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LOSAKO
18 septembre 2007

JP. Bemba : Kabila est un adversaire politique

L'épisode «Kabila-Bemba» n'est pas encore clos. Il vient d'ailleurs de connaître un nouveau rebondissement avec cette interview que le sénateur Jean-Pierre Bemba, président national du Mouvement de libération du Congo, MLC, a accordée à Radio France Internationale, interview captée hier lundi 17 septembre à Kinshasa. Jean_Pierre_Bemba_net

Réaction qui ne pouvait surprendre d'autant plus que le retour de président national du Mouvement pour la libération du Congo est à l'ordre du jour. Surtout que tout au début du mois de septembre, dans son exil à Faro, au Portugal, Jean-Pierre Bemba a reçu la visite de Vital Kamerhe et de Louis Michel, respectivement président de l' Assemblée nationale et Commissaire européen au Développement et à l' Aide humanitaire. Les entretiens ont porté sur son retour éventuel à Kinshasa. Et plus précisément avant la rentrée parlementaire intervenue depuis le 15 septembre.

Mais rien n’y fit. Jean-Pierre Bemba est toujours en exil alors que le président de la République n'a pas dénoncé la démarche effectuée par le président de l'Assemblée nationale, affirmant même qu'il avait la confiance du chef de l' Etat. L'on s'interroge. L'on a interrogé Jean-Pierre Bemba. La nécessité d'une opposition interne

Mais avant d'arriver aux propos du sénateur Bemba, ce qui intéresse toujours les observateurs, c'est l'évolution normale du processus politique en République démocratique du Congo. En fait, le retour de Bemba à Kinshasa ne doit pas être considéré comme une faveur, mais une volonté politique, après tant d'années de guerre et de déchirements, de disposer d'une opposition politique interne. C'est dans cet ordre d'idées que le Parlement a voté une loi portant Statut de l'Opposition politique.

Puisque Jean-Pierre Bemba s'est engagé à mener une opposition républicaine, il y va du crédit politique du régime au pouvoir de favoriser un environnement serein susceptible de permettre à cette opposition de s'exercer librement conformément à l'esprit et à la lettre de la Constitution. Le pays y gagnerait en évolution démocratique pour consolider les jalons d'un Etat de droit aspirant à un réel progrès ainsi qu'à la promotion humaine. Il est absolument inadmissible de verser dans une spirale de violences pour connaître la situation qui prévaut actuellement au Zimbabwe. Barrer la route aux va-t-en guerre

Aussi, est-il indiqué que toutes les parties reviennent au bon sens pour sortir des sentiers battus et tortueux. Il n'est un secret pour personne que certains collaborateurs de Kabila et Bemba n'oeuvrent pas pour un apaisement entre les deux personnalités. " Faucon ou va-t-en guerre ", c'est selon, trouve dans cette rivalité politique une belle opportunité pour continuer à renouer le couteau dans la plaie dans le seul but de bénéficier longtemps des privilèges de la zizanie ou de la délation politique.

Et pourtant, cette approche à des conséquences désastreuses tant il est vrai que les forces occultes n'ont pas encore décoléré. Pour preuve, cette IIIème guerre en marche dans le Nord-Kivu. Aussi, ne serait-il pas surprenant que Bemba en exil, dans un sursaut de survie renoncer à tous les engagements pris jusqu'ici. Ce ne sont pas les marchands d'armes qui laisseront échapper une telle occasion pour relancer la spirale de la violence. Moins encore les anciens alliés qui se précipiteront pour renouer fortement le cordon ombilical et faire en sorte que Bemba retrouve facilement ses vieux réflexes et ses premières amours de " rebelle " .

Une fois de plus, c'est la République démocratique du Congo qui aura perdu. Faute d'avoir cette ingéniosité et dextérité politiques de gérer les différends et les contradictions sans oublier les ambitions politiques, des uns et des autres, adversaires politiques, soient-ils. Il est temps de se départir des idées figées. Que l'on arrête les " va-t-en, guerre " qui écument ce pays sous plusieurs manteaux. En attendant, le sénateur Jean-Pierre Bemba vient de relancer les débats. Il considère que le président Joseph Kabila demeure un adversaire politique et non un ennemi.

Jean-Pierre Bemba : « Je vois une volonté du pouvoir en place de me contraindre à l'exil»

Jean-Pierre Bemba, vous devrez être de retour à Kinshasa pour l'ouverture de la session parlementaire. Pourquoi n'êtes-vous pas rentré ?

Malheureusement, je vois une volonté du pouvoir en place de me contraindre en exil forcé et de ne pas me permettre à rentrer dans mon pays. J'espère que les autorités du pays vont revenir à la raison et me permettre de rentrer.

Un proche du président Joseph Kabila, le président de l'Assemblée nationale, M Vital Kamerhe vous a rendu visite, il y a huit jours au Portugal. Est-ce que cette rencontre fait avancer les choses ?

