef d’Etat-major du CNDP passé dans le camp de Kinshasa, il est lui aussi sous le coup d’un mandat d’arrêt de la CPI pour avoir enrôlé des enfants en 2002-2003 en Ituri, district voisin du Nord Kivu. Mais Kabila garde sans doute en mémoire que c’est le ralliement du numéro deux du CNDP qui a permis l’arrestation de la bête noire qui hantait le sommeil de plus d’un à Kinshasa. Devoir de reconnaissance oblige, il décide que l’arrestation de Bosco Ntaganda n’est pas à l’ordre du jour. Le chef de l’Etat choisit de ne pas y songer car "le choix est clair. La paix et la sécurité du Nord Kivu passent avant toutes choses".

610x3Reste à savoir si le juge Luis Moreno-Ocampo et ses hommes l’entendent de cette oreille. On peut déjà présumer que non. On voit alors se profiler des embrouilles à l’horizon. Et au regard des difficultés réelles et des ramifications qu’elles ne manquent pas de créer, on se rend compte que la paix en RDC est plus apparente que réelle. La vraie, la définitive est à venir, et elle passe obligatoirement par une bonne et sereine résolution de toutes ces difficultés bien présentes et toutes aussi délicates à manier les unes que les autres.

Pour ardue que se révèle la tâche, refuser de l’accomplir risque d’exposer le pays tout entier aux dangers de la désagrégation. Car cette relative accalmie dans la région peut s’apparenter à un mirage trompeur. Pire, elle peut s’avérer être le calme plat, trop plat, annonciateur d’une dangereuse tempête. Plus que jamais, la RDC a besoin qu’on lui porte secours.

Elle recèle en ce moment tant de facteurs qui, utilisés avec soin, conduisent à cette paix dont on rêve depuis si longtemps au pays de Kabila. Mais ces mêmes éléments, manipulés sans le tact et la sérénité nécessaires, constituent des ingrédients dangereux dont le mauvais mélange peut conduire à un nouvel embrasement durable du pays et au-delà, de toute la région. O.M/Le Pays

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