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LOSAKO
13 mars 2007

Angola – RDC : crise frontalière

angola_congolais20040507Ce n’est plus une affaire anodine. L’occupation des villages du territoire de Kahemba par des forces armées angolaises n’est pas non plus un fait divers. Le problème est maintenant réel et au centre des préoccupations des autorités congolaises et angolaises.

A l’image des îles Kouriles opposant Japonais aux Russes ; la presqu’île de Bakassi entre le Cameroun et le Nigeria ; le Territoire de Kahemba dans la province de Bandundu fait déjà bouger les Congolais et les Angolais. On est en train de déterrer un dossier qui daterait de 1891 sur le tracé des frontières. La crise est déclarée.

Depuis le 29 janvier 2007, il se passe quelque chose de pas du tout « propre » dans la province du Bandundu. En effet, il se confirme désormais que depuis cette date, des forces armées angolaises occupent onze des localités du territoire de Kahemba, dans la province du Bandundu. Bien plus, elles ont implanté le drapeau angolais. Ce dernier acte ne signifie rien d’autre qu’une invasion.

A en croire la déclaration faite dernièrement à la presse par des députés nationaux originaires du Kwango, les villages suivants sont sous occupation étrangère : Shakadiata, Shahono, Kahumbandi, Kabengele, Shamufika, Kabangunzi, Tshakala, Shanimbwanda, Shahidi et Shashindingi. Les éléments angolais qui occupent ces villages sont lourdement armés et qu’en plus une piste d’atterrissage pour hélicoptères est aménagé en vue de renforcer le dispositif militaire.

La simple rumeur selon laquelle on poursuivrait des « sans papiers » ainsi que des éléments de Flec et Flac, les forces armées cabindaises, est battue en brèche. Elle est en train de se transformer plutôt en une violation de l’intégrité d’un territoire étranger, portant ainsi atteinte à la souveraineté nationale. Si l’on tient compte de ce qui se passe en ces moments sur le terrain, avec la présence des experts des deux pays, l’on s’apprête à remettre en cause les limites des frontières héritées de la colonisation pour autant qu’il est de plus en question du tracé des frontières. Voilà une nouvelle donne qui risque de créer des émules dans la sous-région, réveillant ainsi les vieux démons, fervents partisans de l’extension des limites géographiques vers d’autres pays : l’une des causes principales des dernières guerres d’invasion que la RDC ait connues.

Dans son point de presse tenu le lundi 12 mars à l’Inspectorat général de la Police, le ministre d’Etat en charge de l’Intérieur est revenu sur cette situation qui a tout l’air de devenir complexe. Le général Kalume a reconnu que le problème qui se pose maintenant est la ligne de démarcation. Les archives datent de 1891. Elles existent en plus de ce fait que les bornes ont été placées en 1893. Les équipes des experts qui sont sur le terrain et qui étaient attendues hier lundi travaillent dans le sens de reconnaître la ligne de démarcation et retrouver les quatre bornes qui y ont été placées. Trois d’entre elles ont été retrouvées, sauf une seule. Les recherches se poursuivaient encore jusqu’hier.

La délégation angolaise qui sera certainement conduite par le ministre de l’Intérieur angolais est attendue ce mardi 13 mars à Kinshasa pour des entretiens avec les autorités congolaises. Déjà, les gouverneurs de Bandundu et celui de Lunda Norte, partie angolaise, avaient été invités à résoudre rapidement cette situation.

Car, s’il faut interpréter les propos des uns et des autres, cette portion de terrain ressemblerait à un « no man’s land », partie qui, autrefois, était occupée par les éléments de l’Unita. « Nous n’avons pas le droit d’hypothéquer un seul mètre carré de notre territoire national », a souligné le ministre d’Etat chargé de l’Intérieur.

KOURILES, BAKASSI … ET MAINTENANT KAHEMBA

Evidemment, la question est celle de savoir pourquoi l’Angola a attendu tout ce temps pour relancer le dossier. Ensuite, comment expliquer cette tendance à vouloir imposer une solution militaire en occupant le territoire congolais sans y être invité alors que les deux pays pouvaient procéder par voie diplomatique ?

Au fait, cette situation rappelle à bien d’observateurs le cas des îles Kouriles, au large du Japon, et qui sont occupées militairement par les Russes dès 1945. Depuis la fin de la guerre froide, le Japon continue à réclamer, sans succès, le retour de ces îles sous sa souveraineté.

En Afrique, le différend de la presqu’île de Bakassi entre le Cameroun et le Nigeria a fait de nombreux morts, de part et d’autre, les deux pays ayant recouru à leurs armées pour contrôler ce territoire. Certes, ils ont saisi la Cour de La Haye qui a tranché en faveur du Cameroun. Est-ce autant dire que le conflit est enterré ?...

Le différend du territoire de Kahemba risque de suivre le même schéma. Le fait de maintenir une présence militaire en cet endroit n’est pas du tout porteur d’un message de paix. A moins que ces liens de consanguinité qui unissent l’Angola et la RDC agissent sur les politiques pour qu’ils parviennent rapidement à un règlement pacifique.

Mais pourquoi tous ces faits qui accusent les mêmes similitudes ? Aux îles Kouriles, c’est le pétrole qu fait courir le Japon et la Russie en plus de ce fait que ces îles sont d’une importance stratégique indéniable. En ce qui concerne la presqu’île de Bakassi, cette portion de terre est riche en pétrole. L’or noir qui fait courir plusieurs nations, règle et dérègle les économies nationales. Enfin, le territoire de Kahemba qui fait frontière avec l’Angola dispose des cours d’eau qui contiennent du diamant.

Le coin est transformé en un eldorado tant il est vrai que pendant la longue guerre civile qui a marqué l’Angola, l’Unita a pu disposer d’une « vraie économie de guerre » . Et par ces temps qui courent, les exploitants de diamant ont fait de ce coin un lieu privilégié.

GOUVERNEMENT ET PARLEMENT INTERPELLES

Au regard de ce qui précède, il revient au Gouvernement et au Parlement de se saisir du dossier et d’apporter rapidement la solution qui convient. Certes, l’Angola demeure un pays ami qui a assisté la Rdc à des moments difficiles. Il demeure mieux placé, pour avoir été aux côtés de la Rdc pour qu’elle défende son intégrité territoriale et sa souveraineté nationale d’aboutir rapidement à une issue heureuse.

Evidemment, on ne peut que condamner ce laxisme dans la perception des faits et cette lenteur dans l’art de communiquer à la population des situations susceptibles de devenir vraiment complexes, car, il est de plus en plus établi qu’ on avait conféré à ce problème la dimension d’un fait anodin.

Au regard de toute cette bousculade, cette crise frontalière réunit toutes les conditions de devenir un fait majeur au risque de jeter le brouillard sur les relations, jusque là excellente, entre la Rdc et l’Angola. Il y aurait-il des forces centrifuges qui ont tout intérêt que ça se gâte entre les deux pays ? Question vraiment pertinente. La balle est dans le camp du Gouvernement et du Parlement, Assemblée nationale et Sénat compris.

Il faut vider totalement ce contentieux pour éviter d’autres interprétations sélectives.

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