RDC- Révision constitutionnelle : L'opposition accuse Kengo et Boshab !
Adolphe Lumanu parle, l’Opposition sort du bois. Deux langages opposés s’affrontent, sur le marché. Les partisans de la révision constitutionnelle contre l’Opposition parlementaire s’entrechoquent. Qui, finalement, l’emportera ? Le débat est, à tout le moins, lancé. Les Députés et Sénateurs sont placés devant leurs responsabilités historiques. Puisqu’après coup, ce sont qui seront appelés à trancher entre l’idée d’une révision constitutionnelle dictée par quelques impératifs politiques et le « Non » massif de l’Opposition qui en appelle déjà à la vigilance du peuple congolais face à ce qu’elle qualifie de haute trahison, si jamais le régime venait à toucher à l’article 220 de la Constitution qui, depuis le 18 février 2006, verrouille le nombre et la durée du mandat présidentiel à cinq ans renouvelable une seule fois. L’Opposition insiste sur l’indépendance de la magistrature et dénonce l’instrumentalisation de Boshab et Kengo par l’Exécutif.
Adolphe Lumanu ne croyait pas si bien faire lorsqu’il dévoilait, le mardi 27 mars dernier, les conclusions de longues tractations entre les principaux animateurs des Institutions de la République sur un certain nombre de questions intéressant l’avenir de la RD. Congo. Quelques heures seulement après, le tollé est devenu général. Des voix s’élèvent, dans tous les sens. Les unes, pour adopter, en bloc, les thèses et vues du régime. Les autres, parmi les plus critiques du côté de l’Opposition, pour crier à la tricherie, pour ne pas parler, à la limite, de la haute trahison, si jamais l’outrecuidance poussait les artisans de cette révision constitutionnelle à marcher sur les dispositions de l’article 220.
La main basse perceptible dans cette affaire, croit-on à l’Opposition, reste l’instrumentalisation des Présidents des deux Chambres du Parlement. Léon Kengo et Evariste Boshab sont accusés, dans un communiqué de presse, de rouler, sans mandat, pour le pouvoir exécutif. Tout comme les Hauts Magistrats dont l’indépendance est consacrée dans le cadre de la séparation des pouvoirs sont indexés. L’Opposition estime qu’ils auraient mordu à l’hameçon, en participant à ce qu’elle appelle « réunion politique informelle ». L’histoire se passe de tout commentaire. Alors qu’elle pourrait prendre des proportions inquiétantes, pour l’ensemble de la nation, si la majorité et l’Opposition arrivaient à rompre le dialogue, à cause de cette délicate question de révision constitutionnelle.
Des craintes exprimées aujourd’hui peuvent-elles ramener les uns et autres à se raviser? Au commencement était… Tout est parti d’un communiqué signé Adolphe Lumanu, Vice-Premier Ministre et Ministre de l’Intérieur et Sécurité. Dans ce communiqué, en son point IV, la réunion Interinstitutionnelle aurait pris connaissance d’un travail d’une commission d’experts sur l’évaluation de la mise en œuvre de la Constitution du 18 février 2006. A l’en croire, cette commission fut instituée consécutivement à la décision prise par le Chef de l’Etat au terme de ses concertations avec les autres animateurs des institutions, le 15 juillet 2009.
Pour être précis, le communiqué affirme que la commission fut constituée des Experts représentant le Président de l’Assemblée Nationale et du Sénat, le Premier Ministre, le Premier Président de la Cour Suprême de Justice ainsi que le Cabinet du Chef de l’Etat. Ce sont eux qui, après maintes réflexions, ont convenu de la nécessité de modifier certaines dispositions de la Constitution et de la Loi Electorale, en vue d’opérer un recentrage autour de certains impératifs majeurs notamment, le mandat du Président de la République, le découpage territorial, la question des recettes dues aux Provinces, la question de la nationalité, l’indépendance du pouvoir judiciaire, le Conseil Supérieur de la Magistrature, le fonctionnement des Institutions Provinciales, le droit de retour des Députés et Sénateurs appelés à d’autres fonctions, le Système électoral, les immunités, le régime politique et l’extension de la compétence des juridictions militaires. Quelques articles sont ainsi visés. 226, 175, 152 et 70 de la Constitution. Le mandat présidentiel, lui, est consigné à l’article 220 de la Constitution.
Elections 2011 ?
Le temps d’apprêter la loi électorale, de finaliser la loi portant subdivisions territoriales à l’intérieur des Provinces, de modifier la Constitution pour l’adapter aux impératifs, d’opérer la mutation de la CEI à la CENI, de réviser le fichier électoral, de recruter et former le personnel, de mobiliser les moyens financiers et de commander les kits électoraux et de les déployer, les violons auront du mal à s’accorder tant que la majorité et l’Opposition se regarderont en chiens de faïence. Des défis majeurs liés notamment, à la gestion des ambitions et aux exigences démocratiques recommandent la modestie et la prudence. D’où l’intérêt de rester en odeur de sainteté sur les principes imposables à tous. Pour autant que la tenue de ces élections en 2011 devient hypothétique.
La Pros.