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LOSAKO
24 avril 2011

Bruxelles : Manifestation anti-Kabila et soutien à Tshisekedi

kabila_degage2A l’initiative de plusieurs formations politiques et des associations congolaises, plus d’un millier des Congolais venus des provinces belges, de la France, des Pays-Bas, du Royaume-Uni et de la Suisse ont manifesté samedi 23 avril. Deux messages sortaient du lot : «Kabila dégage !», «Soutien à Tshisekedi». Plusieurs sous-officiers et officiers des Forces armées zaïroises, habillés en treillis, ont participé à cette marche qui a démarré à la Porte de Namur, via l’ambassade de la RD Congo à Bruxelles, jusqu’à la Place Schumann où se trouve le siège de l’Union Européenne. Ancien officier de la Garde civile, Aimé Boluwa a lancé un appel aux militaires et policiers congolais en les exhortant de s’abstenir de toute brimade à l’endroit de leurs compatriotes qui vont assister au meeting que doit animer Etienne Tshisekedi wa Mulumba ce dimanche 24 avril 2011 à Kinshasa.

Lors de la conférence-débat organisée, samedi 16 avril, par la «DTP» (Dynamique Tshisekedi Président), des tracts appelant à manifester le 23 avril ont été distribués par quelques activistes. «Grande manifestation Kabila Dégage 2 – le 23 avril 2011, pouvait-on lire. «Ça fait dix ans que Kabila est au pouvoir ? Ça fait dix ans que rien n’a changé au Congo. Ça fait 50 ans que le peuple congolais souffre par manque d’hôpitaux, d’écoles, d’emplois, de salubrité, d’électricité, d’eau… » «Pour tromper les peuples congolais, Kanambe alias Kabila nous a présentés les «5 chantiers» pour amener le peuple à voter pour lui. Puisque nous savons que les «5 chantiers» n’aboutiront à rien, nous demandons qu’il dégage et laisse la place à un nouveau président qui va installer la paix sur toute l’étendue du territoire national (…), former une véritable armée nationale qui va sécuriser la population et défendre nos frontières.»



kabila_degage8"Kabila dégage 2 !"

Bruxelles. Samedi 23 avril. Il est 14 heures, lorsque le rassemblement commence au Quartier Matonge à La Porte de Namur. La circulation est interrompue sur la portion de la chaussée de Wavre, comprise entre la chaussée d’Ixelles et la rue Edimbourg (Franckart). Il est 15h30. Plusieurs centaines de manifestants sont prêts à marcher. Combien étaient-ils? Mille ? Mille cinq cent ? Selon la police fédérale, citée par les médias francophones belges (RTBF et RTL-Tvi), les protestataires étaient au nombre de huit cent.

Des chants guerriers fusent : «Iyolé, Iyolélé zamba zamba !». Il est 16h00, lorsque les «marcheurs» sont arrivés au croisement de la rue Montoyer et de l’avenue Marie de Bourgogne. L’immeuble abritant la Chancellerie de l’ambassade de la RD Congo se trouve au numéro 30 de cette avenue. Les policiers ont placé des barricades infranchissables jusqu’au croisement Marie de Bourgogne-rue de Luxembourg. Après un bref arrêt, le cortège a poursuivi son chemin. Destination : Place Schumann. Chemin faisant, quelques manifestants ont expliqué la signification de cette «démonstration». «La manifestation d’aujourd’hui vise à inviter Kabila et son régime sanguinaire à dégager !». L’homme qui parle s’appelle Samson Cibayi Mukuta. Il dirige une des ailes du groupe de pression «Bana Congo». Pourquoi ont-ils choisi la date du 23 avril ? «Nous avons choisi la date du 23 avril en prévision du grand meeting qui sera animé dimanche 24 par Etienne Tshisekedi. Nous demandons aux étudiants, aux fonctionnaires, aux militaires ainsi qu’aux policiers de manifester leur mécontentement en descendant dans la rue pour exiger le départ de celui qui incarne le régime sanguinaire.»

"leadership inepte"

kabila_degage4Secrétaire national chargé de la communication au parti «Ecidé» (Engagement pour la citoyenneté et le développement», Serge Welo dit ces mots : «Nous sommes ici à Bruxelles pour demander le départ de Joseph Kabila». Une manifestation à 8.000 kilomètres de Kinshasa suffira-t-elle à le faire partir ? «Nous sommes en Occident. Cette manifestation a été précédée par travail de lobbying. Je peux vous assurer que la révolution au Congo-Kinshasa partira de l’extérieur comme cela a été le cas dans plusieurs pays.» Pour «Serge», la date du 23 avril a été choisie pour «motiver» la population kinoise qui va assister au meeting du «leader charismatique» Etienne Tshisekedi.

Mama Wandiwa, du «Web Radio Lobiko», habillée en raphia, portant sur ses bras un masque sculpté, un balai et un maracas de relayer : «Je suis venue manifester pour la libération de mon pays. Des étrangers sont venus massacrer les miens. C’est pourquoi j’exprime mon mécontentement à l’image de Kimpa Vita qui s’est battue contre les colonisations au 18ème siècle.» Responsable de la Jeunesse à la représentation de l’UDPS Benelux, Patrick Kanku, parle de la date du 24 avril 1990 : «J’étais en 1ère année secondaire au Collège Saint Raphaël à Kinshasa. Après le discours du président Mobutu, nous avons confectionné des cravates avec du carton. C’est pour vous dire que le 24 avril 1990 représente pour moi le point de départ de la liberté d’expression et du pluralisme politique au Zaïre de l’époque.» Pour Kanku, depuis 1990, il n’y a pas eu de changement notable. Selon lui, «la situation du pays s’est même empirée depuis l’arrivée au pouvoir de l’AFDL et des groupes armés qui sèment la désolation à l’Est».

