Goma, les conférenciers se quittent dans l’imbroglio !
C’est ce lundi 21 janvier que prennent fin les travaux
de la Conférence de Goma sur la paix, la stabilité et le développement au Nord
et Sud-Kivu. Pendant que les organisateurs affirment qu’il y a eu des avancées
significatives, le langage des armes les contredit. Au moins 30 civils tués ce
week-end au Nord-Kivu par des groupes armés qui se rejettent mutuellement la
responsabilité, faisant ainsi craindre les risques d’une reprise imminente des
combats. Les causes de la guerre ont été effleurées et les revendications de
certains acteurs non rencontrées. Qui plus est, l’unité tant recherchée autour
de la Nation n’a pas été mise en avant. On ne serait pas sévère si on présentait
les assises de Goma comme un marché des dupes.
Le Comité de sages du Nord et
Sud-Kivu, l’une des structures de la Conférence de Goma, a demandé aux 15
groupes armés qui fouillent les confins de deux provinces de déposer les armes.
On a fait de cette demande le premier préalable pour la restauration de la paix
dans la région. Z’Ahidi Arthur Ngoma, au cœur du drame du Kivu, estime pour sa
part que le préalable à toute paix durable dans la région est la tenue d’un
dialogue inter Rwandais. Lequel dialogue devrait favoriser le retour au Rwanda
des rebelles hostiles au pouvoir monolithique de Paul Kagame. On est là en face
de deux approches différentes poursuivant un même objectif : la paix durable.
Absolument, les faits sur terrain ne tarderont pas de montrer quelle est la
bonne approche. De prime abord, c’est difficile d’épouser la démarche des
organisateurs de la Conférence de Goma, surtout pour ce qui concerne les groupes
armés. La preuve en est que, pas plus tard que ce samedi 19 janvier, le groupe
maï maï Kifua-fu, que Z’Ahidi considère comme la résistance d’autodéfense, a
renoncé aux déclarations de cessez-le-feu des groupes armés. Muhombo Muhima,
l’un des responsables du groupe, donne des nouvelles consignes aux combattants
maï maï qui sont appelés à être vigilants. Vigilants parce, dit-il, ceux qui
sont en face d’eux ne sont pas honnêtes et ne respectent pas leurs engagements.
Muhomo Mihima affirme que leurs positions ont été attaquées dans plusieurs
villages du Masisi. Le chef maï maï cite Mwasso, Bukama, Kibachiro et Kalende
qui serait à feu et à sang. 30 civils tués, c’est le bilan dressé par des
sources indépendantes pour le seul week-end. Voici l’ambiance qui règne au
Nord-Kivu à quelques heures de la clôture officielle des travaux de Goma.
A
ce stade, on ne voit pas très bien comment cette Conférence pourrait ramener la
paix aux Kivutiens. L’élite du Kivu aura une fois de plus loupé une occasion de
répondre aux aspirations profondes de la population. Goma restera comme un
leurre. L’un des acteurs majeurs de la crise du Kivu, le CNDP de Laurent Nkunda
n’attend, visiblement, pas grand-chose des assises de Goma. Lors d’une séance
consacrée à la présentation de revendications, un certain Kambasu Ngeve, se
présentant comme le chef de la délégation du CNDP à Goma, a maintenu que la fin
des hostilités passait par un dialogue direct entre son mouvement et le
Gouvernement de la République. Ce serait, selon lui, le cadre approprié pour
discuter de toutes les questions de fond. Kambasu appuyait sa position par le
fait que des officiels avaient affirmé à la tribune que les assises de Goma
n’auraient pas le mandat d’apporter des solutions durables aux questions de
fond. Sur un ton de regret, il ne comprenait pas que les résolutions qui en
découleraient n’aient aucun caractère contraignant. En conséquence, le CNDP
maintenait son refus d’envoyer ses hommes au brassage.
On fait alors du
surplace. Tout cela parce que près d’un mois n’aura pas suffi aux participants
pour déceler les véritables causes, mieux les vrais acteurs de l’insécurité au
Nord et Sud-Kivu.