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LOSAKO
17 avril 2011

Ceni : Daniel Ngoy Mulunda se disqualifie

_Ngoy_MulundaPrésident de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), Daniel Ngoy Mulunda Nyanga a été reçu en audience, jeudi 14 avril, à Lomé, par le président togolais Faure Gnassingbé. Porteur d’un message du président sortant "Joseph Kabila", Mulunda s’est entretenu avec le dirigeant togolais notamment sur les prochaines consultations politiques en RD Congo. Pour la petite histoire, la "victoire" de "Faure" à l’élection présidentielle de 2010 a été bruyamment contestée.

Par naïveté ou résignation, l’opinion congolaise avait un peu trop vite oublié qu’avant d’être parachuté à la tête de la Ceni, Daniel Ngoy Mulunda Nyanga était avant tout un des "hommes du président". Il l’est resté. Co-fondateur du parti présidentiel (PPRD), "conseiller spirituel" du "raïs", le président de la Ceni a donc été reçu dans la capitale togolaise en émissaire du président sortant "Joseph Kabila". Il a été conduit au "Nouveau Palais de la Présidence" par Pascal Akoussoulèlou Bodjona et Gilbert Bawara, ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales et conseiller du président de la République togolaise.

De quoi Faure et le président de la Ceni ont-ils parlé? Le site Internet de la présidence togolaise qui rapporte l’information - www.presidencetogo.com - reste muet sur le contenu de la missive en provenance de Kinshasa. Il souligne simplement que le président de la Ceni "a saisi l’occasion pour échanger avec Faure Gnassingbé sur l’organisation des élections qui se tiennent très prochainement" en RD Congo. «Nous sommes venus remettre un message personnel du président de la République démocratique du Congo, Son Excellence Joseph Kabila, à son homologue et frère togolais, a déclaré Mulunda à l’issue de cette audience. Vous savez que nous sommes en train de préparer les élections pour cette année et nous avons jugé qu’il était important en tant que président de la Commission électorale nationale indépendante, de parler au chef de l’Etat togolais de comment se passent les choses." Et d’ajouter : "J’ai parlé avec lui du plan d’organisation de ces élections dans le délai constitutionnel".

Ceni_RDC_Siege_a_KinshasaDémission

Daniel Mulunda Ngoy a-t-il engagé le redoutable pari de narguer l’opinion congolaise en effectuant une mission "immorale" qui écorne la neutralité et surtout l’impartialité de la Ceni? La preuve n’est-elle pas établie qu’il existe un lien de subordination entre le président de la Ceni et le premier magistrat du pays, candidat à sa propre succession? Dans un communiqué publié samedi 16 avril à Bruxelles, le secrétaire général de l’"Aprodec Asbl" - dont la vigilance n’est plus un secret sur le processus électoral en RD Congo - a été la première à tirer la sonnette d’alarme. "Notre Association, écrivait-il, vous prie de prendre connaissance des articles de presse relatifs à la visite officielle qu’a effectuée le pasteur Daniel Ngoy Mulunda président de la Commission électorale nationale indépendante (...) en République du Togo et ce, en qualité d’émissaire personnel de son cousin Joseph Kabila, futur candidat à sa propre succession." L’Aprodec de souligner que "si tel est le cas, ne devrait-il pas démissionner de la CENI pour conflit d’intérêts?"

L’Aprodec de rappeler qu’en février 2007, l’ex-président de la Cei, Appolinaire Malu Malu, avait sans titre ni droit, "prêté, avec le concours du PNUD et de l’entreprise belge Zetes trois mille kits d’enrôlement à la CENI du Togo ...". Que sont devenus ces kits? Mulunda s’est-il rendu à Lomé dans le but de reprendre possession de ce matériel pour contourner le peu d’empressement qu’affiche la "communauté internationale" à débloquer sa "quote-part" estimée à 260 millions $ US pour l’organisation matérielle des élections en RD Congo?

