L'ancien vice-président de la République démocratique du Congo (RDC), Jean-Pierre Bemba, a embarqué mercredi dans un véhicule de l'ONU pour gagner l'aéroport de Kinshasa, d'où il s'envolera pour des soins médicaux au Portugal, a-t-on appris de source diplomatique.

Un convoi de 8 véhicules, dont 4 blindés de l'ONU, a quitté vers 00H45 (23H45 GMT) la résidence de l'ambassade d'Afrique du Sud où le chef du Mouvement de libération du Congo (MLC), premier parti d'opposition du pays, était "hébergé" depuis le 22 mars, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Le convoi a pris la direction de l'aéroport international de Kinshasa, à environ 15 km à l'est, où un avion privé du sénateur Bemba, un Boeing 727, attend sur le tarmac depuis plusieurs heures, selon une source aéroportuaire.

Accompagné de son épouse et de ses cinq enfants, l'adversaire malheureux de Joseph Kabila à la présidentielle de 2006 quitte officiellement le pays pour des soins à une ancienne fracture à la jambe dans une clinique de Lisbonne.

Cette évacuation sanitaire intervient près de trois semaines après les combats meurtriers qui ont opposé les 22 et 23 mars, en plein coeur de Kinshasa, l'armée régulière et la garde rapprochée de M. Bemba, qui a été totalement défaite.

Ces combats, qui ont fait plus de 200 morts selon des sources diplomatiques, sont les plus violents qu'ait connu la RDC depuis les élections générales de 2006, qui ont mis fin à une difficile transition politique après une guerre de près de cinq ans (1998-2003).

Après la défaite de ses troupes, qu'il refusait de voir intégrer les rangs de l'armée régulière pour des raisons de sécurité, le sénateur Bemba avait été accusé part le pouvoir d'entretenir "une milice".

Le parquet général avait ouvert une "information judiciaire" qui pourrait déboucher sur des poursuites contre cet ancien chef rebelle.

Dans ce contexte, le sénateur Bemba, actuellement couvert pas son immunité parlementaire, avait demandé à être évacué pour des soins au Portugal.

En dépit de son engagement à n'avoir "aucune activité politique" sur le sol portugais et d'un "accord de principe" de la présidence, les discussions ont duré près de 15 jours avant qu'un feu vert soit finalement donné lundi soir par le président du Sénat.

Son transfert à l'aéroport de Kinshasa est sécurisé par la Mission de l'ONU en RDC (Monuc), actuellement la plus importante opération de maintien de la paix dans le monde, avec plus de 17.000 Casques bleus.