Le Sud-Soudan est devenu le plus jeune pays du monde, samedi, en se séparant officiellement du Soudan après cinq décennies de guerre qui ont coûté la vie à des millions de personnes.

Dans la capitale du nouveau pays, Juba, les rues vibraient d'excitation. Des résidants ont dansé et joué des percussions en scandant le nom du président, Silva Kiir. Un homme s'est penché et a embrassé le sol, tandis qu'un groupe circulait en chantant: «Nous ne nous rendrons jamais, jamais, jamais».

«Je suis libre!» s'est exclamé avec un grand sourire Daniel Deng, un policier et ancien soldat de 27 ans.

La République du Sud-Soudan a proclamé son indépendance à 12h01 samedi, divisant en deux le plus grand pays d'Afrique, point culminant d'un processus lancé à la suite de l'accord de paix de 2005, qui a mis fin à la guerre entre le Nord et le Sud.

La population avait appuyé le projet d'indépendance lors d'un référendum, en janvier dernier.

La République du Sud-Soudan devrait devenir le 193e pays reconnu par les Nations unies la semaine prochaine, et le 54e pays africain membre de l'organisation.

Plus tard samedi, des dirigeants étrangers participeront à une cérémonie officielle à Juba. Une trentaine de chefs d'État africains sont notamment attendus. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, est déjà sur place. L'ancien secrétaire d'État américain Colin Powell, qui a participé à la conclusion de l'accord de paix de 2005, doit y participer, de même que le président soudanais Omar El-Béchir, dont le pays a officiellement reconnu la République du Sud-Soudan vendredi, mais qui reste très impopulaire à Juba.

Les célébrations nocturnes de samedi étaient joyeuses, mais plusieurs avaient en tête la mémoire de leurs proches morts dans la guerre avec le Nord. Au moins deux millions de personnes ont été tuées dans la dernière guerre civile au Soudan, de 1983 à 2005.