Budget 2007, sécurité, salaires, transport, éducation et santé: Gouvernement Gizenga : finie la période de grâce
24 février – 24 mai 2007. Le gouvernement Gizenga totalisera, dans
trois jours exactement, trois mois d’existence. Juste la période de
grâce lui accordant les faveurs de l’indulgence. Ce ne sera plus le cas
désormais. Il sera jugé par les actes qu’il aura posés sur le terrain.
A travers sa capacité d’agir vite et bien face à n’importe quelle
situation tant dans le domaine militaire, politique, économique que
social. Plus question de faux-fuyants, ni de subterfuges pour se
disculper. Ce qui n’exclut plus la levée des options sur les motions
d’interpellation et de censure.
Il n’y aura plus de circonstances atténuantes pour le gouvernement
Gizenga. Dans trois jours exactement, il aura totalisé trois mois
d’existence. Il sera désormais jugé à travers sa capacité de remettre
la population au travail, d’assurer la sécurité des biens et de
personnes.
En effet, investi le 24 février 2002 par l’Assemblée nationale, la fin
de la période de grâce intervient ce 24 mai 2007. A dater de le jour,
le gouvernement n’aura plus d’excuse pour justifier certaines
insuffisances. En tant que gouvernement, il a hérité l’actif et le
passif des gouvernements précédents. Brandir leur mégestion pour
expliquer le déficit dans plusieurs domaines de la vie ne serait plus
qu’irresponsable, et acte sera pris avec toutes les conséquences
constitutionnelles qui en découlent.
Conscient certainement de la fin de cette échéance de la période de
grâce, le gouvernement entre en séminaire dès demain, mardi 22 mai
jusqu’ au 24 mai. Officiellement pour sensibiliser les membres du
gouvernement aux nouvelles technologies de l’information et de la
communication. Il serait trop naïf de croire que le gouvernement devra
se réunir deux jours seulement pour parler des technologies de
l’information et de la communication. Ce serait trop beau pour être
vrai.
Cependant, quand on jette un regard rétrospectif sur les premiers jours
du gouvernement Gizenga, ce séminaire vise particulièrement à faire
l’état des lieux de ces trois mois d’existence. Et éventuellement tirer
toutes les conséquences qui s’imposent de cette période d’exercice de
l’Exécutif.
DES MOTIONS EN L’AIR
Mais voilà que les premiers signaux laissent transparaître des «
éclairs » en l’air. La première menace porterait sur le dépôt du projet
de Loi budgétaire. Selon les dispositions constitutionnelles, le budget
doit être déposé pendant la session budgétaire afin qu’il soit examiné
et adopté. Or, la présente session qui a un double volet, est également
budgétaire. Mais elle se termine le 15 juin prochain. Pratiquement,
l’Assemblé nationale et le Sénat ne disposent plus que de 25 jours pour
clore cette session. Cependant, jusqu’à ce jour, ce budget n’est pas
encore déposé devant le Bureau de l’Assemblée nationale. En plus, il
est impossible qu’il soit examiné, amendé et adopté en l’espace de 25
jours. Au maximum, le Parlement met deux mois pour ce faire. C’est dire
que jusque fin juillet, le Gouvernement ne disposera pas de son budget.
Deux éventualités se présentent en ces moments. Une motion pourrait
intervenir contre le gouvernement conformément à l’article 126 de la
Constitution alinéa 6 « Si dans quinze jours avant la fin de la session
budgétaire, le gouvernement n’a pas déposé son projet de budget, il est
réputé démissionnaire ». Logiquement, le projet de budget devra être
déposé au plus tard le 30 mai. L’Assemblée nationale ne disposera alors
que de 15 jours pour autant que la session prend fin le 15 juin
prochain.
L’on pourrait en ces instants envisager la deuxième éventualité : la
convocation d’une session extraordinaire de l’Assemblée nationale.
L’affaire ne paraît pas du tout facile à gérer. Mais les intérêts
supérieurs de la Nation s’imposant, un compromis interviendrait
sûrement.
La deuxième vague des motions résulterait des rapports de Bundu dia
Kongo et Kahemba, sans oublier la situation militaire dans l’Est du
pays avec l’affaire Nkunda et la convocation d’une Table ronde pour le
Nord et Sud-Kivu.
Les premiers signaux ont été enregistrés lors d’un débat portant sur
l’audition du Rapport des massacres du Bas-Congo. A la suite de la
motion de l’honorable Vuemba, les députés étaient partagés entre
l’audition de ce rapport à huis clos et la transmission en direct par
la radio et la télévision de la plénière. L’on ne serait pas surpris
qu’à la présentation des conclusions, ceux des députés qui ne seraient
pas satisfaits du contenu de ce rapport déposent une motion
d’interpellation à charge du ministre de l’Intérieur, déjà sollicité
par la question orale.
Autre motion certainement attendue est celle se rapportant à la
décision prise par le gouvernement de classer l’ Affaire Kahemba en se
fiant aux résultats techniques des commissions d’enquête initiées par
l’Exécutif. Une démarche qui surclasse le travail entrepris par
l’Assemblée nationale et qui n’est pas encore rendu public. Pourquoi
cette démarche et que visait-elle ? Interrogation pertinente.
Entre-temps, il y a l’initiative du gouvernement d’organiser une table
ronde dans le Nord et Sud-Kivu en vue de parvenir à des solutions
durables sur la coexistence pacifique entre les ethnies et tribus
vivant dans cette partie du pays où l’insécurité et la violence sont
récurrentes. Initiative encourageante, certes, mais qui intervient au
moment où le général dissident Nkunda dénonce le mixage. Or, cette
question a été évoquée à l’Assemblée et a nécessité une question orale
à l’endroit du ministre de la Défense. Les préoccupations des députés
étaient donc réelles qu’elles engendrent maintenant une nouvelle
démarche tant politique, militaire, judiciaire qu’ économique, selon le
compte rendu de la dernière réunion du gouvernement du 16 mai dernier.
Dans les couloirs de l’Assemblée nationale, l’on s’interroge sur la
forme et le contenu de cette Table ronde, les accords signés entre les
délégués du gouvernement avec Nkunda et comment expliquer cette
médiation de Kigali dans cette affaire ( ?). Quel serait ensuite
l’impact de cette table ronde et ne risque-t-elle pas de susciter
d’autres initiatives semblables, notamment en Ituri, le deuxième ventre
mou de la République démocratique du Congo ? Surtout que ce « couloir »
évoqué en pleine tuerie des populations en Ituri est en train de
devenir une réalité avec ce déplacement des anciens démobilisés de
l’Ituri vers le grand Kivu. A tout prendre, les prochains jours
s’annoncent cruciaux pour le gouvernement Gizenga. Il sera désormais
jugé par des actes et sans faux-fuyants.