La stabilité en RDCongo menacée en cas d'échec de la réforme de l'armée, selon Amnesty
La stabilité de la République démocratique du Congo (RDC), vaste pays d'Afrique centrale sortant de la guerre, est menacée "en cas d'échec de la réforme de l'armée", selon un rapport de l'organisation internationale de défense des droits de l'Homme Amnesty International.
Le programme de démobilisation et réinsertion des anciens combattants et la formation d'une nouvelle armée, initiés après la dernière guerre (1998-2003), "se déroule dans un contexte marqué par la persistance de graves atteintes aux droits fondamentaux, l'absence manifeste de volonté politique et l'inefficacité de l'encadrement des soldats", souligne Amnesty dans un rapport publié jeudi et transmis à l'AFP à Kinshasa.
"Symptomatique d'une transition chaotique", entamée en 2003 et sanctionnée par des élections en 2006, "la façon dont est conduite la réforme de l'armée risque de compromettre l'ensemble du processus politique et la stabilité future du pays", prévient l'organisation.
Amnesty appelle à "mettre en place de toute urgence des mesures" permettant "d'exclure de l'armée ceux qui sont raisonnablement soupçonnés d'avoir commis des atteintes aux droits humains", de pallier les "carences" des programmes liées à la réinsertion, de mieux former et doter les militaires, qui vivent pour nombre d'entre eux dans des "conditions effroyables".
L'ONG déplore que les Forces armées de RDC (FARDC), qu'il s'agisse des troupes non réformées ou des nouvelles brigades dites +intégrées+, soient actuellement considérées comme "responsables de la majorité des violations des droits de l'Homme dans le pays", encore en proie à des violences perpétrées par des groupes armés locaux ou étrangers dans les provinces volatiles de l'est.
Le rapport énumère une série de violations, dont l'exécution sommaire par des militaires d'au moins 32 civils retrouvés dans des fosses communes en septembre 2006 en Ituri (nord-est). Les auteurs présumés, accusés de crimes de guerre, appartiennent tous à la première brigade intégrée de la nouvelle armée.
Amnesty explique le "lien indissociable entre démobilisation et réforme", tous les combattants devant passer par le "tronc commun" de la démobilisation avant d'opter pour l'intégration aux FARDC ou la réinsertion à la vie civile. A travers de nombreux témoignages, l'ONG montre qu'un échec du processus de démobilisation sème les germes de nouveaux conflits.
Démobilisés comme soldats actifs se plaignent d'avoir attendu pendant parfois près d'un an dans des camps militaires en vue d'une formation ou d'une aide à la réinsertion, certains choisissant de reprendre les armes.
L'ONG appelle le prochain gouvernement, attendu dans les jours qui viennent, à réviser en profondeur les actuels programmes, à éradiquer la corruption au sein des FARDC et à exiger des anciennes forces armées de restituer toutes leurs armes. Elle invite la communauté internationale à continuer à soutenir la Mission de l'ONU en RDC, qui dispose de 17.600 Casques bleus, déployés à 85% dans les provinces de l'est.