Le portrait d’un "homme d’église" et du pouvoir

ceniOriginaire de Malemba Nkulu (Nord Katanga), Daniel Mulunda Ngoy Nyanga est né le 1er novembre 1959 à Lubumbashi. Il est théologien de formation. Des sources le présente comme un proche à l’évêque sud africain Desmond Tutu. C’est, semble-t-il, cette proximité qui lui a permis, de faire connaissance avec Laurent-Désiré Kabila en Afrique du Sud en 1997. Le 17 mai 1997, LD Kabila accède au pouvoir suprême grâce à l’aide de ses mentors rwandais et ougandais. Une année après, c’est la rupture. Début août, la RD Congo est attaquée par des troupes rwandaises et ougandaises. LD Kabila se replie un moment à Lubumbashi et décide de mettre sur pieds une milice dénommée «Force d’auto-défense populaire» (FAP). Selon des sources bien informées, Mulunda et John Numbi Banza ont participé à la concrétisation de ce projet. Des fusils mitrailleurs ont été distribués à des jeunes chômeurs du Katanga. Après la signature de l’Accord de cessez-le-feu de Lusaka en juillet 1999, les «FAP» sont livrés à eux-mêmes. Ils se sont éclatés en plusieurs factions dites «Maï Maï». Le chef milicien Mutanga Kyungu alias «Gédéon» est un pur produit des «FAP». Il en de même du tristement célèbre Tshinja-Tshinja, (l’égorgeur) et autre Makabe.

C’est au mois de février 2000 que le "révérend Daniel" est sorti de l’anonymat au niveau national. C’était à l’occasion de la Consultation nationale "organisée" par les confessions religieuses du 24 février au 11 mars. Il jouait le rôle de «modérateur». Une sorte de «pré-dialogue intercongolais». «La société congolaise est très malade et sa plus grande maladie c’est la méfiance généralisée des uns envers les autres : entre gouvernés et gouvernants, entre opposition et pouvoir, entre personnalités politiques et le peuple etc. Les clivages tribaux et régionaux dans un océan de misère et de la précarité de la vie», déclarait Mulunda dans son discours inaugural. Et d’ajouter dans une prédication : «J’ai eu, je ne sais pas si c’est la bénédiction ou la malédiction de vivre longtemps en dehors du pays, j’ai vu des opposants répondre à l’invitation à un banquet organisé par leur chef d’Etat. J’ai vu un chef de l’Etat descendre dans un quartier de son opposant le plus radical et lui dire bonjour et cela ne l’a diminué en rien.» Cette belle prose du "révérend pasteur" n’a pas résisté au temps. Après la mort de LD Kabila, Mulunda est promu "conseiller spirituel" du successeur de Mzee. Kabila est mort, vive Kabila!

Grisé par son influence grandissante, le "pasteur" est devenu "humain". Très humain. Et ce, avec tout ce que cela comporte comme faiblesse face aux biens matériels. Face au pouvoir. En décembre 2002, le Dialogue intercongolais est organisé à Sun City, en Afrique du Sud. Le pasteur Mulunda fait partie de la délégation du gouvernement de Kinshasa. Selon ses propres dires à la presse, il a été de ceux qui avaient suggéré à «Joseph Kabila» de créer un parti politique. «Regardez sur la liste des membres fondateurs du PPRD, mon nom y figure», déclarait-il dans une interview accordée au journal «Le Soft» daté du 28 septembre 2005.

