Rentrée politique : pressions sur le gouvernement
Ca bouge déjà dans les salons politiques. Mouvements dus certainement à
la rentrée parlementaire ce samedi et qui marquera en quelque sorte la
rentrée politique. Ainsi, les politiciens ont retrouvé de la voix. Ils
s’adonnent déjà à des apparitions spectaculaires à travers les médias.
Ca s’annonce palpitant. Signes avant-coureurs de ce que sera la
prochaine étape politique au sein des institutions nationales ?
Le silence est rompu. A l’approche de la rentrée parlementaire
programmée pour ce samedi 15 mars, les leaders politiques recommencent
à envahir des espaces médiatiques pour se prononcer sur des questions
politiques.
Entrés en hibernation avec les vacances parlementaires, on n’entendait
plus parler d’eux. Ils sont en train maintenant de retrouver de la voix
et annoncent les couleurs de ce que sera la prochaine rentrée
politique. Pour marquer ce retour, la question Bundu dia Kongo et la
Journée internationale de la femme ont servi de tremplin, permettant à
quelques-uns d’entre eux de se distinguer. L’analyse de ces deux
événements a le mérite de faire découvrir que les réactions portent
encore plus sur des accusations que des propositions concrètes devant
éviter ce genre d’incidents. Des pressions qui s’annoncent sur le
gouvernement.
Ou encore faire prendre conscience aux femmes le rôle combien important
elles doivent jouer en ces instants précis de la renaissance de la
République démocratique du Congo.
Il est un fait que pendant cette période caractérisée par les vacances
parlementaires, les partis politiques s’étaient tus. Comme si tous les
hommes politiques étaient des parlementaires et que leur espace
d’expression est l’Assemblée nationale et le Sénat.
Aucun parti politique ne s’est distingué par une action politique de
grande envergure. Seule l’UDPS a annoncé la tenue de son congrès,
précédé par l’organisation des journées politiques. Mais là aussi, la
cassure est visible, le démon de la division ayant élu domicile. On
citerait également l’AMP qui s’inscrit dans la même logique. Mais pour
des raisons certainement stratégiques, les assises du Congrès projetées
au mois de février ont été remises à plus tard.
Quant aux autres formations politiques, à peine si elles se font
distinguer par des déclarations laconiques -comme si le coeur n’était
plus à l’ouvrage ou faute d’inspiration- sur certaines questions à
caractère national et provincial. Ou tout simplement, il s’agit d’une
déception. On n’a pratiquement pas assisté à une prise de position
remarquable de la part des partis politiques, alors que l’activité
politique n’était pas du tout en veilleuse. Dire qu’aujourd’hui,
l’inquiétude grandit et les partenaires extérieurs ne se privent plus
de tirer la sonnette d’alarme.
Ce silence, il faut qu’on se le dise, a effectivement posé la
problématique des partis politiques en RDC. Ils ont été absents sur le
terrain alors que « vacances parlementaires » ne signifient nullement
cessation des activités politiques. Les partis politiques devraient se
manifester pour entretenir l’éveil politique dans le but de susciter
l’enthousiasme populaire. Voilà qui explique la raison pour laquelle la
« rumeur » a eu droit de cité à Kinshasa pendant un mois tant il est
vrai qu’il y avait un «vide » des activités politiques.
LE GOUVERNEMENT EN LIGNE DE MIRE
Cependant, les premières impressions que l’on peut se faire de ces
premières déclarations politiques, c’est que le gouvernement est déjà
en ligne de mire des leaders politiques. Ce « temps mort » a été plus
des instants de réflexion pour analyser toutes les grandes questions
nationales.
Ainsi, tous les clans politiques confondus relèvent que la première
année d’exercice a été caractérisée par une apathie qui fait craindre
le pire. Les difficultés ne font que s’aggraver, rendant insoutenable
la situation sociale des populations : transport, état des voiries
urbaines, grève du personnel de santé, rétrocession des 40% de recettes
aux provinces, l’affirmation de l’autorité de l’Etat sur toute
l’étendue du pays, l’insécurité, la hausse des prix des denrées de
première nécessité…
Même au sein de la majorité, on chuchote déjà. Des suggestions sont
faites pour explorer les voies et moyens susceptibles de donner une
nouvelle impulsion à l’action du gouvernement. L’accord qui lie les
différents partenaires au sein de l’AMP est relu à la loupe pour des
propositions qui ne provoqueraient pas une crise politique.
Dans l’Opposition, l’on se prépare à faire monter les discussions d’un
cran. Il y a déjà des requêtes en inconstitutionnalité qui ont été
déposées auprès de la Cour suprême de justice sur la loi financière
2008. Des motions d’interpellations seraient déjà élaborées sur les
incidents du Bas-Congo et la hausse des prix des denrées de première
nécessité sans oublier la situation des professeurs et des médecins.
En outre, les observations pertinentes des partenaires extérieurs sont
prises au sérieux. Ils relèvent que l’action du gouvernement devrait
être redynamisée à travers des signaux forts en vue du rétablissement
de l’autorité de l’Etat. Car, les incidents de Lubumbashi et surtout
ceux de Luozi ont suscité « une grande inquiétude », a lâché
dernièrement un diplomate occidental lors d’une matinée médiatique.
A ces considérations politiques et sécuritaires, s’ajoute le « dernier
dérapage » constaté au sein des finances publiques qui a fait que le
gouvernement a été recalé en ce mois de mars. Ce qui a nécessité ce
«débat franc » de cette semaine entre la Banque mondiale et la
République démocratique du Congo.
La rentrée politique s’annonce intéressante. Palpitante. Pas étonnant
que l’on assiste ces prochains jours à des tirs croisés sur le
gouvernement. Le Potentiel