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LOSAKO
12 novembre 2010

Affaire Chebeya et Bazana : Accusé «Joseph Kabila», levez-vous !

kabilaSauf imprévu, une parodie de procès s’ouvre ce vendredi 12 novembre à Kinshasa sur la mort de Floribert Chebeya Bahizire et la «disparition» de son chauffeur Fidèle Bazana Edadi. Près de six mois après l’assassinat de l’emblématique directeur exécutif de l’association de défense des droits humains «La Voix des Sans Voix» (VSV), la justice congolaise tant civile que militaire s’est arraché les cheveux pour trouver quelques «lampistes» à faire expier en lieu et place des véritables responsables. Objectif : clore ce dossier qui reste une épine au pieds du pouvoir kabiliste. En réalité, les principaux suspects à ce double crime d’Etat se trouvent dans les plus hautes sphères du pouvoir. Depuis six mois, tous les doigts accusateurs sont pointés vers trois hommes : «Joseph Kabila», le «lieutenant-général» John Numbi Banza Tambo et colonel Daniel Mukalay. Le premier a donné l’ordre au second. Celui-ci l’a transmis au dernier pour «exécution». Successeur du tristement célèbre Raüs Chalwe Mukuntu Ngwashi à la tête de la DRGS (Direction des renseignements généraux et spéciaux de la police), Mukalay, alias «colonel Daniel», était à la tête d’un véritable «Escadron de la mort» chargé d’exécuter les "basses oeuvres" pour le compte du "raïs". Selon des sources bien informées, le corps de Chebeya devait être immergé dans le fleuve Congo. Celui de Bazana, lui, devait rester dans la voiture. Pris de panique, les policiers ont fait le contraire. La vérité est là : l’exécution de Chebeya par «asphyxie» a été commanditée par la plus haute autorité de la RD Congo. Le colonel Mukalay devait récupérer à tout prix un "rapport sensible", rédigé par ce militant des droits humains. Tel semble être le mobile du crime. 

floribert_chebeya_le_7_avril_2005_a_bruxellesUne justice à deux vitesses

La justice congolaise ne ferait-elle preuve d’efficacité voire d’excès de zèle que lorsque les intérêts de «Joseph Kabila» et ceux de sa famille au sens le plus large sont à l’abri des aléas? Cette même justice traînerait-elle les pieds chaque fois que ces mêmes intérêts particuliers étaient menacés? Quelques faits en guise d’illustration. Au mois de juillet 2009, la Cour suprême de justice, nouvellement mise en place, a condamné le ministre de la Culture de la province de l’Equateur, le MLC Dominique Mbongi, à 3 ans de prison. Le procès a duré… une dizaine d’heures. Mbongi était poursuivi du chef de «tentative de contrefaçon de signes monétaires». Ses avocats se sont époumonés à fustiger le caractère «expéditif» du procès et surtout «l’empressement avec lequel la Cour, siégeant en premier et dernier ressort en matière répressive, a instruit cette affaire, en violation de la procédure en matière de flagrance soutenue par le ministère public.» Fin septembre 2009, le président de l’Assemblée provinciale de Kinshasa, Roger Nsingi, est «destitué». En violation du principe de «séparation des pouvoirs», le Procureur général de la République, Flory Kabange Numbi, est allé poser des scellés au siège de cette Assemblée. Fin octobre, la Cour suprême de Justice décide de réhabiliter Nsingi en déclarant «inconstitutionnelles et nulles» les résolutions arrêtées souverainement par 36 députés provinciaux sur 48. L’enjeu : le contrôle de la ville de Kinshasa. Tous les grands corps de l’Etat sont dirigés par des «hommes du président». Ceux-ci exercent une haute main sur l’administration publique, l’armée, la police, les services de renseignements civils et militaires. Sans oublier l’appareil judiciaire. Comment, dès lors, connaître faire éclater la vérité dans une affaire criminelle mettant en cause «Kabila» et ses proches tant biologiques que politiques? La RD Congo est malade d’une justice à deux vitesses.

