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LOSAKO
24 décembre 2008

Budget 2009 : tout est à refaire

image_file_1781La RDC est déjà frappée par la crise financière internationale. Les effets de cette crise sont bien visibles, surtout au Katanga où les fermetures des usines et unités de traitement des minerais se succèdent. Mais, c’est du FMI, dont les experts du département Afrique ont mené, du 10 au 20 décembre 2008, une mission d’évaluation à Kinshasa qu’est venue la note alarmante. La situation économique, financière et monétaire de la RDC ne sera pas des plus aisées en 2009. Les prévisions sont pessimistes. Du coup, le gouvernement doit revoir ses calculs pour l’exercice budgétaire 2009.

Le gouvernement peut bien se féliciter du « calme relatif sur toute l’étendue du territoire national » ou d’un « calme précaire dans la province du Nord-Kivu ». Mais les nouvelles émanant du front économique présagent d’un drame qui risque de s’abattre sur la République démocratique du Congo.

En effet, c’est vers l’économie qu’émergent des germes de fissures susceptibles de compromettre les efforts entrepris ici et là pour ramener l’équilibre sur les grands agrégats macro-économiques. Actualité oblige, c’est vers le projet de budget 2009, en examen au Parlement, que se tournent les regards suite aux pressions de la crise financière internationale.

Sonnette d’alarme

C’est du Fonds monétaire international qu’a transpiré l’information. 2009 ne sera pas de tout repos pour le gouvernement. « Ces derniers temps, l’économie de la RDC a été ébranlée par deux grands chocs : la crise financière internationale et l’aggravation du conflit dans les provinces orientales », note le FMI, dans le communiqué de presse qui a sanctionné la mission d’évaluation menée à Kinshasa du 10 au 20 décembre 2008 par ses experts du département Afrique. Le FMI continue en soulignant que « la baisse des prix à l’exportation des principaux produits de base (notamment le cuivre et le cobalt) a eu des conséquences néfastes sur l’activité économique et l’emploi, en particulier dans le secteur minier. La diminution des recettes et l’augmentation des dépenses de sécurité ont entraîné une dégradation de la situation des finances publiques, une baisse des réserves internationales et des dépenses sur le taux de change ».

« Il est probable que la situation économique sera encore plus difficile en 2009 », révèlent, enfin, les experts du FMI. Il va sans dire que des ajustements budgétaires seront nécessaires pour contenir les effets néfastes de la crise financière. Sur ce point, le FMI indique : « La baisse des exportations minières et ses retombées indirectes vont considérablement freiner l’activité économique, faire monter le chômage et fragiliser la balance des paiements », si bien qu’en 2009, poursuit le FMI, « les pouvoirs publics devront faire face à cette conjoncture difficile tout en maintenant la stabilité macro-économique. Sur le plan budgétaire, dans le contexte d’une forte diminution projetée des recettes, il incombera au gouvernement d’améliorer la composition des dépenses publiques et de cibler les activités à forte intensité de main-d’œuvre ».

Ces prédictions sont des experts du FMI. Elles reflètent donc les zones sinueuses par lesquelles passera l’économie congolaise dans les jours et mois à venir. Pour tout dire, l’avenir est sombre. Les grands signaux économiques, présentés par Brian Ames, chef de division au département Afrique du FMI, à la tête de la délégation qui a séjourné dernièrement à Kinshasa, témoignent de l’étendue et de la gravité du problème.

dollarsLe FMI revoie ses prévisions

En termes de recettes attendues pour 2009, le gouvernement a misé sur des recettes courantes (fiscalité et parafiscalité) de l’ordre de 1.600,9 milliards de Francs congolais. En septembre déjà, lors de son passage à Kinshasa, le FMI avait tablé sur des prévisions de recettes de l’ordre de 1.543 milliards de Francs congolais. En décembre, compte tenu de la crise, il a été contraint de les ramener à 1370 milliards de Francs congolais, soit une perte des recettes de 173 milliards de Francs congolais.

En ce qui concerne les prévisions de croissance, le projet de budget 2009 table sur un taux de 9% alors que le FMI prédit, sous certaines conditions, un taux de 4,4% à la même période. La demande interne, encore très fragile, se trouve également amputée. Au regard du renchérissement des prix intérieurs et de la résurgence de l’inflation, consécutive à la dépréciation du taux de change de la monnaie nationale par rapport au dollar américain, il est fort probable, le pouvoir d’achat de la population s’amenuisant, que la consommation intérieure en ressente le coup.

