Le ministre belge de la Coopération au développement, Charles Michel, a annoncé dimanche à Goma (est de la République démocratique du Congo) une aide supplémentaire de la Belgique aux populations du Nord-Kivu, victimes d'un drame humanitaire de grande ampleur, causé par le déplacement de plusieurs centaines de milliers de réfugiés.

"La Belgique va continuer sa contribution" pour cette province troublée de la RDC, a-t-il affirmé à quelques journalistes lors d'une visite à Goma, alors que s'y déroule une conférence de paix destinée à jeter les bases d'une "paix durable" et du développement dans la région.

M. Michel va ainsi débloquer une aide d'urgence de cinq millions d'euros pour une "aide immédiate" à destination de la population du Nord-Kivu via le Programme alimentaire mondial (PAM) et l'Organisation des Nations Unies pour l'Agriculture (FAO) - un canal habituellement utilisé pour la Belgique pour ce genre d'action. Il a ajouté qu'il libèrerait également 500.000 euros d'aide qui transiteront par le "cluster" logistique du PAM.

Le ministre a aussi annoncé la prolongation jusqu'en 2011 d'un programme déjà en cours pour lutter contre les violences sexuelles faites aux femmes - un fléau dans les provinces des deux Kivu - avec l'octroi d'1,2 million d'euros supplémentaires, qui s'ajoutent aux dix millions déjà engagés depuis 2004.

M. Michel est arrivé dimanche matin à Goma, en provenance d'Ouganda, dans le cadre d'une tournée de cinq jours en Afrique centrale. Sa visite dans le chef-lieu du Nord-Kivu intervenait alors que la "conférence sur la paix, la sécurité et le développement" organisée à l'initiative du président congolais Joseph Kabila est entrée dans sa dernière ligne droite.

En cours depuis le 6 janvier, elle devrait se terminer lundi par l'adoption de recommandations censées ramener la paix dans cette région ravagée par une décennie de conflits ethniques qui ont fait quelque plus de quatre millions de victimes directes et indirectes en RDC. "Nous sommes à un moment très particulier, proche de la clôture de la conférence", a souligné M. Michel devant quelques journalistes belges, tout en réaffirmant le soutien du gouvernement belge à la conférence de paix.

"Nous sommes totalement derrière ceux qui veulent privilégier le dialogue politique large", a-t-il ensuite insisté devant la presse congolaise. La conférence de Goma rassemble quelque 1.300 délégués, dont des représentants des groupes armés toujours actifs dans la région et en particulier du Congrès national pour la Défense du Peuple (CNDP), le mouvement politico-militaire du chef rebelle tutsi congolais Laurent Nkunda, mais aussi des élus, des membres des communautés ethniques, de la société civile. Son but est de jeter les bases d'une "paix durable" et du développement dans la région, avec l'adoption de recommandations aux autorités.

Le ministre congolais des Affaires étrangères, Antipas Mbusa Nyamisi, également présent à Goma, a exprimé dimanche son optimisme quant aux conclusions de la conférence, tout en soulignant à l'agence BELGA qu'il faudrait "peut-être un peu plus de temps" pour les adopter. Après une visite d'un camp abritant quelque 16.00O réfugiés vivant dans des conditions déplorables, M. Michel a également rencontré dans l'après-midi, le président congolais Joseph Kabila, présent à Goma depuis quelques jours pour suivre de près la conférence.

"Nous avons eu l'occasion de mettre en évidence le partenariat belgo-congolais" en matière de coopération, a-t-il expliqué en assurant que la Belgique ferait en sorte que les moyens mobilisés soient "plus efficaces" au profit de la population congolaise. Le ministre a enfin rendu visite à deux projets financés par son département.