Cessez-le-feu à Sake, dans le Nord-Kivu

La Mission de l'ONU en République démocratique du Congo (Monuc) a obtenu jeudi un cessez-le-feu entre soldats loyalistes et insurgés ralliés à l'ex-général Laurent Nkunda à Sake, localité du Nord-Kivu (est) désormais sous contrôle des Casques bleus.

"La Monuc a facilité la mise en place d'un cessez-le-feu entre les troupes de Nkunda et du gouvernement à 12H30 (10H30 GMT)", a déclaré à l'AFP Sylvie van den Wildenberg, sa porte-parole au Nord-Kivu.

"Les hommes de Nkunda, qui ont essayé de prendre Sake ce matin, ont accepté de se replier sur les collines" surplombant la ville et la Monuc "a déployé des Casques bleus partout dans Sake", a-t-elle poursuivi.

De très violents combats opposaient depuis mercredi soir la 15e brigade des Forces armées de RDC (FARDC) et des insurgés aux portes de cette ville, dernier verrou vers la capitale provinciale Goma, située à une trentaine de km.

Mercredi dans la soirée, Laurent Nkunda, joint au téléphone par l'AFP, s'était dit prêt à libérer des soldats loyalistes capturés ces derniers jours tout en souhaitant la reprise du dialogue avec les autorités de la RDC.

Sake était déjà tombée au main de troupes ralliées au général déchu tutsi congolais Laurent Nkunda fin novembre 2006, avant d'en être chassées par des Casques bleus de la Monuc, appuyés par des hélicoptères de combat.

"La Monuc a prévenu les troupes de Nkunda qu'elle ne tolèrerait aucune nouvelle tentative de prise de Sake", a souligné Mme van den Wildenberg.

Selon des témoignages d'habitants, les soldats de la 15e brigade des FARDC avaient commencé en fin de matinée à quitter Sake, alors que celles de Nkunda ne cessaient de progresser. Un proche du général déchu avait alors affirmé à l'AFP que ses troupes étaient dans la ville.

Des milliers de civils et des militaires ont quitté la ville, prenant la route de Goma. Dans le territoire de Masisi, où se trouvent Sake et d'autres localités théâtres de combats, plus de 10.000 personnes ont fui depuis le début des hostilités le 27 août, selon l'ONU.

Sur la route reliant Sake à Goma, une journaliste de l'AFP a vu jeudi matin des centaines de déplacés converger vers Mugunga, localité équidistante des deux villes où se sont déjà réfugiées des centaines de familles depuis dimanche.

A Mugunga, un village de huttes de fortune faites de branchages et de feuilles de bananier est sorti de terre en moins de quatre jours.

La tension montait dans la journée, à mesure que le nouveau flot de civils arrivait dans ce camp improvisé où plus de 5.000 personnes étaient déjà recensées jeudi matin, selon Jean-Pierre Shomgo, responsable de la sécurité dans le camp.

Matelas sur la tête, enfants accrochés dans le dos, des femmes épuisées cherchaient un peu d'eau et un endroit pour se reposer, après des heures de marche. Tous les nouveaux arrivants se plaignaient de manquer de nourriture, d'eau et de médicaments pour leurs enfants.

Dans la journée, l'ONG Solidarités devait apporter des bâches pour monter de grandes tentes dont les piquets ont été posés la veille derrière l'école du village.

Depuis les combats de la fin 2006 dans cette région, plus de 224.OOO déplacés internes ont été recensés par les agences des Nations unies au Nord-Kivu, une région qui compte plus de la moitié du million de déplacés congolais.

La Monuc, qui n'a jusqu'ici pas engagé de Casques bleus dans les récents affrontements, n'a cessé de plaider pour "le dialogue entre les parties" et une "solution pacifique" épargnant les populations civiles.

Actuellement la plus importante force de maintien de la paix dans le monde avec plus de 17.500 Casques bleus, la Monuc a déployé 90% de ses troupes dans l'est congolais, dont 4.300 au Nord-Kivu.