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LOSAKO
25 janvier 2007

Le roi Albert II se rendra au Congo, mais…

060102

Joseph Kabila est attendu, fin janvier, à Bruxelles. Le numéro un Congolais devrait, à cette occasion, remettre au souverain belge l’invitation à visiter la RD Congo, l’ancienne colonie. Le périple royal pourrait intervenir au mois de mars prochain. Initiée par les bonzes du MR (libéraux francophones), l’idée d’un tel voyage est soutenue, dit-on, par Guy Verhofstadt et le PS. « Avec des arrière-pensées électoralistes », clament des analystes. Une certaine Flandre est peu enthousiaste. Karel De Gucht en tête. Le chef de la diplomatie belge juge cette visite « prématurée ». Il est relayé par des chroniqueurs de la presse flamande qui dénoncent les excès du régime Kabila. Ambiance.

« Il n’est pas certain que le Souverain belge se rende en République démocratique du Congo. Il reste que la Belgique officielle est, dans sa globalité, favorable à ce voyage ». L’homme qui parle est un analyste des relations belgo-congolaises. En Flandre. Il faut dire que la quasi-totalité des journalistes qui traitaient le dossier « Zaïre-Congo », se sont reconvertis en matière européenne ou atlantique. Faute d’intérêts économiques. Lassitude. « Le Congo-Kinshasa a des potentialités mais ne représente plus grand-chose au niveau du commerce extérieur belge », dit un journaliste économique qui souligne que 80% des produits « Made in Belgium » sont vendus au sein de l’Union européenne. Mieux, il y a plus de Belges en Afrique du Sud qu’au Congo. Question : Que ce qui fait courir certains politiciens  francophones belges à Kinshasa ? Joseph Kabila est attendu, fin janvier, à Bruxelles. C’est la première visite qu’il effectue dans un pays Occidental depuis son élection controversée à la tête de l’Etat. Selon des sources, le déplacement du « raïs » congolais n’aurait qu’un seul objet : remettre au roi Albert II une invitation officielle à visiter la RD Congo. Lors de son investiture le 6 décembre dernier, le numéro un Congolais a été honoré par la présence d’une forte délégation gouvernementale belge. Une dizaine de ministres. Pas moins. Le Premier ministre, le libéral flamand (VLD), Guy Verhofstadt, en tête. L’Union européenne, elle, était représentée par l’inévitable commissaire européen au Développement et Aide humanitaire, Louis Michel, alias « Tonton Michel».

Autosatisfaction

De retour à Bruxelles, le ministre belge de la Coopération au développement, le libéral francophone Armand de Decker, s’était fendu d’un communiqué attribuant le succès du processus électoral dans l’ex-Zaïre à la diplomatie belge. « Le processus électoral au Congo est la plus grande réussite de la diplomatie belge depuis un quart de siècle, écrivait-il. C’est grâce aux efforts du Premier ministre Guy Verhofstadt, du commissaire  européen Louis Michel et de moi-même». De Decker avait omis – sciemment ? – un homme dans cette proclamation d’autosatisfaction. Il s’agit de son collègue en charge des Affaires étrangères, le libéral flamand Karel De Gucht. Depuis son arrivée à la tête de la diplomatie du royaume de Belgique, en 2004, l’homme est très critique à l’encontre du régime Kabila. « Je n’ai pas rencontré des hommes d’Etat au Congo », clamait-il, depuis la capitale rwandaise lors de sa première visite en octobre de cette année-là. Pour De Gucht, les « kleptocrates mobutistes » ont été remplacés par des « kleptocrates kabilistes ». Selon de bonnes sources, « Karel » n’est pas enthousiaste à cette visite royale. « C’est prématurée, confie-t-il en privée. Kabila doit d’abord démontrer que le Congo est effectivement entré dans une ère démocratique en termes de respect des droits humains et de bonne gouvernance ». Certains analystes allèguent, à tort ou à raison, que De Gucht a adopté cette posture pour avoir été exclu dans le communiqué précité de De Decker.

