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LOSAKO
28 janvier 2008

La paix : les choses se précipitent, mais…

1080344Il y a des signes qui ne trompent pas : fin de la Conférence sur la paix, la sécurité et le développement du Kivu à Goma, visite du ministre français des Affaires étrangères à Kinshasa, Goma et Kigali, déclarations encourageantes et apaisantes à Kinshasa et à Kigali pour le renforcement de la coopération Paris - Kinshasa et le rétablissement des relations diplomatiques entre Paris et Kigali, appel du président Kagame aux Rwandais de regagner leur pays. Le tout sur fond de restauration de la paix, de la sécurité dans la région des Grands Lacs. Apparemment, tout le monde s’est engagé sur la bonne voie vers la paix. Comme si les choses se précipitaient…

Trois événements pourraient servir de déclic au retour effectif de la paix en République démocratique du Congo et dans toute la région de l’Afrique des Grands Lacs. Il s’agit précisément de la tenue et de la fin de la Conférence sur la paix, la sécurité et le développement des provinces du Nord et du Sud-Kivu. Conférence qui s’est déroulée dans la ville de Goma et qui a jeté les bases d’une paix durable dans le Kivu en gérant l’aspect interne de cette spirale de violence dans les deux provinces précitées.

Ensuite, la visite du ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, à Kinshasa et à Kigali. Non pas seulement qu’il s’est employé à renforcer la coopération entre Kinshasa et Paris ; à tempérer les ardeurs franco-rwandaises pour un rétablissement des relations diplomatiques entre Paris et Kigali, mais à rapprocher Kinshasa de Kigali dans la gestion des rebelles ou réfugiés rwandais encore en République démocratique du Congo pour résoudre la fameuse question des forces négatives étrangères qui écument les forêts congolaises. Une mission de bons offices sollicitée par le président Kabila à laquelle son homologue rwandais, Paul Kagame, semble avoir donné une réponse encourageante : « Tout le monde est invité à rentrer. Pas seulement les gens qui avaient 14 ans. C’est-à-dire en dessous de l’âge légal pour répondre de quelques crimes que ce soit. Pas seulement ceux-là. Tout le monde peut rentrer, tout le monde doit rentrer », a déclaré Paul Kagame à Bernard Kouchner.

Changement de ton ? Evolution dans le discours au Rwanda tant Kigali insistait toujours sur la « neutralisation des génocidaires ou des sanctions à prendre contre eux » ?

L’Afrique de l’Est en difficulté

La première partie de réponse à ces deux interrogations se trouve dans cette prise de conscience des Congolais en organisant la Conférence de Goma pour interpeller la Communauté internationale. La deuxième partie de la réponse réside exactement dans la situation très préoccupante actuellement au Kenya. C’est le troisième déclic.

Une situation qui place la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est, EAC, dans une position difficile. En effet, cette organisation sous-régionale regroupe le Kenya, l’Ouganda, la Tanzanie, le Rwanda et le Burundi. Les deux derniers pays viennent d’y adhérer, délaissant pratiquement la Communauté économique des pays des Grands Lacs, CEPGL, bien que l’on tienne à la ressusciter. Une démarche qui s’expliquerait par la situation d’instabilité qui caractérisait la République démocratique du Congo. Et qu’en plus, le Rwanda, très fâché contre la France, quittait la zone francophone pour la zone anglophone.

Or, la situation préoccupante au Kenya préjudicie gravement l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi, ces deux derniers pays étant en grande partie enclavés et dépendent « naturellement » de la République démocratique du Congo pour l’accès à la Mer et à l’Océan. Mais pour «  punir et affaiblir » la RDC pour des raisons évidentes souvent évoquées par des analystes, ils ont opté pour l’East african committee en vue d’accéder au port de Mombasa au Kenya pour leurs transactions économiques. Avec ce qui se passe actuellement au Kenya, ils sont en train de réfléchir par deux fois et reverront sûrement leurs copies. Car, n’oublions pas qu’à chasser le naturel, il revient vite au galop. Le Rwanda et le Burundi ne manqueront pas de réajuster leur diplomatie vis-à-vis de la République démocratique du Congo s’ils ne tiennent pas à être  « asphyxiés ». Déjà, ces pays éprouvent des difficultés pour se ravitailler en carburant. Fait qui est également perceptible à l’Est de la RDC. Mais avec la voie nationale, Kinshasa peut remédier rapidement à la situation en attendant que le calme revienne au Kenya.

savoir lire les signes de temps

Une fois de plus, il revient au gouvernement de Kinshasa de savoir lire les signes de temps pour prendre l’initiative des opérations de certaines démarches de paix, de sécurité et de développement dans la perspective de tirer un profit légitime. De ne pas subir les événements comme ceux qui ont humilié le Congo.

La première tentative consiste bien sûr à consolider les acquis de la paix, à sécuriser les populations locales dans cet élan d’entreprendre les travaux de la reconstruction nationale. La seconde doit viser au renforcement de la politique de bon voisinage en vue d’étouffer tout élan subversif entretenu à partir des territoires voisins.

Aujourd’hui que le président rwandais insiste sur le fait que ses compatriotes rentrent au Rwanda, quoi de plus normal et de plus positif que d’accompagner cette volonté de l’autorité rwandaise en interpellant sans délai l’Onu, l’Union européenne, l’Union africaine et les Etats-Unis pour prendre Kagame au mot. Surtout qu’il vient de déclarer à l’endroit de la France que le moment est venu « de se débarrasser des obstacles fondés sur les erreurs du passé pour aller de l’avant. Nous allons mettre les mécanismes nécessaires en place ». Voilà une déclaration de bonnes intentions. Quand bien même elle est directement adressée à la France, elle ne peut laisser indifférente la République démocratique du Congo dans un mouvement de grande manoeuvre diplomatique pour « se débarrasser des erreurs du passé ».

Car, au-delà de ces trois événements qui ont servi de « déclic » à ces signaux qui donnent l’impression de précipiter les initiatives de paix dans la région des Grands Lacs, il y a un quatrième élément. Quoique de caractère économique, il plaide néanmoins en faveur de la RDC. Il s’agit bel et bien de la pénurie d’électricité en Afrique du Sud. A la suite d’une forte demande en électricité, ce pays qui n’a jamais connu de « délestage » est contraint de recourir à ce système pour rationner la distribution du courant électrique. Pour preuve, de nombreuses usines en Afrique du Sud ont arrêté de fonctionner pendant le week-end dernier, occasionnant une perte financière énorme aux dépens de cette «  puissance économique africaine ». Et pourtant, l’Afrique du Sud a signé des accords de coopération avec la RDC et est disposée à rentabiliser le barrage hydro-électrique d’Inga. Une occasion inattendue susceptible de permettre à la RDC de faire un « bond » en avant.

Autant d’opportunités à même de renforcer les acquis du Dialogue intercongolais et de la Conférence de Goma pour consacrer la paix, la sécurité et le développement de la République démocratique du Congo. Tout en servant de rampe de lancement au développement des pays de l’Afrique des Grands Lacs.

Pourvu que l’on sache lire les signes de temps et qu’on réagisse en conséquence.

Le potentiel

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