La CPI cueille Germain Katanga
Germain Katanga, également connu sous le nom de ‘‘Simba’’, 29 ans, a
passé sa première nuit, du 18 au 19 octobre, à la prison de la Cour
pénale internationale en tant que second ‘‘client’’ de cette
institution. ‘‘Il est arrivé ce midi au centre de détention’’ de la CPI
à La Haye, au Pays-Bas a affirmé Sonja Robla, porte-parole de la Cour.
Le commandant Simba est détenu dans la prison de Scheveningen à La
Haye, où la CPI loue des cellules, Centre de détention des Nations
unies, où vivent également les détenus du Tribunal pénal International
pour l’ex-Yougoslavie.
Le boucher de l’Ituri rejoint son compatriote, un autre présumé
criminel de guerre, Thomas Lubanga Dyilo (46 ans), fondateur présumé et
dirigeant de l’Union des patriotes congolais (UPC) qui a sévi dans le
même secteur et remis à la Cour en mars 2006 et dont le procès débutera
en février 2008.
Le commandant présumé de la Force de résistance patriotique en Ituri
(FRPI) a été remis jeudi 18 octobre par les autorités congolaises à la
Cour pénale internationale (CPI) et transféré au siège de celle-ci. Six
crimes de guerre et trois crimes contre l’humanité perpétrés sur le
territoire de l’Ituri lui sont reprochés par le bureau du procureur de
la CPI, Luis Moreno-Ocampo, selon le mandat de la CPI.
L’affaire qui le concerne s’inscrit dans la situation en RDC, sur
laquelle le Bureau du Procureur de la CPI enquête depuis le 1er Juillet
2002. Il comparaîtra incessamment devant le procureur de la CPI et les
dates seront communiquées ultérieurement.
De graves allégations de crimes
Germain Katanga, était le chef des FRPI, une milice créée fin 2002 avec
un soutien ougandais, dont de nombreux membres, des ethnies Lendu et
Ngiti, sont soupçonnés d’avoir participé à des massacres à caractère
ethnique dirigés contre les Hema.
Le chef présumé des FRPI est notamment accusé de ‘‘meurtre d’environ
200 civils, atteintes graves à l’intégrité physique de civils ;
arrestation, menace avec des armes et enfermement de civils dans une
pièce remplie de cadavres ; pillages ; réduction en esclavage sexuel de
plusieurs femmes et filles ; et participation active d’enfants âgés de
moins de 15 ans à ladite attaque’’.
Le Greffier de la Cour, M. Bruno Cathala, a salué la décision des
autorités congolaises pour avoir ‘‘coopéré avec la Cour dans l’esprit
du Statut, en exécutant le mandat d’arrêt et en remettant Germain
Katanga à la CPI’’. ‘‘Nous sommes en train d’analyser une troisième
affaire, alors même que la RDC reste en proie à la violence’’, a
déclaré Luis Moreno-Ocampo. ‘‘Nous devons faire en sorte de rétablir le
droit en République démocratique du Congo’’, a-t-il ajouté. ‘‘Notre
travail est de lutter contre l’impunité (...) et c’est ce que je
ferai’’.
Depuis 1999, les violences interethniques et les affrontements entre
milices, qui se disputaient le contrôle des mines d’or et des
ressources douanières de l’Ituri, ont fait, selon des sources
humanitaires, plus de 60.000 morts et plus de 600.000 déplacés.
Les réactions
L’organisation de défense des Droits de l’Homme Human Rights Watch
(HRW) a salué jeudi 18 octobre le transfert à la Haye de Katanga, tout
à appelant à la CPI à ‘‘poursuivre les responsables politiques à
Kinshasa, Kampala et Kigali qui ont armé et appuyé les milices opérant
en Ituri’’.
HRW l’accuse d’avoir dirigé les FRPI au cours de ‘‘plusieurs
massacres’’, dont ceux perpétrés à Bunia, chef-lieu du district
d’Ituri, Komanda, Bogoro et Nyakunde, où quelque 1.200 personnes,
essentiellement des civils hemas, ont été tués. ‘‘Il a ordonné, toléré
ou personnellement participé à des massacres à caractère ethnique, des
meurtres, actes de torture, viols, mutilations et au recrutement
d’enfants’’, affirme encore HRW.
Le Ministre des Affaires étrangères belges, Karel De Gucht se réjouit
de ce transfert à La Haye. ‘‘Le fait que Katanga doive maintenant
répondre de ses actes devant le tribunal est un nouveau pas dans la
lutte contre l’impunité en RDC’’, a déclaré De Gucht. ‘‘Pendant mon
entretien avec le Président Kabila à New York le 27 septembre j’ai
insisté pour que le Congo collabore pleinement avec la Cour Pénale. Je
suis heureux de constater que les autorités congolaises s’y emploient
concrètement’’, a-t-il déclaré, avant d’ajouter espérer que cette
arrestation enverra un signal important à tous ceux qui sont encore en
train de commettre des atrocités à l’Est du Congo. ‘‘Ils devront tôt ou
tard répondre de leurs crimes’’.
Lire déroulement de la procédure à la suite de l’arrestation et la
remise d’un suspect à la cour sur www.lerevelateur.net, rubrique
‘‘Document’’.