Tel Père, Tel Fils: La Belgique comme le Congo (malgré les élections)...en suspens
HISTORIQUE Dès l'entame de la commission de
l'Intérieur, les francophones ont quitté la séance. Celle-ci n'a cependant pas
été suspendue, les votes ont continué avec les 11 commissaires flamands. Les
votes se sont poursuivis et les députés flamands ont voté contre les amendements
déposés par les francophones. C'est un évènement historique car c'est la
première fois qu'une communauté utilise son poids numérique pour faire passer
une proposition. Le vote est intervenu peu après 14h30 - seule la parlementaire Groen!, Tinne
Van Der Straten, s'est abstenue - juste après que les députés francophones
eurent quitté les lieux en signe de protestation, selon les images retransmises
en direct sur plusieurs chaînes de télévision, francophones et flamandes.
L'abstention verte
La parlementaire Tinne Van Der Staten se dit maintenant inquiète. Selon elle,
"la Belgique va être en proie à un immobilisme institutionnel alors qu'elle n'en
avait pas besoin". Pour la parlementaire Groen!, les questions socio-économiques
doivent avoir la priorité sur l'institutionnel.
Le texte adopté par la commission de l'Intérieur, où les Flamands sont
majoritaires puisqu'ils représentent 60% de la population, prévoit la scission
de l'arrondissement électoral de Bruxelles Hal Vilvorde. Cet arrondissement
réunit Bruxelles, ville majoritairement francophone, et 35 communes flamandes de
sa périphérie. S'il est effectivement scindé, ce que les francophones ont
toujours refusé, les quelque 120.000 francophones vivant en périphérie flamande
perdraient la possibilité de voter pour des candidats francophones aux élections
législatives.
"On ne peut évidemment pas accepter qu'une communauté belge agresse de
manière aussi brutale une autre communauté. Aujourd'hui, les Flamands rompent
cet équilibre de manière brutale. Nous sommes dans quelques chose qui
s'apparente à une crise de régime", a déclaré immédiatement Yvan Mayeur,
député francophone socialiste, membre de cette commission de l'Intérieur,
interrogé par la télévision publique RTBF. Bien que les francophones disposent
de plusieurs mécanismes légaux pour bloquer pendant plusieurs mois la scission
effective de BHV, certains de leurs responsables politiques ont prévenu qu'un
tel vote constituerait un "acte de guerre" qui pourrait torpiller définitivement
les négociations pour essayer de former un gouvernement fédéral.
Le leader libéral francophone, Didier Reynders, avait prévenu qu'un tel vote
provoquerait immédiatement une réunion de tous les partis francophones impliqués
depuis les législatives de juin dans des négociations pour tenter de former un
gouvernement de coalition réunissant libéraux et chrétiens-démocrate flamands et
francophones.
"Je souhaite en tout cas qu'il y ait un gouvernement", a-t-il déclaré
immédiatement après le vote au micro de la RTBF, en souhaitant apparemment
éviter de dramatiser la situation. "Maintenant avec qui autour de la table
(...), c'est au roi de voir".
Yves Leterme: stop ou encore?
Les négociations, menées par le CD&V Yves Leterme sorti vainqueur des
élections de juin, butent depuis le début sur les dissensions entre francophones
et Flamands. Ces derniers réclament non seulement la scission de BHV mais aussi
une réforme de l'Etat belge augmentant l'autonomie des régions, dont la Flandre
est la plus importante. Tony Van Parys, au micro de la RTBF confirmait que les Flamands n'entreraient
pas dans un gouvernement sans Yves Leterme comme premier minsitre, une
déclaration très claire qui semble en porte à faux par rapport aux déclarations
francophones. Un changement de formateur pourrait donc donné lieu à de nouveaux
rapports de force.
Pieter De Crem, président de cette commission, au micro de RTL-Tvi répète
"qu'une solution négociée était privilégiée mais qu'au bout du compte le
problème devait être résolu car nous étions dans une situation d'illégalité.
Nous avons donc fait un travail parlementaire dans une commission, c'était très
prévisble, nous verrons maintenant s'il y a la sonnette d'alarme. Notre signal
c'est de montrer qu'on veut résoudre les problèmes, pas de toucher aux droits
des citoyens.
Suite à un tel évènement, la confiance en Yves Leterme
semble ébranlée. Du côté francophone et du MR en particulier, le nom de Didier
Reynders est souvent cité pour reprendre le flambeau. Du côté flamand, l'orange
bleue reste d'actualité avec Yves Leterme à la tête des négociations... L'homme
est donc toujours soutenu par son parti.
Des députés flamands ont voté mercredi en commission un projet de loi supprimant
certains droits des francophones en périphérie flamande de Bruxelles, provoquant
le départ des élus francophones et menaçant d'aggraver la crise politique dans
le pays.