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LOSAKO
27 septembre 2010

Massacres en RD Congo : «Joseph Kabila a trahi la mémoire de LD Kabila !»

kab_josephC’est l’accusation gravissime proférée à l’encontre du successeur de Mzee LD Kabila par un «kabiliste Mzéiste» qui a requis l’anonymat. A l’appui de sa thèse, l’homme a commencé par vitupérer contre la «réconciliation précipitée» entre Joseph Kabila et Paul Kagame «président d’un des pays agresseurs de notre pays» avant de faire parvenir à la rédaction de Congo Indépendant un exemplaire du «Livre blanc» publié en décembre 1998 par le ministère des Droits humains dirigé alors par Léonard She Okitundu. L’intitulé de cet opuscule d’une cinquantaine de pages se passe de tout commentaire : «Livre Blanc sur les violations massives des droits de l’homme et des règles de base du droit international humanitaire par les pays agresseurs (Ouganda, Rwanda , Burundi) à l’Est de la République démocratique du Congo couvrant la période du 02 août 1998 au 5 novembre 1998.»

A jour «J-5» de la publication du rapport «Mapping» rédigé par des experts du Haut commissariat des Nations Unies pour les droits de l’homme (HCDH) sur «des graves violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire» commis sur le sol congolais au cours de la période allant de 1993 à 2003, l’opinion congolaise semblait divisée entre d’une part, les partisans de «la paix à n’importe quel prix» avec le Rwanda de Paul Kagame. Ici, on trouve Joseph Kabila en tête. Et de l’autre, les tenants de la thèse selon laquelle qu’ «il n’y a pas de paix durable avec les pays agresseurs de la RD Congo sans justice». Cette position est défendue non seulement par des organisations de la société civile mais aussi par une importante frange de la population congolaise. On n’est pas loin d’une grave crise de confiance entre l’opinion et un pouvoir kabiliste suspecté, à tort ou à raison, de «collaborer» à la rédaction d’un «communiqué commun» avec les pays mis sur la sellette pour «relativiser» la portée du rapport du HCDH.

rdc_tutsisAu nom de la «sécurité nationale» du Rwanda

S’articulant sur 600 pages, ce document met un accent particulier sur la période de 1996-1998. Une période que l’on pourrait de sanglante au cours de laquelle l’armée patriotique rwandaise avait lancé une véritable «chasse à l’homme» à l’encontre des réfugiés Hutu à travers plusieurs provinces zaïro-congolaises. Dans son édition datée du 27 août dernier, le quotidien français «Le Monde» note que le rapport du HCDH indique notamment que «les attaques systématiques et généralisées» contre les fugitifs «révèlent plusieurs éléments accablants qui, s’ils sont prouvés devant un tribunal compétent, pourraient être qualifiés de crimes de génocide.»

Le 1er octobre 1990, des réfugiés Tutsi venus de l’Ouganda, regroupés au sein du Front patriotique rwandais (FPR), attaquent le territoire du Rwanda. Ils exigent en vain leur retour au pays. Le 6 avril 1994, l’avion Falcon transportant le président Hutu Juvénal Habyarimana est abattu au moment où il amorçait l’atterrissage à l’aéroport de Kigali. Cet acte terroriste est perçu comme étant l’élément déclencheur des massacres des Tutsi et des Hutu dits modérés par des extrémistes Hutu. En juillet, le FPR s’empare de Kigali. Plusieurs centaines de milliers de Hutu se réfugient dans les provinces zaïroises du Kivu. Le nouveau pouvoir rwandais d’accuser les exilés de mener des incursions sur le territoire rwandais. En octobre 1996, les nouveaux maîtres de Kigali décident d’attaquer les camps des réfugiés. La suite est connue.

N’en déplaise au ministre rwandais de l’Education, Charles Murigande, qui déclarait sans grande conviction que l’armée rwandaise n’a «commis aucun crime de guerre» sur le sol congolais (voir J.A daté du 12-18 septembre 2010), Paul Kagame, alors vice-président de la République et ministre de la Défense soutenait le contraire. Dans une interview accordée au journal « Le Soft International» daté… du 10 mai 1999, l’homme fort de Kigali explique les causes du déploiement de l’armée rwandaise au Congo. Après avoir rappelé malicieusement que la «guerre de 1996» a éclaté bien avant la naissance de l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre) – une manière de souligner que l’AFDL a été créée non pas par les Zaïrois d’alors mais par la coalition rwando-ougandaise -, il dit : «Le Rwanda s’est rendu au Congo en vue de s’occuper des miliciens interahamwe et d’anciens soldats rwandais qui menaçaient sa sécurité et son existence en tant qu’Etat libre.» Il n’excluait pas d’envoyer ses troupes jusqu’à Mbuji-Mayi au nom de cette même «sécurité nationale».

