La capitulation de Bemba ne fait plus l'ombre d'aucun doute
Après une interruption de 3 jours, dûe à un incendie criminel, la Cour suprême de justice de la République démocratique du Congo (RDC) a repris vendredi à Kinshasa l'examen du recours déposé par le vice-président Jean-Pierre Bemba contre les résultats de la présidentielle.
Au cours des deux jours écoulés, deux convois transportant au total moins d'une centaine d'hommes, alors que ceux attachés à sa sécurité seraient environ un millier, ont quitté la capitale pour Malaku - à environ 80km au nord-est de KInshasa - où le vice-président possède une résidence.
Pour des raisons pratiques et par sécurité, la Cour suprême de justice a été délocalisée au ministère des Affaires étrangères, la salle d'audience où elle siège habituellement ayant été saccagée mardi par des partisans du vice-président Bemba.
"Nous reprenons notre séance interrompue à la suite des événements qui ont éclaté mardi à la Cour suprême de justice (CSJ)", a déclaré le juge Kalonda Kele, qui présidait l'audience.
La séance de vendredi a été consacrée à des questions de procédure. Elle a été levée en milieu d'après-midi à la demande des avocats de M. Bemba, et doit reprendre, sur le fond, samedi à 09H00 (08H00 GMT).
Cependant, les observateurs internationaux et nationaux ont estimé que le scrutin et la compilation des résultats avaient été dans l'ensemble "transparents".
L'arrêt de la CSJ est attendu, probablement, dans une semaine, et le président élu devrait prêter serment début décembre.
Selon les résultats de la CEI, le chef de l'Etat sortant Joseph Kabila (58,05%) l'a emporté devant M. Bemba, avec environ 2,6 millions de voix d'avance.
La présidentielle, les législatives et les provinciales organisées cette année en RDC constituent les premières élections libres et démocratiques depuis 41 ans dans l'ex-Zaïre, immense pays d'Afrique centrale doté de richesses naturelles colossales mais ruiné par des années de guerre et de mauvaise gestion.
La présence, dans la capitale, de militaires dépendant des deux candidats est considérée comme la principale source de tensions.
Mercredi, le ministère de l'Intérieur avait demandé la "délocalisation" de militaires attachés à M. Bemba pour éviter tout nouveau trouble dans la capitale après les violences armées qui se sont déroulées mardi aux abords de la CSJ, voisine de la résidence officielle du vice-président.
Il y a "une certaine mollesse" dans la mise en oeuvre du redéploiement, a reconnu un officier supérieur de l'état-major général de l'armée congolaise, qui a laissé entendre que les soldats des FARDC (armée nationale) n'avaient pas de reçu de consigne claire de leurs supérieurs directs.
"L'objectif est de (transférer) 300 hommes, sur les 600 officiellement à Kinshasa", a-t-il ajouté, affirmant que les transferts vers Malaku de militaires attachés à M. Bemba, continueraient dans les prochains jours.
"Si le mouvement ne s'accélère pas, on peut craindre le pire", a cependant mis en garde un officier occidental.
Vendredi, des fonctionnaires des ministères du quartier de la Gombe, théâtre des heurts des derniers mois, ont quitté leurs bureaux dès le milieu de l'après-midi, craignant de nouveaux troubles, a constaté un journaliste de l'AFP.