La situation restait très tendue mercredi au Nord-Kivu, au lendemain de combats entre l'armée et des soldats insurgés ralliés à l'ex-général Laurent Nkunda qui ont entraîné de nouveaux déplacements de civils dans l'est de la République démocratique du Congo.

Autour de Sake, Katale, Mushaki et Ngungu, localités du territoire de Masisi, comme dans le territoire de Rutshuru, aucun accrochage sérieux n'a été signalé depuis mardi soir.

A Kimoka, à 5 km au nord de Sake (30 km de Goma), les combats à l'arme lourde ont cessé peu après 18H00 mardi, a indiqué mercredi à l'AFP le colonel Delphin Kahimbi, commandant en second des Forces armées de RDC (FARDC) au Nord-Kivu. "Hier (mardi) matin vers 10H00, il y a eu quelques tirs venant des insurgés puis ça s'est calmé. Les tirs ont recommencé vers 15H00. Nous sommes intervenus et nous les avons repoussés. Notre objectif n'était pas de les déloger. Depuis, la situation s'est stabilisée".

Joints au téléphone par l'AFP, des proches de Nkunda ont confirmé mercredi matin la stabilisation de la situation, tout en accusant les FARDC de les avoir attaqués.

Ces combats ont entraîné le déplacement de plusieurs milliers de civils, la Mission de l'ONU en RDC estimant à quelque 10.000 les déplacés dans le territoire de Masisi depuis le début des hostilités le 27 août.

Mercredi matin, des habitants de Sake, qui accusaient les Casques bleus de "ne rien faire" pour les protéger, ont bloqué la sortie de la ville et caillassé des véhicules de la Monuc.

Les Casques bleus ont dû "tirer en l'air" pour disperser la foule, a indiqué une source militaire onusienne, précisant que la situation était ensuite revenue à la normale.

Les FARDC ont engagé plus de 2.000 hommes dans la zone de Sake, dernier verrou avant Goma et ville dont s'étaient brièvement emparés les hommes de Nkunda en novembre 2006.

Des brigades "intégrées" (passées par le processus national de réforme de l'armée, dit de "brassage") continuaient à se déployer dans la région, progressant notamment dans le Rutshuru, sur un axe routier déserté par des soldats insurgés à la mi-août et où des rebelles hutus rwandais avaient repris position.

A Goma, 105 soldats insurgés qui avaient déserté les rangs de Nkunda ces dernières semaines ont été transférés mardi vers le camp militaire de Kitona, dans le Bas-Congo (ouest du pays), ont indiqué la Monuc et des sources militaires congolaises.

"Ces 105 +déserteurs+ nkundistes (...) ont exprimé leur volonté de partir au +brassage+", a déclaré à l'AFP Sylvie van den Wildenberg, porte-parole de la Monuc au Nord-Kivu.

Mercredi, la Monuc a une nouvelle fois relayé l'appel lancé jeudi par Kinshasa, enjoignant les troupes insurgées à se rendre dans des camps de brassage de la région, pour mettre fin aux violences dont "la première victime est la population civile", a souligné Mme van den Wildenberg.

Elle a par ailleurs dénoncé des "arrestations arbitraires et illégales" de civils, dont une journaliste de la télévision nationale congolaise, menées ces derniers jours à Goma par différents services de sécurité.

Des représentants de la société civile de Goma ont aussi dénoncé des "vagues d'arrestation" visant notamment des civils tutsis et des militaires suspectés d'entretenir des liens avec le camp Nkunda.

Selon des sources sécuritaires internationales, 12 Rwandais, dont certains porteurs de cartes de démobilisés de l'armée rwandaise, ont été arrêtés dans le cadre de ces mêmes opérations et ont été remis aux autorités rwandaises au poste frontalier de Gisenyi, voisin de Goma.