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LOSAKO
28 janvier 2008

Entreprises publiques : attention au pillage

onatra_siegeLa déprédation des ressources du pays ne trouve pas son bouillon de culture seulement dans les contrats léonins miniers, et la passation des marchés publics flous. Elle est multiforme et multisectorielle. Elle va de pair avec le clientélisme politique et la corruption, deux fléaux nutritifs des autocraties et destructeurs des sociétés. La nomination dans les entreprises publiques peut être aussi une autre façon de pillage des ressources du pays. Quand on lit à la loupe la liste des personnes nommées aux termes de l’ordonnance présidentielle du 12 janvier 2008, on constate que le dosage politique est plus fort que l’aspect essentiellement managérial des entreprises.

Partout comme présidents, Adg, Adga, Administrateurs, les politiciens sont plus nombreux que les cadres maison. Parmi eux la plupart sont des députés et des sénateurs qui vont cumuler les prébendes à tirer des entreprises avec leurs émoluments parlementaires, à peine revus à la hausse dans le budget 2008 selon la révélation faite par le Ministre du Budget. Que ce soit dans les entreprises ou au Parlement, c’est toujours aux frais de l’Etat. On prétend qu’il n’y a guère d’argent pour payer les médecins, les enseignants, les magistrats et les fonctionnaires qui se mettent en grève, mais on en trouve à la pelle pour combler les politiciens et récompenser la clientèle de propagandistes de la campagne électorale de 2006.
Chez nous en Rdc, les présidents des conseils d’administration et les administrateurs de société ne touchent pas leurs honoraires en fonction des jetons de présence aux réunions auxquelles ils auraient assisté comme sous d’autres cieux. Ils ont des appointements et des avantages plus considérables que les salaires des cadres et travailleurs réguliers des entreprises comme s’ils y travaillaient en permanence, engagés et liés par un contrat de travail. Dans certaines entreprises, on trouve des Adg et Adga qui ne sont pas de la maison et qui n’auraient pas participé au concours du Copirep. Cela s’appelle la réforme des entreprises publiques en Rdc. De mêmes figures qui n’ont jamais brillé par le passé lointain et récent, réapparaissent. Pour prévenir critiques et objections, on parle de mandats non actifs qui ne sont pas incompatibles avec le mandat parlementaire. Cette explication, loin d’être apaisante, est aggravante dans la mesure où elle confirme que les parlementaires nommés à ces postes non actifs, vont cumuler leurs émoluments d’élus avec les prébendes tirées des entreprises publiques. Les représentants du peuple, qui se disent démocratiquement élus et devraient être sensibles à la misère et aux souffrances de la population, ne s’embarrassent pas de scrupules pour réajuster leurs émoluments et se faire nommer dans les entreprises publiques.

Récompenser le militantisme
Le pays est systématiquement saigné à blanc, ses ressources et fonds du Trésor devenus des biens sans maître. Ceux qui devraient préserver son patrimoine entrent aussi en danse et cherchent par tous les moyens à faire leur beurre, se ruant sur ce patrimoine comme une ruée de sauterelles. Leur devise est « l’abondance de biens ne nuit pas » même si le plus grand nombre de leurs électeurs crève de faim. Le concours n’aurait été qu’une opération de charme pour jeter de la poudre aux yeux de ceux qui ne plaisent à écouter le chant des sirènes. La conscience du bien public n’est pas le fort des pionniers de la IIIè République, qui trouvent ce concept étrange, impraticable, inconciliable avec leur conception de l’exercice du pouvoir et de la gestion du patrimoine de l’Etat. Que l’organisation du concours n’ait été qu’une opération de charme, cela ne serait pas une vue de l’esprit. Que le dosage politique ait été fort, cela ne serait pas excessif non plus. Pour s’en rendre compte avec exactitude, il suffit de comparer les noms figurant sur l’ordonnance collective de nomination du 12 janvier, avec ceux qui avaient été retenus et affichés par le Copirep (Comité de pilotage de la réforme des entreprises du Portefeuille), pour le test.
Sur 291 (deux cent quatre-vint-onze) membres des conseils d’administration et des comités de gestion des entreprises du Portefeuille de l’Etat nommés le 12 janvier 2008, 85 (quatre-vingt-cinq) seulement sont issus de la participation aux tests organisés par le Copirep, tandis que 206 (deux cent six) qui constituent la majorité des mandataires nommés, particulièrement les présidents des conseils d’administration, les administrateurs délégués généraux et les administrateurs qui ont été désignés arbitrairement parmi les politiciens et les personnes pistonnées par des leaders politiques et des partis politiques qui tenaient à les récompenser de leurs efforts contributifs au triomphe électoral de l’Alliance pour la majorité présidentielle (AMP). La comparaison entre l’ordonnance et la liste initiale des candidats retenus pour subir les épreuves du Copirep, montre étonnement à quel genre de réforme des entreprises publiques entendait-on procéder. Une autre façon de pillage des deniers publics. Mais les ayants droits à qui on était redevable du militantisme triomphant étaient si nombreux que, malgré toutes les combinaisons alchimico-politiques, on n’est pas parvenu à satisfaire tous les opportunistes.
Les premières réactions d’indignation et de désapprobation ont tôt surgi des rangs mêmes de l’AMP. On a vu ce week-end, sur les chaînes de TV locales, des éléments d’habitude considérés comme des kabilistes inconditionnels et de chauds partisans du PPRD, critiquer durement ces nominations et les qualifier de fantaisistes. Selon eux, on se serait basé sur les critères purement subjectifs et anodins, alors qu’il y a des compétences consommées au sein du PPRD, et auxquelles on aurait dû faire appel. Ils n’étaient pas loin de s’écrier qu’on aurait extorqué sa signature au Président de la République ; Question : Que serait-il arrivé si les noms des contestataires avaient figuré sur l’ordonnance comme Pca, Adg, Administrateurs. La réponse ne fait point de doute : ils n’auraient pas réagi négativement. Ainsi va le Congo où les cadres ne refléchissent et n’élèvent la voix qu’en fonction des exigences de leurs tubes digestifs. Dans le cas sous examen, la frustration exprimée l’est uniquement parce que les gens s’estiment privés de l’occasion de participer au pillage des ressources au niveau des entreprises publiques. Le partage du gâteau dans la IIIè République est discrétionnaire, tout à fait différent de celui de la transition appellé « équitable et équilibré ». La politique est perçue en Rdc comme le sésame qui donne accès à l’enrichissement personnel facile et aux jouissances d’une vie matérielle confortable. Quel destin pour une société où ceux qui sont censés être les conducteurs du peuple sont obnubilés par le culte de l’argent et la propension à piller systématiquement leur pays ?

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