Pas de crime parfait

numbi2Mardi 1er juin 2010, Floribert Chebeya, alors directeur exécutif de la «VSV», se rend au Quartier général de la police nationale située dans la commune kinoise de Lingwala. La veille, il a reçu un appel téléphonique émanant de l’Inspection générale de la police : «L’Inspecteur divisionnaire en chef, le général John Numbi, voudrait vous recevoir mardi 1er juin à son bureau». Qui est le fonctionnaire de la police qui avait téléphoné au directeur de la VSV? Mardi 1er juin, Chebeya se présente à ce rendez-vous en compagnie de son chauffeur Fidèle Bazana Edadi. Il est 17h30 lorsque "Floribert" franchit l’entrée principale du siège de la police. Surprise. Il est reçu non pas par John Numbi mais par le colonel Daniel Mukalay, le très redouté et redoutable patron de la DRGS (Direction des renseignements généraux et services spéciaux). Pourquoi Numbi s’est-il absenté? Selon une source policière, fatigué et inquiet, Bazana aurait envoyé à Chebeya un ultime message SMS : «Chef, y a-t-il un problème? Cela fait un certain temps depuis que vous êtes entré à l’Inspection générale!». De quoi Chebeya et Mukalay ont-ils parlé lors de cette entrevue? Quelle information voulait-on lui arracher? Mercredi 2 juin, le corps de Floribert est découvert sans vie sur la banquette arrière de sa voiture de marque Mazda 626, immatriculée KN 0282 BM, à une dizaine de kilomètres du «QG» de la police plus précisément au Quartier Mitendi dans la commune de Ngaliema. Fidèle Bazana, lui, reste introuvable. «Le corps de Bazana a été jeté dans le Fleuve Congo aux environs de Kinsuka», confie un des policiers fugitifs ayant participé à cette opération. Selon une source bien informée, «c’est par erreur que le corps de Chebeya a été laissé dans sa voiture. Les policiers avaient reçu l’ordre de le «balancer» dans le fleuve. Ni vu, ni connu.» Hélas, il n’y a pas de crime parfait.

justice_internationaleLe «Rapport» à récupérer

Soixante-douze heures après l’annonce de la mort de Chebeya, «Kabila» a sorti le «grand jeu» en convoquant, le samedi 5 juin, une «réunion extraordinaire» du Conseil supérieur de la défense. Un cas sans précédent en pareille situation. Des décisions sont prises dont la suspension de John Numbi de ses fonctions de patron de la police. Le «chef de l’Etat» instruit les services de sécurité de «prendre toutes les mesures nécessaires pour que cette affaire soit tirée au clair au plus vite et que les responsables soient sévèrement sanctionnés au regard des dispositions régissant notre Etat de droit», dit un communiqué du ministre de l’Intérieur. Dans un second temps, "Kabila" a chargé Pierre Lumbi Okongo, conseiller en matière de sécurité, d’aller présenter ses condoléances à la veuve Chebeya tout en assurant celle-ci de sa «détermination» à faire «toute la clarté» sur cette affaire. «Joseph Kabila» n’a pas honoré sa parole.

A preuve, six mois après, des questions basiques restent sans réponses. Qui a tué Floribert Chebeya? Pourquoi? Qui a commandité cet assassinat? Qu’est-il advenu du corps de Fidèle Bazana? Notons que le Parquet général de la République a "enquêté" ou plutôt géré ce dossier du 6 au 23 juin. L’auditeur général a pris le relais du 24 juin au 8 octobre. Il n’y a toujours rien à l’horizon. Six mois d’atermoiements pour faire éclater la vérité sur un double homicide commis quasiment en «circuit fermé» dans l’enceinte du QG de la police nationale. Six mois, pour dire qui a fait quoi sur ordre de qui ce mardi 1er juin 2010. Inimaginable! Ces atermoiements ne sauront guère effacer quelques évidences. Lesquelles? Primo : Floribert Chebeya a été invité officiellement à l’Inspection générale de la police afin de s’entretenir avec John Numbi. Secundo : John Numbi était absent. Tertio : Chebeya a été reçu par le colonel Daniel Mukalay dans son bureau. Quarto : Chebeya a été torturé (étouffement) par une équipe composée de cinq officiers et sous-officiers de police proches de Mukalay. Quinto : John Numbi qui se trouvait à la ferme présidentielle de Kingakati a téléphoné à maintes reprises à Mukalay afin de savoir si le défenseur des droits de l’homme a livré le «Rapport» en sa possession. Sexto : le chauffeur Fidèle Bazana attendait à l’extérieur du QG de la police nationale. Question finale : Quelle est la nature du «Rapport» que Mukalay devait récupérer des mains de Chebeya? Seule la nouvelle direction de la "VSV" pourrait élucider ce point.