«Installer un régime d’obédience Tutsi» à Kinshasa

kab_fidelDans le «Livre Blanc» publié par le ministère congolais des Droits de l’homme, les autorités congolaises accusent le Burundi, l’Ouganda et le Rwanda d’avoir non seulement «agressé» le territoire congolais mais aussi d’avoir tenté de renverser le pouvoir en place pour «installer un régime Tutsi ou d’obédience Tutsi». Friands de juridisme aride, les rédacteurs de ce «Livre blanc» citent abondamment des conventions internationales «violées» par les «pays agresseurs» avant d’inviter le Conseil de sécurité à condamner cette situation. Un signe qui trahit l’impuissance de la RD Congo à faire face militairement à la violation de l’intégrité de son territoire et de sa souveraineté. «Il est clair, soulignent-ils, que l’agression dont est victime la République démocratique du Congo est l’œuvre de la coalition rwando-ougando-burundaise». Et d’ajouter : «Ce que l’on tente de faire accréditer comme une «insurrection banyamulenge» ou une «rébellion des sujets congolais» contre le gouvernement du salut public n’est plus ni moins qu’un grossier habillage pour masquer l’entreprise déstabilisatrice des agresseurs, dont les visées irrédentistes et hégémoniques sur le territoire congolais ne sont plus à démontrer».

Prenant le contre-pied de la thèse soutenue par Kagame, le «Livre blanc» accuse les troupes des «pays agresseurs» d’avoir tiré sur tout ce qui bouge en ne faisant aucune distinction entre « combattants d’avec non-combattants». «Depuis le début de la guerre d’agression, plusieurs sujets congolais pont été déportés vers le Rwanda et l’Ouganda. Certains d’entre eux ont été tués puis incinérés dans des sites. Les massacres des populations civiles sont légion», peut-on lire. Un «tableau synoptique sur les violations massives des droits de l’homme (…) au cours de la période précitée», est dressé. Des cas d’exécutions sommaires des citoyens congolais sont énumérés. A titre d’illustration : aéroport de Kavumu (38 officiers et 10 soldats des Forces armées congolaises), Bukavu (150 civils) Kasika (856 personnes), Mwenga-Centre (43 cadavres), Fizi (22 personnes) etc. Outre les deux provinces du Kivu, d’autres tueries massives ont eu lieu dans la province du Maniema, la Province Orientale et à l’Equateur.

obama_kagame_kabilaL’heure de vérité...

Rappelons l’interview accordée au quotidien bruxellois «Le Soir» daté 7 mars 2001 par Joseph Kabila, promu chef de l’Etat deux mois auparavant. Dans cet entretien, l’ancien aide de camp du «colonel James» {Kabarebe} dit avoir été «témoin» des massacres des Hutu. «Il est probable cependant qu’il {Joseph Kabila} a assisté à des exécutions et que ses compagnons de l’époque ont eu soin de le prendre en photos sur les lieux», note la journaliste Colette Braeckman à la page 134 de son ouvrage «Les nouveaux prédateurs – politique de puissance en Afrique centrale, Edition Fayard. Dans une interview accordée à la même publication belge (édition datée 2 juin 2006), la dame Sifa Mahanya, la mère putative du numéro un Congolais, confirmait que «Joseph» «se trouvait aux côtés» de James Kabarebe, alors commandant des opérations militaires sur le «front nord». Question : Joseph tenait-il son père informé de ce qui se passait au front ? Sifa de répondre : «Je le suppose, mais je sais que le Mzee était très fâché d’apprendre les atrocités, les massacres commis par ses alliés : nous, notre lutte ce n’était pas ça, notre conception de la libération, ce n’était pas la vengeance…»

Joseph Kabila se trouve face à un choix : faire «chorus» avec les pays agresseurs pour le grand plaisir de Kagame et sceller à jamais la crise de confiance avec l’opinion congolaise ou se désolidariser de ceux-ci en se conformant à la demande des organisations non gouvernementales congolaises. Que va-t-il faire? En attendant de connaître la réponse à cette question, il faut dire que ce n’est pas la première fois que «Joseph» est accusé de «déviationnisme» par rapport aux «valeurs» défendues jadis par son «géniteur». On se souviendra du mémorable coup de gueule de l’ancien ministre de la Justice Jeannot Mwenze Kongolo en février 2006 : «(…), Mzee n’est pas mort pour rien, il nous a appris à résister, à ne pas trahir le Congo, à ne pas abandonner la population, à être rigides, fermes et forts». «Du vivant de Mzee, conclut notre interlocuteur «kabiliste Mzeeiste» qui adopte un ton menaçant : les présidents burundais, ougandais et rwandais n’auraient jamais mis les pieds à Goma ou à Kinshasa aussi longtemps que les instances judiciaires internationales n’auraient pas vidé le contentieux qui nous oppose. En agissant autrement, Joseph Kabila a trahi la mémoire de Mzee. Il doit dire aux Congolais s’il est au service des intérêts de ses parrains rwandais et ougandais ou de ceux du Congo et des Congolais. Le plus vite serait le mieux…».

Lentement mais sûrement, on semble s’approcher de l’heure de vérité…

Baudouin Amba Wetshi

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