Cette rencontre était fructueuse. D'ailleurs, elle s'est déroulée en présence du Commissaire européen, M. Louis Michel. Nous avons discuté un peu de tout sur différents problèmes. Il est rentré à Kinshasa et devrait faire rapport au président de la République. J'attends toujours les réactions à ce sujet.

Le principal problème, Jean-Pierre Bemba, est votre sécurité physique. Comment pourrait-elle être assurée à Kinshasa?

Vous savez que j'étais l'objet de trois attaques avec des chars d'assaut en pleine capitale. Je voudrais savoir dans quel état d'esprit je vais rentrer demain.

Alors, il faut envisager une escorte composée de militaires étrangers ?

C'est une proposition qui a été faite. L'important, ce n'est pas le nombre, mais l'état d'esprit dans lequel nous allons travailler, parce ce que je pourrais avoir, même deux personnes ou en avoir mille, cela ne réglera toujours pas le problème. Ma préoccupation est de travailler dans un état d'esprit d'une véritable démocratie ou alors nous sommes dans un autre type de système. Je crois que c'est très dangereux sur ce qui se passe, car nous faisons machine arrière dans notre pays.

Est-ce que votre sécurité pourrait être assurée par une escorte de la Monuc, par exemple ?

Vous savez que j'ai eu la garde de la Monuc qui était présente lorsque j'étais attaqué. Il y avait des blindés de la Monuc tout autour de ma résidence pour me protéger. Je crois qu'il faut laisser aux techniciens le soin de trouver des solutions appropriées.

On parle aussi, peut-être, des gardes de l'Union africaine ?

Pourquoi pas ! C'est l'une des pistes qui a été évoquée.

Avez-vous des contacts avec le président Joseph Kabila depuis votre sortie du territoire ?

Non ! Je n'ai plus eu de contact avec lui.

Vous allez vous rendre, dans quelques jours, à New York où vous serrez reçu, je crois, par M. Ban Kin-moon, secrétaire général des Nations unies. M Joseph Kabila y va aussi ! Est-ce que vous y pourriez vous rencontrer à cette occasion ?

C'est peut-être un pur hasard que je vois (rencontre) le président Joseph Kabila. Il n'est pas un ennemi pour moi. Je ne peux pas forcer la porte non plus ! Ce n'était pas un programme envisagé en ce moment-ci.

Est-ce que la visite de Vital Kamerhe chez vous est un signe positif ou s'agit-il d'un coup d'épée dans l'eau ?

C'est un signal très positif. Je pense qu'en démocratie, on ne doit pas être des ennemis mais des adversaires politiques. Je crois que cela ne nous empêche pas de pouvoir dialoguer et parler de notre pays.

Oui, mais en même temps, vous dites que vous sentez à Kinshasa une volonté politique de vous empêcher de rentrer, comme si Vital Kamerhe finalement, était un modéré au milieu du clan des durs ?

Je ne sais ce qui se passe exactement. Je n'ai aucune idée sur ce qui se passe dans le pouvoir. Mais, acceptez qu'on ne facilite pas mon retour. Alors, est-ce une manière de museler l'opposition, de maîtriser plus d'espace que l'opposition détient ? Alors si c'est cela, c'est qu'il n'y pas de démocratie !

Votre petite idée, c'est quoi ? C'est qu'il y a deux camps autour du Président ou que c'est le Président qui mène un double jeu?

Je ne peux encore vous le dire. Je ne voudrai pas maintenant entamer les chances qui nous restent encore à pouvoir trouver une solution. Je crois qu'il y a quelque chose qui ne va pas et qu'il y a des contradictions.

Ainsi donc, la visite de Vital Kamerhe était de la poudre aux yeux ?

Je ne crois pas. Il nous a dit qu'il était mandaté. Il était sincère. Il nous a donné tout le message ainsi qu'à M. Louis Michel ! Je ne peux en dire plus pour le moment.

Quand on interroge Joseph Kabila sur votre avenir, il dit que cela dépend de la justice congolaise. On sait que le procureur général de Kinshasa vous accuse d'être l'auteur intellectuel des combats du mois de mars dernier. Vous ne craignez pas d'être poursuivi et d'être déclaré inéligible pour 2011 ?

Je ne voudrais pas rentrer dans ce débat. Le problème est éminemment politique ; qu'on essai de le régler sous l'angle politique.

Autre affaire judiciaire. En mai dernier, le procureur de la Cour pénale internationale a ouvert une enquête sur les exactions commises à Bangui (RCA) en 2002. Alors, vous n'êtes pas cité personnellement, mais vos troupes étaient sur place parmi d'autres. Ne craignez-vous pas d'être éclaboussé par cette affaire ?

Non ! Je peux vous assurer que je n'étais pas concerné. J'étais le premier à demander une enquête aux Nations unies en 2002 et je ne suis pas concerné par cette affaire.

PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTOPHE BOISBOUVIERS, RFI

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