Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LOSAKO
2 avril 2011

Plaidoiries : «Floribert Chebeya assassiné par les ennemis de la démocratie»

chebeya_2Dans leurs plaidoiries sur l’affaire Chebeya, les avocats de la partie civile ont estimé que la Cour pouvait aller au-delà de ce qu’elle a fait. Mais héla, s’est lamenté le bâtonnier Mukendi, c’était trop lui demander. Car ce n’est pas facile de traiter un dossier où un général est mis en cause. Et pas n’importe quel général…

Hier jeudi 31 mars, les plaidoiries de la partie civile ont débuté dans le procès qui oppose le ministère public aux assassins présumés des défenseurs des droits de l’Homme Floribert Chebeya. Pour cette première journée, au moins quatorze avocats se sont succédé à la barre.

L’un d’eux, Me Marie-André Mwila Kayembe, a commencé par dire aux juges de la Cour militaire de Kinshasa/Gombe : « Notre plaidoirie s’étend à tous les défenseurs des droits de l’Homme, qui attendent résignés. A qui le prochain tour. Aujourd’hui c’est Chebeya, peut-être que demain ce sera mon tour ».

Du coup, l’avocat s’est posé une série de questions à propos du mobile qui a amené à ce double assassinat : « Nous sommes-nous interrogés sur les mobiles ? Pourquoi a-t-on tué Chebeya ? Qui a tué Chebeya ? Comment a-t-il été assassiné ? ».

Sans attendre, l’avocat a déclaré que Chebeya a été exécuté dans l’enceinte de l’Inspection générale de la police, menotté et les poumons privés d’oxygène. Allant droit au but, Me Mwila a pointé du doigt le box des accusés en les apostrophant : « Il a été exécuté par ceux qui sont devant vous, avec les trois autres qui sont en cavale ». Et selon l’avocat, ce sont ces hommes qui ont voulu faire croire que le défenseur des droits de l’Homme est mort en pleins ébats sexuels, tué par une prostituée. Et cela, après qu’il a été torturé, menotté et asphyxié.

Me Mwila Kayembe a relevé que Chebeya n’avait presque pas d’amis. Par conséquent, le mobile ne peut être recherché que dans ses activités, en tant que défenseur des droits de l’Homme. Entre autres, a insisté l’avocat, Chebeya voulait saborder la commémoration du Cinquantenaire de la République démocratique du Congo, il luttait contre le harcèlement des services de renseignements, se proposait d’initier une action à charge du général John Numbi et du colonel Daniel Mukalay ; sans oublier la campagne électorale. L’homme en toge noire a fini par conclure : « C’est à cause de tous ces mobiles ainsi conjugués, que la police politique a été mise en place ». En passant, l’avocat a fait voir que pour avoir initié un mouvement dénommé « Sauvons le Congo », le pasteur Kutino Fernando s’est retrouvé en prison.

kabila_numbiChebeya gênait

Dans sa plaidoirie, Me Mwila Kayembe a révélé que Floribet Chebeya voulait décourager certaines personnalités à venir aux festivités d’un régime qui ne tient pas compte des droits humains. C’est à cet instant-là, a expliqué l’avocat, qu’on va créer une commission chargée de traquer les « kuluna », mais qui en réalité devait persécuter les défenseurs des droits humains. Pour argumenter sa thèse, Me Marie-André Mwila a dit qu’il y a une autorité politique de la même province que Chebeya qui lui avait dit : « Nous vous suivons partout ».

Il fallait donc passer à l’étape supérieure, a dit l’avocat. Car, Floribert Chebeya a eu à traiter beaucoup de dossiers sensibles dont la nationalité de certains acteurs politiques, le dossier du faramineux budget alloué aux festivités du 30 juin, l’opération militaire menée à l’Est du pays contre les rebelles hutu, l’arrestation et l’exécution de Masasu, la mort d’Aimée Kabila, cette jeune femme qui se présentait comme la sœur du chef de l’Etat, le massacre des adeptes de Bundu dia Kongo dans lequel il dénonça la cruauté de la Police nationale congolaise lors de la répression de ce mouvement, la persécution des officiers originaires de la province de l’Equateur, l’occupation rwandaise à l’Est. Sans oublier qu’il s’apprêtait à persuader le roi des Belges à ne pas venir à la célébration des festivités du Cinquantenaire de la République démocratique du Congo. Chebeya était donc, a martelé l’avocat, un trouble-fête, un homme gênant.

Me Mwila a aussi révélé que quelques jours avant son exécution, Floribert Chebeya avait saisi un avocat congolais résidant en Belgique pour les atrocités commises au Bas-Congo par le bataillon Simba. Et déjà en 2009, on l’accusait d’être en intelligence avec Vital Kamerhe contre les intérêts de l’autorité morale de l’AMP.

Au sujet des auteurs, Me Mwila a dit que la Cour a été confrontée à certains actes insolites. On lui a dit que certaines menaces sont venues de l’ANR, les exécutants sont pris dans les services de renseignements. D’un côté, le PGR arrache l’autopsie au médecin légiste Nzuzi, et on publie un communiqué fallacieux. En plus, les scellés sont arrachés et gardés de façon indue par Georges Kitungwa.

Pour finir, l’avocat s’est écrié : «Les Etats-Unis avaient proposé leur contribution à l’enquête, pourquoi le gouvernement congolais a-t-il refusé ? Les auteurs ont tué la démocratie, ils ont tué le pays…».

Donatien Ngandu Mupompa, In Le Potentiel daté 31.03.2011

Publicité
Commentaires
Publicité
Archives
LOSAKO
  • Le porte-voix de tous ceux qui cherchent vainement dans quel forum de ce monde, ils peuvent se faire entendre.. Oui, je veux donc parler au nom de tous les « laissés pour compte » parce que « je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger ».
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Catégories
Publicité