Contrats léonins

Il faut dire que le patron de la diplomatie belge a cessé d’être adulé depuis qu’il a engagé le pari de plaider pour la pérennité des « contrats léonins » signés par les caciques du kabilisme en matière minière au Katanga. Au motif, selon lui, que le Congo risquait d’avoir des procès en cascade. Selon des sources diplomatiques, « De Gucht paraît isolé et doit céder». Et ce dans la mesure où l’autre poids lourd politique, côté francophone, n’y voit aucun inconvénient. Il s’agit du président du parti socialiste, Elio di Rupo, qui a comme « représentant » le ministre belge de la Défense nationale, André Flahaut. Celui-ci est constamment entre deux avions sur l’itinéraire Bruxelles-Kinshasa et retour. Quelle est la motivation profonde de cette visite royale ? « Elle est double, commente un analyste belge. D’une part, les personnalités politiques qui se sont arrogés le succès du processus électoral en RD Congo entendent percevoir des dividendes pour « service rendu » et ce y compris la reconduction de l’équipe Verhofstadt lors des élections législatives prévues le 10 juin prochain. D’autre part, ajoute-t-il, ces mêmes personnalités veulent profiter de cette visite pour que le Roi Albert donne à Joseph une sorte d’onction royale. Cet adoubement rendrait l’opposition congolaise plus aphone que maintenant... » N’empêche. Les réserves exprimées par Karel De Gucht semblent trouver quelques échos dans la presse flamande. Dans son édition datée du 15 janvier, le très influent quotidien flamand « De Standaard », proche des milieux catholiques, publie une tribune intitulée « Le Roi ne doit pas encore se rendre au Congo ».

Visite prématurée

L’auteur n’est autre l’ancien journaliste-vedette Walter Zinzen de la télévision publique flamande. Une des plumes les plus respectées au Nord de la Belgique. « C’est prématuré », assène-t-il en liminaire en relevant que « trop d’incidents » émaillent encore la « période post-électorale ». Zinzen de citer à l’appui de sa thèse notamment l’arrestation de l’avocate et candidate à la présidence de la République Marie-Thérèse Nlandu et des graves atteintes aux droits humains, à travers le pays, imputables à l’Agence nationale des renseignements (ANR) ainsi qu’aux éléments de la police et des Forces armées de la RD Congo. Pour Zinzen, « ça sent encore le souffre » et un « arrière-goût mobutiste ». Le journaliste de s’en prendre à ceux qui pilotent ce projet. « C’est presque incroyable de constater que certains politiciens et certains hommes d’affaires veulent commettre à nouveau, à la vitesse de la lumière, dans le Congo de Kabila, toutes les erreurs qu’ils ont commises dans le Zaïre de Mobutu.» Et d’épingler Armand De Decker et l’homme d’affaire Belgo-congolais Georges Arthur Forrest. Celui-ci a déclaré dans une interview accordée à l’hebdomadaire flamand « Knack » que « le président Kabila mérite la confiance du gouvernement belge ». Notons que Forrest porte le titre de « conseiller du royaume de Belgique pour le commerce extérieur ». Un titre que confère le Roi sur proposition du ministre des Affaires étrangères. Dans son édition datée de mercredi 17 janvier, l’hebdomadaire « Knack » publie, sous la signature de son directeur et rédacteur en chef Rik Van Cauwelaert,  un éditorial intitulé « Bwana Kitoko II ».

Droits humains

Le journaliste relève que « la discussion au sein du gouvernement belge sur une visite royale au Congo penche vers un « oui ». Ajoutant : « L’empressement des libéraux francophones (…) est surprenant, pour ne pas dire suspect ». Van Cauwelaert de s’appesantir également sur la situation des droits et libertés. « Le rapport mensuel sur les droits de l’homme de la Mission des Nations Unies au Congo se laisse-t-il lire comme un catalogue de tous les méfaits et horreurs imaginables, souvent commis par des soldats et officiers de l’armée congolais », écrit-il. « Des rapports sur le pillage des richesses du sol congolais avec l’aide de Kabila et de son entourage sont vite dissimulés sous le tapis ». Evoquant le cas de Me Nlandu, le journaliste relève qu’un diplomate belge « suit l’affaire, mais une protestation officielle, sans parler d’une demande d’explication du côté belge, est exclue ». « Kabila se maintient avec l’appui de financiers obscurs et de criminels de guerre qui, d’après les Nations Unies ont été incorporés dans l’armée congolaise ». Et de conclure : « Légitimer internationalement ce régime par une visite du chef de l’Etat belge n’est pas seulement téméraire. Ce serait aussi criminel ». Lors de sa toute dernière visite au Congo, alors Zaïre, à l’occasion du 25è anniversaire de l’accession de l’ancienne colonie belge à l’indépendance, le roi Baudouin 1er avait, dans son allocution, fait un mémorable « réquisitoire » sur l’exigence démocratique et du respect des droits humains.  Certains analystes assurent que le régime mobutiste n’a jamais su se relever…

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  • Le porte-voix de tous ceux qui cherchent vainement dans quel forum de ce monde, ils peuvent se faire entendre.. Oui, je veux donc parler au nom de tous les « laissés pour compte » parce que « je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger ».
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