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LOSAKO
2 mars 2010

Kamitatu prône le retour au «despotisme»

Kabila_KamitatuDans une interview accordée à l’hebdomadaire parisien «Jeune Afrique» (édition n°2564 – du 28 février au 6 mars 2010), l’ex-MLC Olivier Kamitatu, ministre actuel du Plan, dit haut et fort sa volonté de voir l’avènement d’un «régime présidentiel» avec un chef d’Etat exerçant la plénitude du pouvoir exécutif. Des propos troublants de la part d’un ancien «rebelle» qui avait pris les armes, sous la bannière du Mouvement de libération du Congolais, pour permettre au pays de tourner la page d’un pouvoir autocratique. Tyrannique.

Analyse

Le personnel politique congolais a la réputation d’avoir des convictions politiques variables selon qu’il milite dans les rangs de l’opposition ou il arpente les allées du pouvoir. Dans le premier cas de figure, le discours est humaniste appelant au triomphe des droits et libertés. Dans le second, la dialectique devient subitement conservatrice. Rien de bien surprenant. Il semble que toute personne qui tire profit d’un système a tendance à souhaiter la préservation de celui-ci. L’interview que le ministre Olivier Kamitatu Etsu vient d’accorder à Jeune Afrique est révélatrice d’une «maladie» dont souffre les acteurs politiques congolais : l’absence des convictions fortes en des valeurs.

Selon Kamitatu, pour sortir l’exécutif congolais de l’immobilisme actuel, il faudrait supprimer le poste de Premier ministre et doter le chef de l’Etat des pouvoirs accrus. «Le chef de l’Etat doit avoir plus de pouvoir, a-t-il déclaré. Au lieu d’un binôme président-Premier ministre, nous avons besoin d’un leadership fort, avec une autorité bien établie.» «Olivier» dont le parti (ARC) avait dénoncé l’inertie autant que l’ineptie de l’équipe dirigée par le Premier Adolphe ministre Muzito - à laquelle lui-même fait partie – semble déjà scruter l’horizon 2011, autrement dit les prochaines élections générales. Question : Doter le chef de l’Etat congolais «de plus de pouvoir» pour accomplir quelles réalisations qu’il ne peut faire avec ses prérogatives actuelles? Cherche-t-on à imposer aux Congolais un nouveau despote…non-éclairé ? Au regard de ses pouvoirs actuels, Joseph Kabila ne dispose-t-il pas déjà des pouvoirs d’un dictateur, au sens romain du terme ?

t_josephObligation de résultats

Quatre années après les élections chahutées de 2006, Kabila ne détient-il pas tous les pouvoirs ? N’a-t-il pas réussi à «décapiter», en mars dernier, tout le Bureau de l’Assemblée nationale ? Que dire du pouvoir judiciaire dont les magistrats tant du parquet et du siège sont nommés, mis à la retraire ou révoqués au gré des caprices du président de la République et en violation de la Constitution ? Faudrait-il rappeler que l’armée, la police et les services dits de sécurité échappent à tout contrôle démocratique parce que relevant de l’autorité exclusive du chef de l’Etat ? Que dire de la gestion des finances publiques ? Faudrait-il rappeler que depuis le mois de mai dernier, par simple lettre du directeur du cabinet présidentiel, le Premier ministre n’est plus compétent pour ordonner les dépenses publiques ? Ce rôle revient au chef de l’Etat alors que c’est le gouvernement qui assume la responsabilité de la conduite de la politique de la Nation.

A en croire Kamitatu, il faudrait non seulement accroître les pouvoirs du magistrat suprême mais aussi élargir la durée du mandat présidentiel. «Nous constatons en effet que cinq années ne suffisent pas pour reconstruire le pays. A partir de la troisième, la question politique prend le dessus.» Olivier Kamitatu feint d’ignorer que Joseph Kabila se trouve à la tête de la RD Congo depuis le 26 janvier 2001. Cela fait au total neuf ans. Certains pourraient objecter que le président actuel n’a pu réellement gouverner qu’après son investiture le 6 décembre 2006. D’accord. Quel en est le bilan quatre années après soit une législature aux Etats-Unis d’Amérique? La qualité de la vie des Congolais a-t-elle été améliorée ? Les Congolais sont-ils plus libres qu’avant ? Qu’en est-il de la sécurité des personnes et des biens ? Quid de la situation économique ? Kabila pourrait-il réaliser en sept ans ce qu’il n’a pu faire en neuf ans ?

Selon Kamitatu, « les choses n’avancent peut-être par au rythme souhaité par le président, et les Congolais n’en ressentent pas encore les effets, mais bon nombre de chantiers ont été ouverts, notamment dans les infrastructures routières.» Il est révélateur d’entendre Kamitatu clamer qu’après les infrastructures, «la deuxième priorité concerne l’énergie». Pas un mot sur l’année du social décrété par Kabila. «Olivier» qui a vécu longtemps en Occident semble ignorer que tout gouvernement est tenu à une obligation de résultats. Ceux-ci se mesurent au regard du bien-être collectif et non par la déclamation d’un catalogue de bonnes intentions.

Il est par ailleurs surprenant d’entendre Kamitatu appeler au départ de la Mission des Nations au Congo (Monuc) alors que l’armée nationale paraît toujours et encore incapable de d’assurer avec efficacité la défense des frontières du pays. «On ne peut sous-traiter indéfiniment la sécurité du Congo. C’est une question de souveraineté.» De quelle souveraineté parle-t-on lorsqu’un Etat se comporte en mendiant au point de ne pouvoir boucler son budget sans l’aide financière extérieure ?

Kamitatu est convaincu que Joseph Kabila sera «en haut de l’affiche» lors des présidentielles de 2011. C’est ainsi que lui-même ne sera pas candidat pour éviter «une perte de temps». «Il faut remporter l’élection dès le premier tour, avec une large majorité», assure-t-il. Quelle immodestie ! Comme tout politicien congolais, plus soucieux de sa carrière que de l’intérêt général, Olivier Kamitatu paraît décidé à adorer au sein de l’AMP (Alliance de la majorité présidentielle) ce qu’il «brûlait», jadis, durant les années de militantisme dans le Mouvement de libération du Congo.

B.A.W

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