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LOSAKO
9 février 2010

Guerres en RDC : Des chercheurs canadiens crachent sur les 6 millions de morts en RDC

kivu_untitledDepuis quelque temps, certains chercheurs occidentaux s’amusent à mener des études sur les guerres en Afrique. Curieusement, ces études tendent à aboutir vers une même conclusion : le bilan des morts des guerres en Afrique serait exagéré. Comme s’ils voudraient simplement dire qu’il ne s’est rien passé sur le continent noir. Ainsi, en ce qui concerne la République démocratique du Congo, Human Security Report dont font partie des experts ou chercheurs canadiens, c’est selon, de l’Université Simon Fraser, en Colombie-Britannique, au Canada, affirme que le nombre de 5,4 millions de morts en RDC publié en 2007 devrait être divisé par deux. Sadisme ou peur des poursuites judiciaires qui pourraient être entreprises incessamment, comme l’ont demandé les Etats-Unis dans le cas d’espèce de la guerre en RDC ? En attendant une réponse à cette interrogation, après une étude de même nature sur le Darfour – preuve qu’il ne s’agit point d’un fait du hasard - la querelle des chiffres autour des morts en RDC a déjà commencé. Une question qui doit déjà interpeller l’Etat congolais.

LE POTENTIEL

Jean-Philippe Rémy, du Journal Le Monde, s’indigne devant ces « Comptes cruels de la guerre », titre de son article, que se complaisent à faire certains chercheurs. En effet, selon ce confrère, les chercheurs de l’Université Simon Fraser, en Colombie – Britannique, au Canada ont publié en fin janvier de cette année, un nouveau rapport de leur série Human Security Report, intitulé « la diminution des pertes humaines dans les guerres ». Leurs conclusions suscitent bien sûr plusieurs interrogations. Car pour eux, 80 % des morts seraient « des victimes indirectes des conflits de guerre ». .

C’est ainsi qu’en ce qui concerne la République démocratique du Congo, ces chercheurs canadiens affirment que le nombre publié par International Rescue Committee, IRC, en 2007, de 5, 4 millions de morts est exagéré. Ils estiment que ce nombre doit être divisé par deux. Cette étude a été aussitôt contestée par IRC qui attaque même certaines méthodes de travail de ces chercheurs canadiens.

massacre_kiwanja44SADISME

Quelle est l’opportunité d’une telle étude qui choque les consciences des nations concernées, notamment la République démocratique du Congo ? Tout se passe comme s’il y aurait une main invisible qui financerait toutes ces études dans le but de prouver qu’il ne s’est pratiquement rien passé en Afrique. Pire, de minimiser les morts en RDC Car on ne peut admettre une telle affirmation selon la laquelle les chiffres de morts avancés pour la RDC serait bien celui de toutes les guerres en Afrique.

Non. Même s’il n’y avait que 300 morts, c’est déjà un crime contre l’humanité. Cette démarche frise du sadisme, donnant l’impression de s’attaquer à tout le travail effectué par des ONG qui étaient sur le terrain et ont vécu l’horreur à l’image de Hillary Clinton, Secrétaire d’Etat américaine. Raison pour laquelle, devant toutes ces horreurs, elle a, au nom des Etats-Unis, demandé que des poursuites judiciaires soient initiées contre les auteurs de ces crimes en RDC.

Force est de rappeler que bien avant Hillary Clinton, International Rescue Committee, IRC, a publié en 2007 le nombre de 5,4 millions de morts en République démocratique du Congo. En 2009, Caritas international stigmatisait la terrible tragédie que vivent les populations dans l’Est de la RDC : « La guerre a fait plus de 5 millions de morts et chaque jour 1.200 personnes meurent des conséquences de ces conflits. Chaque mois, 40.000 personnes s’ajoutent au nombre de déplacés. Autrement, on compte entre un et deux millions de déplacés et un million de réfugiés. Les viols systématiques et l’esclavage sexuel dans les zones de conflits ont contribué à l’augmentation du nombre de victimes du sida ».

Après avoir séjourné au mois d’août 2009 en RDC, Hillary Rodham Clinton, Secrétaire d’Etat américaine a écrit un article qui a été publié le 26 août sur le site Web du Magazine People et repris dans les « Dépêches du Département d’Etat ». Dans son article intitulé « Ce que j’ai vu à Goma », Hillary Clinton retrace l’horreur qu’elle a vu en RDC et reconnaît en ces quelques mots le nombre de morts en RDC : « Ce camp (Ndlr Le camp de Mungunga) abrite à l’heure actuelle 18.000 personnes qui y ont cherché refuge face à un cycle de conflits violents qui a causé la mort de 5,4 millions de personnes depuis 1998 ». Et plus loin, elle poursuit : « Je suis allée à Goma pour dire clairement que les Etats-Unis condamnent ces attaques et tous ceux qui les commettaient et qui les encourageaient. Ce sont des crimes contre l’humanité. Ces actes ne portent pas uniquement atteinte à une seule personne ou à une seule famille ou encore à un village ou un groupe. Ils déchirent le tissu qui nous unit en tant qu’être humain. De telles atrocités n’ont leur place dans aucune société. C’est vraiment l’humanité sous son pire aspect (….). Lorsque j’étais en RDC, j’ai eu un entretien très franc au sujet de la violence sexuelle avec le président Kabila. J’ai souligné qu’il fallait poursuivre en justice et sanctionner les auteurs de ces crimes qui qu’ils soient. C’est particulièrement important lorsqu’ils occupent des postes de responsabilité et que ce sont notamment des membres de l’armée congolaise que l’on a laissés commettre ces crimes en toute impunité »

