La démission d’Antoine Gizenga de ses fonctions de Premier Ministre consacre à la fois son départ volontaire de la tête du gouvernement et sa retraite politique. A 83 ans, le patriarche du Palu a avoué ne plus avoir des ressources physiques suffisantes pour s’assumer en tant qu’homme d’Etat. Frappés de plein fouet par une décision qui les fait découvrir sous leur vraie carapace, à savoir celle de deux partis qui ne peuvent remettre en cause la majorité parlementaire que gère le Chef de l’Etat, le Parti Lumumbiste Unifié (Palu) et l’Union des Démocrates Mobutistes (Udemo) viennent de lancer ce que les observateurs considèrent comme un combat d’arrière-garde.L’on a appris, le week-end dernier, que des députés proches de Gizenga et Nzanga, ainsi que leurs alliés, menaceraient de prendre leurs distances vis-à-vis de l’Alliance de la Majorité Présidentielle si les accords AMP-Palu et AMP-Udemo signés entre les deux tours de la présidentielle, en 2006, n’étaient pas respectés dans leur esprit et lettre.

En d’autres termes, si le Palu perdait définitivement la Primature et l’Udemo sa préséance au sein de la future équipe gouvernementale, la plate-forme présidentielle pourrait connaître des lendemains difficiles, surtout au niveau de l’Assemblée Nationale. Une majorité numérique «intouchable » L’agitation du couple Palu-Udemo est telle que pour évaluer les effets d’une éventuelle fronde parlementaire, certains analystes politiques s’en remettent aux statistiques. Et sur ce plan, l’on note que sur environ 360 députés qu’aligne l’AMP à l’hémicycle de Lingwala, 34 seulement le sont sous le label du Palu et une trentaine sur le ticket Udemo et alliés. Avec environ 65 députés, il est évident que le Palu et les « Forces du Centre » n’ont aucun moyen de remettre en cause la majorité numérique de l’AMP.

Dans tous les cas de figure, avec ou sans l’apport des voix de ce cartel en passe d’entrer dans la dissidence, la famille politique du Chef de l’Etat reste indéboulonnable en terme de poids politique. Cette réalité vaut d’autant qu’hormis ses alliés naturels, l’AMP a toujours réussi à engranger des voix au sein des groupes parlementaires des Indépendants, du MLC, de l’ODR, du CD et autres. Il suffit de revisiter les archives et les résultats des votes à l’Assemblée Nationale pour constater que l’AMP peut se passer du Palu et des Forces du Centre (Udemo et alliés). Pour un gouvernement responsable Aussi, au-delà des querelles de partage ou contrôle du gâteau gouvernemental, des millions de Congolais en appellent à l’avènement d’un Premier ministre capable de conduire un gouvernement responsable. Par là, ils entendent assister à l’émergence d’un patriote à même de réaffirmer l’indépendance de la RDC, présentement placée sous une tutelle internationale qui apparaît tantôt sous le costume de l’Onu, tantôt sous celui de la Facilitation Internationale, par la Monuc interposée.

Le Congo a besoin d’un chef de gouvernement apte à impulser son redécollage économique à travers des projets de mise en valeur de ses potentialités humaines, agricoles, minières, énergétiques et culturelles. Nationalisme, compétence, autorité, charisme, probité morale, intelligence, sagesse, pacifisme, humanisme sont autant de valeurs que l’on aimerait retrouver chez le successeur d’Antoine Gizenga. Ce n’est pas en tenant des propos et en affichant des attitudes qui laissent penser à la privatisation de la Primature par des héritiers politiques ou familiaux du patriarche démissionnaire que l’on parviendrait à remplir les paramètres compatibles avec le choix d’un tel premier ministrable.

Il est triste de constater que la coalition Palu-Udemo et alliés semble se battre beaucoup plus pour sauvegarder les privilèges acquis de ses membres que pour la survie de la patrie et la recherche du bien-être du grand nombre. Ce cartel devrait savoir que nos compatriotes ne veulent pas des Premiers ministres et ministres qui viennent aux affaires juste pour embellir leur curriculum vitae avant de disparaître de la scène, laissant le pays à faire du sur-place ou même à s’engager une marche arrière.

Les espoirs de tout un peuple reposent sur une personnalité qui puissent lui faire oublier les guerres, la misère sociale, la corruption, la justice à la tête du client, le chômage, les maladies et épidémies récurrentes, la famine, l’enclavement des villes e villages, l’insécurité urbaine, etc... Le Phare.