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LOSAKO
22 février 2007

Gizenga : un démarrage difficile

Trop d’événements en quelques semaines en République démocratique du Congo. Violence meurtrière au Bas-Congo avec le phénomène Bundu dia Kongo ; déficit monstrueux en un mois de l’ordre de 26 milliards de Fc ; poursuite des combats aux Kivu faisant plusieurs dizaines de morts avec les éléments des Fdlr. Et depuis le début de cette semaine, les forces armées angolaises occupent plusieurs localités congolaises dans le territoire de Kahemba, province de Bandundu. Autant d’événements qui suscitent des inquiétudes. C’est dire que le Premier ministre Antoine Gizenga risque de connaître un démarrage difficile.

Lundi 19 février 2007, le général Kalume, ministre d’Etat en charge de l’Intérieur, de la Sécurité et Décentralisation, annonçait à la presse que des Forces armées angolaises avaient envahi certaines localités congolaises dans le territoire de Kahemba, province de Bandundu. Des contacts avaient été établis, faisait-il remarquer, avec les autorités angolaises pour tirer cette situation au clair. Question de ramener le calme entre les deux pays. Une situation qui intervenait juste au moment où les autorités angolaises avaient pris la décision d’expulser les ressortissants congolais, sans ménagement, de l’Angola.

Devant cette situation de violation du territoire national par des troupes armées étrangères, fussent-elles d’un pays ami, sans qu’elles y soient invitées, le ministre sortant des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a convoqué le chargé d’affaires intérimaire de l’Angola pour s’entretenir avec lui de cette situation qualifiée « d’inacceptable » par les autorités congolaises. Il ressort de cet entretien que des localités suivantes seraient occupées par des troupes angolaises : Shayimbwanda, Shayingi, Tshilanoke, Shakadiata, Kambathanda, Shamufuka, Shawano, Kambangundji, Shandala et Tshikalu, dans le territoire de Kahemba. Une note de protestation destinée au gouvernement angolais a été remise au chargé d’Affaires a.i. dans laquelle la partie congolaise exige le retrait immédiat de ces éléments armés de ces localités.

Entre-temps, le ministre de l’Intérieur s’est rendu sur place pour se rendre compte effectivement de la réalité sur le terrain. Mais bien avant cet incident, il y a eu dans la province du Bas-Congo, des incidents meurtriers qui ont provoqué la mort d’une centaine d’hommes, civils et forces de l’ordre. L’on attend les résultats des enquêtes sur ce qui est convenu d’appeler désormais le « phénomène Bundu dia Kongo » en vue d’établir la part de responsabilités.

COMBATS AU KIVU

Presqu’au même moment, des combats sont signalés dans les deux Kivu. Plus particulièrement à Minembwe et Nyakakoma. Si les affrontements de Minembwe opposent les éléments des Fardc à ceux appartenant à l’ex-mouvement rebelle armé, RCD, ceux de Nyakakoma concernent les Fardc contre les rebelles hutus rwandais. Affrontements qui mettent en péril la vie des populations locales et freinent le rétablissement de l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du pays.

En effet, toujours au Kivu, aucune solution définitive n’est encore intervenue dans le cas qui concerne particulièrement les éléments de l’ex-général Nkunda et lui-même. Le mixage dont il est question n’est qu’une solution palliative pour autant qu’elle ne peut favoriser le processus intégral de la réforme de l’Armée. Pour preuve, en Ituri, le seigneur de guerre Peter Karim exige également le mixage et non le brassage des éléments de sa milice. Or, un dernier communiqué de l’Etat-Major général des Fardc souligne que le brassage est obligatoire pour tout élément des FARDC. D’où l’obligation faite à l’endroit de ceux qui ne sont pas brassés de rejoindre les lieux de rassemblement pour gagner les centres de brassage. Reste à savoir si l’ordre a été respecté, surtout par des éléments faisant partie de la garde rapprochée des anciens chefs des composantes. Si ces instructions ne sont pas respectées par ceux-là, il y a toujours péril en la demeure.

LE DEFICIT MONSTRUEUX DE 26 MILLIARDS DE FC

Comme si tous ces bruits de botte ne suffisaient pas, voilà qu’il est porté à la connaissance du public le cas d’un déficit monstrueux dans le compte général du Trésor public. En effet, pour les mois de janvier-février, les Finances publiques ont accusé un déficit monstrueux de l’ordre de 26 milliards de Fc. Le non respect de l’orthodoxie financière par l’équipe gouvernementale sortante est à la base de cette situation aux conséquences imprévisibles. Une situation qui met le gouvernement Gizenga dans une situation embarrassante pour autant qu’il aura difficile à élaborer le Budget 2007 sur base des éléments fiables et des données encourageantes.

Au demeurant, tous ces faits ramassés suscitent plusieurs interrogations doublées d’ inquiétudes. Qu’est-ce qui se prépare pour qu’il y ait cette cascade et coïncidence des faits aussi graves ?

Il n’y a plus de doute : la République démocratique du Congo n’est pas encore sortie de l’auberge : elle est en danger. Ces faits confirment bel et bien les inquiétudes exprimées par Crisis Group et Amnesty international sur la réforme de l’Armée, car en cas d’échec, le processus politique en pâtirait et la Rdc serait toujours menacée en continuant à subir les incursions étrangères. Il est révoltant que des forces armées étrangères, sans y être invitées, occupent dix localités comme si elles effectuaient une promenade de santé. Du côté du gouvernement, seul le ministre de l’Intérieur réagit, alors que la population aurait voulu une déclaration officielle du porte-parole du Gouvernement, même assurant les affaires courantes.

Parallèlement, il s’effectue des sorties importantes des sommes d’argent à la Banque centrale du Congo sans que l’on tienne compte de l’état réel des Finances publiques. Une telle insouciance est la caractéristique d’un « vide étatique » qu’il importe de combler rapidement. Il n y a plus qu’une alternative s’il est encore temps d’éviter le pire : investir le gouvernement issu des élections. Les choses ont beaucoup traîné, favorisant justement cette cascade des impondérables susceptibles de mettre le feu à la case.

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