Agée de 23 ans bientôt, la Bruxelloise Jeanne Ndola tient à s’exprimer : «Je suis venue manifester ma colère à l’encontre de Joseph Kabila qui ne fait strictement en sa qualité de président de la République pour permettre à la population de satisfaire ses besoins essentiels. Nos parents restés au pays souffrent au quotidien même pour avoir de l’eau potable. Inutile de parler des difficultés que nos proches éprouvent pour suivre une scolarité normale. Tous les messages en provenance du pays sont remplis de lamentations» La demoiselle de tonner : «Nous sommes fatigués de souffrir. Kabila doit dégager !» Un ancien sous-officier ex-Faz, venu de Paris, préfère parler sous l’anonymat. Selon lui, il manifeste pour «motiver» ses «frères d’armes» qui sont au pays. «Je les invite à avoir un comportement patriotique et noble pour le Congo».

Alphonse Kuba, secrétaire général de l’association «Mirgec» préfère parler en parabole : «Nous manifestons pour arracher ce grand arbre qui porte des fruits non-comestibles.» Pour Kuba, cet arbre n’est autre que le «système Kabila». Adoptant le ton d’un prédicateur, Kuba de poursuivre : «La Bible dit que tout arbre qui ne porte pas du bon fruit doit être jeté dans le four pour alimenter le feu.» A en croire notre interlocuteur, les Congolais de la diaspora commencent à avoir des «relais» à l’intérieur.

Président d’une aile des «Bana Congo», Henri Muke Disuishe, d’enchaîner : «En venant manifester ce jour, nous disons affirmer notre volonté d’aller aux élections mais sans Kabila qui a commis beaucoup de crimes sous sa présidence tout en étant complice de l’instabilité qui règne depuis plus d’une décennie dans les deux provinces du Kivu et dans la Province Orientale.» Très proche du regretté Armand Tungulu Mudiandambu, Muke d’inviter la population «à se soulever». Pour lui, «Kabila doit quitter le pouvoir et répondre de ses crimes de la justice». Comment explique-t-il la présence remarquée des militaires ex-Faz à cette manifestation ? «Nos militaires sont préoccupés par l’impuissance publique face à l’insécurité qui règne à l’Est du pays. Et pourtant, sous la Deuxième République a pourtant assuré la formation des vaillants soldats dans les meilleures académies militaires. Aujourd’hui, certains sont morts, d’autres vivent en exil. La présence des ex-Faz dans cette marche démontre leur disponibilité à aller défendre le pays.»

kabila_degage3"Tshisekedi est un peu notre Mandela"

Artiste-musicien très engagé, «Boketshu 1er » n’a jamais manqué à une manifestation. «Je suis là parce que notre pays est occupé, clame-t-il en liminaire. Nous invitons tous nos compatriotes à nous unir à l’instar des Tunisiens et des Egyptiens. L’objectif est de libérer notre pays. Les Congolais doivent refuser d’aller aux élections aussi longtemps que le pays sera occupé.» Pour Boketshu, le meeting d’Etienne Tshisekedi de ce dimanche constitue un «premier pas vers la libération». Pour lui, «le fruit est mûr» dans la mesure où la population vit dans une «misère sans nom». «Ceux qui ironisent sur les manifestations organisées à l’étranger ont tort. Car la plupart des révolutions ont été impulsées à partir de l’extérieur. Du fait du combat qu’il a livré pour l’avènement de la démocratie, Etienne Tshisekedi wa Mulumba, âgé aujourd’hui 78 ans, représente en quelque sorte notre Mandela à nous !» Ancien sous-officier de la Garde civile, Aimé Boluwa dit : «Ma présence dans cette manifestation est un message que j’envoie à mes camarades d’arme ex-Faz et ceux des FARDC à Kinshasa. Je leur demande de refuser tout ordre consistant à tirer sur la population.»



"Empirisme"

Sans appartenir à une organisation, de nombreux compatriotes ont battu les pavés pour manifester en tant «simple citoyen». C’est le cas de Diogène Ependa qui a regretté l’absence d’un «mot d’ordre clair». Pour lui, «la manifestation devait se limiter à un seul message : Kabila dégage ! » Pour « Diogène », vingt et une années après le discours présidentiel du 24 avril 1990, «rien n’a vraiment changé». Les causes, selon lui, seraient doubles : l’absence d’un «leadership» efficace et exemplatif et l’empirisme qui caractérise le fonctionnement de l’Etat.

La manifestation du 23 avril a confirmé l’exacerbation du désamour entre «Joseph Kabila» et la diaspora congolaise. La côte d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba, elle, semble chaque jour en hausse. Quoique certains observateurs continuent à hésiter à donner au leader de l’UDPS un «chèque en blanc». Au motif que l’homme n’a pas encore trouvé les «mots magiques» qui démontrent sa volonté de fédérer et de rassurer.

Baudouin Amba Wetshi

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