Etat de la Nation : Joseph Kabila ou la " Paix " de l'occupant...
Comme du temps du MPR (Mouvement Populaire de la Révolution), le dernier discours à la nation de Joseph Kabila a tenu toutes ses promesses. Platitude, complaisance, banalités, clichés, mensonges, canulars, stéréotypes, évidences et humour ; les Congolais se sont bien amusés et bien marrés hier au Palais du Peuple. Même un analphabète ferait mieux ou épargnerait tout au moins, les Congolais de ses caprices et fantasmes. Mais comme le «raïs» congolais n’a aucun respect pour ses électeurs, il s’est bien permis de déverser sur eux un discours éhonté, puant et pétri de stupidités.
On croyait révolu au Congo, le temps des discours-fleuves et trop classiques mais c’était mal connaître le locataire de la luxueuse résidence présidentielle à Gombe et son équipe. Le discours à la nation semblait trop long parce qu’il était vide, exténuant et ennuyeux. Comme le Président, les faucons manquent tous de créativité et d’originalité. Ils s’accrochent à la facilité.. "Excellences" qui encouragent les tournures protocolaires et surtout les pertes de temps au point d'en paraître interminables.
Dans ce discours peu vivant, Joseph Kabila n’y a rien dit de nouveau. On comprend trop rapidement que ses faucons-speechwriters ont simplement réchauffé ses discours antérieurs et qu’ils ont essayé de lui trouver un contexte. L’incompétence de son équipe, on ne sait s'il a déjà trouvé les 15 personnalités qu'il recherche pour redresser le pays, mais il l’a attribuée à la conjoncture économique et financière actuelle. « La RDC a ressenti le contre coup de cette crise : le taux de croissance est en baisse, tandis que celui de change est hausse. Toutefois, les réformes engagées depuis 8 ans sont payantes, même si l’impact sur le plan social n’est pas encore perceptible »...sans blague ! Ses mauvais jugements et ses inactions répétées, il les attribués au «peu de temps» qu’il a déjà passé au pouvoir. En fait, Joseph Kabila voudrait qu’on lui donne du temps, encore du temps et toujours du temps. Trois ans au pouvoir et nul n’est capable de dire exactement et concrètement ce qu’il a fait. En 2011, Cet homme se présentera encore sans ambages, devant les électeurs Congolais pour leur parler comme il l’a fait dans ce discours à la Nation. Il se présentera encore et dira aux Congolais qu’il aurait tant souhaité réaliser les « 5 chantiers » si on lui accordait encore cinq années de plus. Mais accorder un nouveau mandat à Joseph Kabila, c’est légaliser la médiocrité au sommet de la République. Ce serait le refus du pays d’avancer avec le monde.
La RDC, un paradis pour criminels auteurs de graves violations
Ce que Kabila ne dit pas c’est que la paix est loin d’être revenue dans les provinces du Kivu. En huit ans de gouvernance, il y a eu à Goma et environs, plus de massacres, viols (utilisés comme une arme de guerre), pillages de nos richesses etc.. qu’au cours de trente-deux ans de pouvoir de feu Maréchal Mobutu. En trois ans, les femmes et enfants à l'Est du Congo n’ont connu que des cauchemars.. Viols, humiliations (elles sont trainées comme des bêtes au milieu de soldats tutsis rwandais hilares et en furie assoiffés de sang), enlevements, pillages etc.. En trois années de pouvoir, Joseph Kabila a pourri la vie des Kivutiens et a tué l’espoir des Congolais en général, mais il a essayé de faire croire dans son discours que « Nous sommes sur la voie de la normalisation de la situation à l’Est » « Les camps de déplacés commencent à se vider ». Plus révoltant dans le discours présidentiel, c’est le fait qu’il affiche un réel satisfecit dans le fait de voir la RDCongo être non seulement le théâtre de violences récurrentes contre les civils par des soldats tutsis rwandais assoiffés de sang et de pouvoir qui n’ont plus aucune valeur et qui font de la vie des congolais un jeu de mort, mais de mouvements de retour de soi-disants "réfugiés".. Or, des tutsis rwandais, traversant de part en part les frontières du Rwanda et Burundi pour occuper nos terres, nos villages, nos champs, nos bétails etc.. Vouloir nous convaincre que ce sont tous des réfugiés Congolais, c’est nous prendre pour des gobe-mouches.