Parodie de procès et promesses politiques

floribert_chebeya_president_respecteDans un communiqué daté du mercredi 10 novembre, la «VSV» annonce, l’ouverture, vendredi 12 novembre à 9h00, à la Cour militaire de Kinshasa-Gombe, du procès sur l’assassinat de Floribert Chebeya Bahizire et de… Fidèle Bazana Edadi sous le rôle RMP N° 0311/TMK/2010 et RP N° 066/2010. L’auditeur général de la Haute cour militaire l’avait annoncé le jeudi 14 octobre, sans précision de date, «que tout est fin prêt pour l’ouverture du procès relatif à l’assassinat de Chebeya». «La VSV reste fermement convaincue que l’administration d’une justice juste et équitable dans cette affaire passe par l’arrestation et la comparution de vrais suspects devant la justice», souligne le communiqué. L’association dit sa crainte de voir le procès censé s’ouvrir ce vendredi se muer en «une parodie de justice qui, au lieu de faire éclater la vérité à travers une justice juste et équitable sur le double assassinat entre les mains de l’Etat voudrait blanchir des suspects à l’autel des intérêts politiques et partisans et consacrer ainsi l’impunité» en RD Congo. Le groupement de lancer une sorte de «défi» au «pouvoir organisateur» de cette procédure judiciaire en exigeant «la retransmission en direct» des débats tant via les médias publics que privés. Et ce, pour permettre à l’opinion nationale et internationale d’être pleinement informée sur «le double assassinat de deux membres de la VSV.» «Joseph Kabila» osera-t-il joué la carte de la transparence sur ce dossier aux allures de bombe à retardement?

Dans un précédent communiqué daté du jeudi 4 novembre, la «VSV» exprimait notamment ses «inquiétudes» suite au transfert du dossier judiciaire sous examen à la Cour militaire. Alors que «le suspect n°1» en l’occurrence le «lieutenant-général» John Numbi Banza Tambo «n’est pas justiciable» devant cette juridiction. Tout en réitérant sa demande en vue d’obtenir l’arrestation de ce dernier, l’association de rappeler la demande faite par les ONGDH au président de la République de procéder à la nomination «le plus tôt possible de deux magistrats militaires de grade et rang de lieutenant-général ou à défaut le commissionnement de deux hauts magistrats militaires de la Haute Cour Militaire et de l’Auditorat général des FARDC pour besoin de la cause.» «Le transfert du dossier devant la Cour Militaire signifie que seuls les autres suspects en l’occurrence le colonel Daniel Mukalay et consorts comparaîtront devant cette juridiction alors que des plaintes et autres éléments ont été mis à charge du n°1 de la Police Nationale Congolaise (PNC) par les familles biologiques victimes et la VSV», indique par ailleurs le texte.

«Je m’engage à mettre en œuvre les Droits de l’homme et les libertés fondamentales garanties par la Constitution de la Troisième République, particulièrement le caractère sacré de la personne humaine, le droit à la vie et à l’intégrité physique (…) ». Cette phrase est tirée du programme politique publié - avant les "Cinq chantiers" - par «Joseph Kabila» à quelques semaines de l’organisation du premier tour de l’élection présidentielle en 2006. Qu’est devenue cette profession de foi quatre années après? Combien de citoyens congolais ont-ils été et continuent à être victimes de graves violations de leur droit à la vie et à l’intégrité physique depuis l’investiture du «président élu» en décembre 2006? Tôt ou tard un magistrat civil ou militaire devrait prononcer ces mots : "Accusé, Joseph Kabila, levez-vous!"

B.A.W

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