film_congo_guerreJohn Perkins, dans son livre « L’histoire secrète de l’empire américain. Assassins financiers, chacals et la vérité sur la corruption à l’échelle globale », avance également ses chiffres : « Quatre millions de gens ont été tués dans ce pays qu’ on appelle, avec euphémisme, la République démocratique du Congo (autrefois le Zaïre) depuis 1998. Ils sont morts pour que des plus riches puissent acheter des ordinateurs et des téléphones cellulaires à bas prix. En 2006, le magazine Time résumait l’histoire récente du Congo dans un article en page couverture intitulé : « La guerre la plus meurtrière du monde ». En 1998, le Rwanda et l’Ouganda envahissent le Congo une fois encore, déclenchant ce qui a été appelé la première guerre mondiale africaine. La lutte pour obtenir le pouvoir et les ressources a entraîné dans le conflit au moins huit pays voisins. (…). Les assassins financiers, les mercenaires et les agents des gouvernements des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de l’Afrique du Sud attisent sans cesse des conflits. Des fortunes s’édifient avec la vente d’armes aux divers belligérants. La guerre donne aux entreprises la possibilité d’échapper au contrôle des droits humains et à celui des groupes environnementaux et leur évite de payer des taxes et des tarifs douaniers. Des situations semblables à celle du Congo se sont produites en plusieurs autres endroits. Cynthia McKinney, représentante du Congrès a présenté plusieurs aspects de cette « conspiration anglophone » lors d’une conférence qu’elle a donnée le 16 avril 2001 ».

Voici quelques extraits de sa conférence de presse : « Une grande partie de ce que vous allez entendre aujourd’hui n’a pas été rapportée par les médias. Des forces très puissantes ont tenté d’empêcher que ces informations parviennent au public. Des enquêtes sur les activités des gouvernements et des hommes d’affaires occidentaux en Afrique post-coloniale ont prouvé clairement une propension de longue date de l’Occident à agir avec cruauté, avarice et fourberie. La mauvaise conduite des nations occidentales à l’égard de l’Afrique ne provient pas de défaillances, de manquements individuels ou d’erreurs passagères dues à la faiblesse humaine. Elle fait partie d’une politique à long terme pour faire main basse sur les richesses de l’Afrique et les piller aux dépens des habitants.

A la source de la souffrance africaine se trouve l’Occident, surtout les Etats-Unis, qui veulent posséder les diamants, le pétrole, le gaz naturel et d’autres ressources précieuses. L’Occident et plus spécialement les Etats-Unis, ont instauré une politique d’oppression, de déstabilisation et sont intervenus non par principes moraux, mais par une volonté impitoyable de s’enrichir grâce à la richesse fabuleuse de l’Afrique. Les pays occidentaux ont suscité des rebellions contre les gouvernements africains et ils ont même participé activement à l’assassinat de chefs d’Etat africains légitimement élus et les ont remplacés par des dirigeants corrompus qui se laissent manipuler ».

justice_internationalePEUR DE LA JUSTICE

Il est vrai que ce livre a été écrit avant l’arrivée de Barack Obama à la Maison Blanche. Et la déclaration de Hillary Clinton marque justement cette différence et cette détermination de la nouvelle administration américaine à changer des choses, à être impitoyable envers les auteurs de crimes contre l’humanité.

Pas du tout surprenant que des cabinets privés naissent ici et là, des chercheurs d’opérette qui ne sont jamais descendus sur le terrain soient mis à contribution pour manipuler les « comptes de guerre » par peur de la justice. Qu’il s’agisse des chercheurs canadiens, rien également de surprenant dans la mesure où un autre Canadien, Général d’armée de son état, a écrit un livre sur ce qui s’est passé dans la région des Grands Lacs, livre qui suscite encore des réactions.

Pourquoi ces chercheurs réagissent-ils après la déclaration de Hillary Clinton et celle des ONG qui affirment qu’il y a eu plus 5 millions de morts en République démocratique du Congo ? Pour qui roulent ces chercheurs canadiens ?

Il est un fait indéniable qu’un Tribunal pénal international sur la République démocratique du Congo impliquerait bien des Etats et des sociétés multinationales. Les enquêtes menées par les experts de l’ONU constitueront des éléments de base pour le Procureur de tribunal international pour faire défiler les présumés coupables des guerres et des morts en RDC, lors d’un procès inédit.

Pour corroborer ce qui précède, force est de rappeler qu’ une autre personnalité américaine, Herman Cohen ; ancien sous-secrétaire d’Etat américain chargé des questions africaines, si notre mémoire ne nous trahit pas, avait déclaré que ce qui se passe au Congo est plus fort que « l’ holocauste de la Deuxième Guerre mondiale ». C’est tout dire.

Au demeurant, cette question doit interpeller au plus haut point le gouvernement pour autant que ce sont des Congolais qui ont été tués. A l’instar de ce qui se passe dans d’autres pays, le Gouvernement congolais a l’obligation morale et politique de publier ses chiffres. Ce travail appuierait celui déjà fait par la publication des « livres blancs » sur ces guerres en RDC. Mémoire collective oblige. Le Potentiel

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