Mais, les dégâts les plus perceptibles, à défaut des statistiques viables sur la consommation des ménages, sont à compter notamment dans la rubrique des exportations. Sur cette rubrique, le FMI avait prédit, lors de son passage en septembre 2008, des exportations de l’ordre de 6,7 milliards Usd. En décembre 2008, elles seront, selon ses estimations, à 4,4 milliards Usd, soit une chute de 2,2 milliards Usd. Pour les importations, en septembre, le FMI tablait sur un flux annuel de 7,5 milliards Usd. Il a dû les ramener, dans ses prévisions actualisées de décembre 2008, à 5,2%, soit une perte de 2,3 milliards Usd. Les investissements directs étrangers attendus en 2009 ont été également revus à la baisse. Selon le FMI, ses prédictions de septembre dernier les situaient à 2,4 milliards Usd. En décembre, il les a revus à la baisse ; soit 1,8 milliard Usd. Donc, soit une contraction de 0,8 milliard Usd.

Concernant la situation monétaire, elle devrait fortement ressentir les déséquilibres budgétaires et des transactions avec l’extérieur particulièrement en 2009. En maintenant une position budgétaire expansionniste, il y a risque de creusement du déficit public au-delà du plafond de 3,5% prévu en 2009, ce qui pourrait entraîner une accélération du financement monétaire intérieur, et donc des avoirs intérieurs nets.

Le tassement probable ou la diminution des recettes budgétaires conjuguées à un niveau de demande intérieure du secteur public excessif pourrait pousser le gouvernement à recourir au crédit bancaire intérieur, dans un contexte de faibles variations des flux nets des capitaux étrangers et d’absence d’allègement de la dette extérieure attendue de l’initiative d’annulation de la dette en faveur des pays pauvres très endettés.

Il y a donc une accumulation des contre-performances qui, par effet boule de neige, vont entamer l’équilibre de l’ensemble de l’architecture économique, conçue en 2009 autour du projet de budget en cours d’examen à l’Assemblée nationale.

Il faut craindre que la tendance à la baisse se maintienne longuement dans la durée au point d’amener le gouvernement, dans un contexte d’effritement des recettes publiques, de faire appel à la planche à billets de triste mémoire.

Droit vers la récession

La chute des exportations est le reflet d’une difficulté de mobilisation des devises à laquelle l’on devrait s’attendre en 2009. Tout comme la baisse des flux d’importations et le repli des investissements directs étrangers sont les preuves évidentes d’une baisse sensible de l’activité économique en 2009. Ce qui pourrait se traduire, en termes de croissance, par un taux annuel de 4,4%.

Dans ce tableau sombre, et non apocalyptique, l’on devait donc logiquement envisager une profonde révision des prévisions budgétaires pour se rapprocher le plus possible de la réalité.

Qu’on ne s’en méprenne pas. L’économie congolaise est en récession. Des ajustements seront nécessaires en 2009 pour épargner l’économie d’un naufrage suicidaire. A titre d’exemple, en 2009, le FMI prédit un tarissement sans précédent des réserves de change. « Sans assistance extérieure des partenaires extérieurs, sans pas de porte, les réserves de change de la Banque centrale du Congo vont tomber à zéro », a déclaré Brian Ames. Ces réserves se situent aujourd’hui à environ 75 millions Usd.

Ainsi, dans un contexte de baisse des recettes, du repli des investissements directs étrangers, il ne sera pas facile pour la RDC de mobiliser des ressources substantielles en devises. Qu’attendre aussi des partenaires extérieurs lorsque le FMI continue à multiplier les conditions, retardant davantage la conclusion d’un nouvel accord triennal au titre de la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance. L’on est donc parti pour une période de vives tensions.

Cependant, les solutions pour s’en sortir sont bien là. Pourvu que le gouvernement ait le courage de les affronter. En tête de la liste, il y a notamment les réformes structurelles, difficilement d’application depuis 2001, et qui devaient être relancées pour donner à l’économie congolaise une nette visibilité.

Plus concrètement, c’est au niveau du projet de budget 2009 que doit se refléter la volonté du gouvernement de ne pas évoluer à contre-courant de l’histoire. La crise financière est bien là, et il ne sera nullement dans l’intérêt du gouvernement de ne pas revoir sa copie.

En revoyant son projet de budget, compte tenu des impératifs de la crise, le gouvernement aura fait preuve de haute responsabilité politique. Il n’est donc pas trop tard, pour l’Exécutif, de mieux faire.

Il y a nécessité de réfléchir - alors que le projet du budget 2009 se trouve encore au niveau de la commission économique et financière de l’Assemblée nationale - sur la nouvelle politique économique en vue d’intégrer dans les prévisions des recettes et des dépenses les effets inévitables de la crise financière internationale. C’est maintenant que le gouvernement devrait introduire auprès de la Commission ECOFIN de l’Assemblée nationale ses prévisions budgétaires réajustées.

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