4170284_dollar_des_notes_et_des_armes__feu_pistolet_noir_mafia_inspirationArmes contre bicyclette et dollars

Après l’installation des institutions de la transition fin juin 2003, un organisme financé par des bailleurs de fonds extérieurs a été chargé de la démobilisation des anciens combattants des ex-mouvements rebelles et autres groupes armés. Il s’agit de la Conader (Commission nationale de désarmement, démobilisation et réinsertion). Elle a été remplacée par le PND (Programme national de désarmement). La Conader tout comme le PND attendront en vain de recevoir du gouvernement congolais un budget estimé à 85 millions $ US pour fonctionner. Contre toute attente, le pasteur Ngoy Mulunda et son association "Parec" se substitue au PND et commence les opérations de "récupération" des armes. Il démarre cette action par le Katanga où des milices armées issues de l’ex-FAP répandaient du sang et des larmes. Chaque arme rendue était échangée contre une bicyclette. D’où provenait l’argent du Parec? "Le président de la République m’avait remis 100.000 $ US", déclarait-il. Soutenu par Joseph Kabila, le Parec a pu commencer des "actions parallèles" au Katanga. Problème : Quelle est la destination donnée aux armes récupérées? Pour avoir posé cette question, la représentante d’alors de la Monuc au Katanga, la Colombienne Magda Gonzales, a été invitée de quitter cette province...par le pasteur Ngoy Mulunda. L’annonce a été faite au cours d’une conférence de presse à Lubumbashi.

Rapatriement ex-Faz

Après le Katanga, le pasteur a poursuivi son action à Kinshasa avant de s’attaquer à l’Est où se trouvent des groupes armés manipulés par certains pays voisins mais aussi des milices qualifiés jadis de "résistants-patriotes". En 2004, l’ancien conseiller spécial du président Mobutu, Honoré Ngbanda Nzambo Ko Atumba, amorce une série de prises de contact avec des officiers et soldats des ex-Forces armées zaïroises refugiés en Europe. Plusieurs rencontres ont lieu à Bruxelles. Objectif : ériger les ex-Faz en une "composante" pour revendiquer leurs droits auprès des autorités de la transition. En 2005, Mulunda, chaperonné par un avocat belge, attérrit à Bruxelles. Mission : organiser le rapatriement des ex-Faz. Il organise plusieurs réunions au cours desquelles il assure avoir été mandaté par le "commandant suprême" des Forces armées de la RD Congo. C’est cet homme là qui a été nommé le 3 février dernier à la tête de la Ceni. Le choix n’a suscité que des réactions timorées. Aux termes de l’article 211 de la Constitution, Le Ceni est chargée notamment de l’enrôlement des électeurs, de la tenue du fichier électoral des opérations de vote, de dépouillement et de tout référendum. Elle assure la régularité du processus électoral et référendaire.

La_Ceni_de_retour_de_Kinshasa_article_top2_300x211Ngoy Mulunda disqualifié

Une chose paraît sûre et certaine : l’actuel président de la Ceni, issu de l’ethnie Luba du Katanga, se considère investi d’une "mission". Début février dernier, des personnalités "lubakat" ont organisé un conclave à Kamina. Un seul thème : élaborer des stratégies pour la victoire de "Joseph Kabila" à l’élection présidentielle de novembre (?) 2011. "Kabila ou rien", claironnait l’actuel président de l’assemblée provinciale du Katanga, Gabriel Kyungu wa Kumwanza. C’était lors de la présidentielle de 2006. Dans ses moments de frustration, le même Kyungu n’a pas hésité à faire marcher ses partisans aux cris de "Kabila Rwandais", au lendemain du dialogue inter congolais fin décembre 2002. L’homme avait tenté en vain d’arracher le poste de gouverneur du Katanga.

"Le silence de l’opposition surprend par son caractère assourdissant, commente un analyste. Qu’attendent les représentants des forces politiques et sociales pour disqualifier Mulunda Ngoy du fait de son inféodation au chef de l’Etat? La preuve est pourtant faite que le président de la Ceni est un partisan fanatique du président sortant et devient de ce fait une source potentielle de litiges électoraux. Qu’attend l’opposition pour exiger sa démission?". "D’autre part, poursuit-il, l’autorité morale de la Majorité présidentielle (MP) n’est autre que le premier magistrat du pays, censé jouer le rôle d’arbitre pour la bonne marche de l’Etat. Il y a de la matière à dénoncer pour incompatibilité."

Baudouin Amba Wetshi

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