Jean-Pierre Bemba n’ira ni en prison, ni encore moins en exil. Les ambassadeurs européens ont établi la responsabilité du gouvernement dans les affrontements armés du 22 au 23 mars dernier. L’Union européenne négociait depuis dix jours avec les deux parties sur le désarmement de la garde de Bemba ...

Jean-Pierre Bemba, dont la garde personnelle a affronté l'armée la semaine dernière à Kinshasa, devrait se rendre samedi au Portugal pour y soigner une blessure au cou, déclare à la presse l'ambassadeur d'Afrique du Sud à l'Onu, Dumisani Kumalo.

Les heurts ont éclaté jeudi lorsque les miliciens de Bemba, adversaire malheureux de Joseph Kabila à la présidentielle d'octobre dernier en République démocratique du Congo, ont refusé d'intégrer les rangs de l'armée nationale.

Les combats à l'arme lourde se sont achevés vendredi soir et Bemba, qui fait l'objet d'un mandat d'arrêt pour haute trahison, s'est réfugié à l'ambassade d'Afrique du Sud.

L'ambassadeur d'Allemagne en République démocratique du Congo (RDC) a estimé mardi que les affrontements avaient fait entre 200 et 600 morts.

"Des indications tout fait claires émanant des hôpitaux et des morgues aboutissent à un chiffre compris entre 200 et 600 (morts)", a dit Karl-Albrecht Wokalek lors d'une conférence de presse à laquelle participaient d'autres ambassadeurs de pays membres de l'Union européenne.

Pour ces derniers, cette flambée de violence a infligé un coup sévère au délicat processus démocratique dans l'ancien Congo belge, théâtre entre 1998 et 2003 d'une terrible guerre civile.

USAGE PRÉMATURÉ DE LA FORCE

"Nous souhaitons voir les autorités s'engager réellement pour accepter le rôle légitime et important de l'opposition politique", a déclaré l'ambassadeur britannique, Andy Sparkes.

Les diplomates européens ont publié un communiqué conjoint condamnant "l'usage prématuré de la force" et l'un d'eux a jugé cette réaction "disproportionnée".

Lundi, le chef de l'Etat a juré de traquer les responsables de la flambée de violence, assurant qu'il n'y avait plus rien à négocier avec Bemba.

Le lendemain, le gouvernement sud-africain a précisé que celui-ci n'avait pas déposé de demande d'asile officielle, mais qu'il était autorisé à rester dans l'ambassade aussi longtemps que nécessaire.

"Nous tenons absolument à ce que les négociations s'achèvent le plus tôt possible, parce qu'il n'est pas bon pour lui pas plus que pour notre travail d'avoir une situation de la sorte dans notre ambassade", a toutefois précisé le vice-ministre sud-africain des Affaires étrangères, Aziz Pahad.

Les affrontements de la semaine dernière ont constitué le plus important accès de violence à Kinshasa depuis l'élection présidentielle qui, sous la supervision des casques bleus de la Monuc et d'une petite force européenne, a vu la victoire de Joseph Kabila.