Un vieillard de 70 ans assis dans la brouette qui allait le conduire au village de Mikili, oups pardon, Miriki, a dévoilé son œil droit disant: "regarde, ils (les soldats rwandais du CNDP) m'ont crevé mon œil, il y a quelques jours ils ont tué un homme sur sa terre ici" en désignant le champ où le jeune paysan Bisimwa (24 ans) a été tué il y a deux semaines, ajoutant "avant, ils avaient attaqué un autre homme, ils lui ont crevé un œil, lui ont cassé la jambe, ce sont des bêtes féroces, et il n'y a personne pour nous protéger".
Des Congolais humiliés de partout
Les Congolais expulsés d'Angola ne sont apparues nulle part dans le discours. Pourtant, plusieurs milliers de Congolais ont été chassés d'Angola depuis le début de son mandat
Ignorance, arrogance, complicité, naïveté, manipulation et invention de chiffres, manque d’humilité et refus de regarder la réalité en face, le natif de Dar es Salaam n’a jamais arrêté d’inventer des numéros. De quoi veut-il donc nous parler ? De rien puisqu’il n’a rien à dire mais comme c’était une obligation présidentielle, Joseph Kabila se devait de passer devant la représentation nationale avec un discours-bilan mirobolant, un verbiage hypnotiseur digne d’une fable. Le Président nous a même parlé de choses dont il n’a aucune connaissance en paraphrasant la Bible, qu’ « il y a un temps pour dialoguer, il y a un temps pour appliquer la loi » Joseph Kabila veut-il nous faire croire que la justice au Congo se fait en toute transparence et honnêteté ? Un bla-bla aussi beau soit-il, dégage trop facilement des mensonges et des contrevérités.
Tolérance double zéro
Lors de son discours d’investiture, il y a exactement trois ans, ( 6 décembre 2006), le chef de l’Etat s’était engagé à mener une lutte contre la corruption et l’impunité. "Fini la récréation, les portes des prisons restent largement ouvertes", autant des phrases restés célèbres dans son discours. Trois ans après, le constat est, pour beaucoup d’observateurs, décevant. Peu de progrès ont été réalisés dans ce domaine.
Concernant les infrastructures, le chef de l’Etat a relevé quelques réalisations imaginaires : la réhabilitation des axes Kenge-Kikwit, Lubumbashi-Kasumbalesa, Beni-Kisangani, Lisala-Bumba, Mbandaka-Bikoro, pour ne citer que ceux-là... A Kinshasa, les communes sont en voie de disparition.. tant que le service des voiries urbaines et les ministères en charge des travaux publics travailleront en ordre dispersé sans politique arrêtée de lutte spécifique contre les érosions; les érosions ne cesseront jamais de menacer Kinshasa et si possible d'engloutir des maisons d'habitation. L’eau et l’électricité aux abonnés absents, les délestages sont encore monnaies courantes dans les grandes villes et que nos villages sont largement dépourvus d’eau potable et d’électricité qui constituent les bases pour un pays qui se veut émergent. Comment finalement comprendre que notre Président puisse se réjouir de l’actuelle situation au Congo ?
Joseph Kabila a besoin de la Chine pour l’aider à réhabiliter 300 kilomètres de routes, construire des échangeurs, des fontaines, des tribunes de 2500 places, des pavillons en l'honneur du Raïs congolais pour avoir un bilan à présenter aux Congolais dans deux ans.
Celui qui nous a promis depuis trois ans la paix et la croissance à deux chiffres, nous parle aujourd’hui des "signes de la restauration de la paix et la sécurité à l’Est de la RDC" qui sont palpables selon lui avec des chiffres ridicules qui sont faussés parce qu'il nous a chiffré à "la tolérance" zéro et probablement inventés. Dans ce discours, Joseph Kabila a trop facilement dit des choses inutiles dont il pouvait bien nous en faire l’économie. Les Congolais n’ont pas besoin de lui pour leur faire l’historique de la crise economique, alimentaire et financière ; ils auraient voulu qu’il dévoile son plan de gestion et de prévention de la crise. Mais comme il n’a aucune idée de comment sortir le pays de l’ornière, il se contente de la rhétorique politicienne, de gros mots et de distractions. A l’heure où le Peuple Congolais s'enfonce dans une misère indescriptible, l'avenir est sombre, les signaux économiques sont alarmants... La solution pour un si grand pays comme la RDCongo est loin, très loin d’être dans un délayage présidentiel.
O.M... Plutôt mourir debout que vivre à genoux.