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LOSAKO
12 novembre 2009

Après la signature des avenants chinois / RDC – FMI : le flou persiste

fmi_rdcLe Fonds monétaire international s’est résolu à entretenir le suspense autour de la conclusion d’un nouvel accord formel avec la RDC- nouvel accord devant consacrer la mise en œuvre entre 2009 et 2011 d’un second Programme économique du gouvernement (PEG 2). Après les contrats chinois, le FMI semble avoir trouvé une autre parade pour retarder la conclusion du PEG 2. En témoignent les déclarations à demi-teintes de Brian Ames, chef de division au département Afrique du FMI, à la conférence de presse de fin de mission qu’il a animée mardi 10 novembre 2009 à l’Hôtel des monnaies.

Au commencement étaient les contrats chinois, comme argument brandi par le Fonds monétaire international pour conclure un nouvel accord formel avec la RDC. Puis vient autre chose dont le FMI garde encore le secret. L’on s’attendait à ce que Brian Ames, chef de division au département Afrique du FMI, à la tête d’une mission de deux semaines, éclaircisse enfin les nouveaux rapports entre la RDC et le FMI. Il n’en a été rien lors de la conférence de presse qu’il a animée mardi 10 novembre 2009 à la représentation du FMI en RDC, sis 5ème de l’immeuble de l’Hôtel des monnaies. Bien au contraire, l’expert du FMI a étonné et surpris plus d’un. Tenez.

A la question de savoir si le dossier RDC sera finalement présenté, avant fin 2009, au Conseil d’administration, Brian Ames hésite, prend un temps de réflexion, puis lance de façon sibylline : « Le Conseil d’administration du FMI se réunit à la première semaine du mois de décembre. Quant au dossier RDC, le FMI attend encore les assurances financières du club de Paris qui se réunit la semaine prochaine (Ndlr : le 18 novembre à Paris) pour se décider. On continue à discuter avec les autorités congolaises. Et, si tout va bien, on peut aller rapidement devant notre Conseil d’administration ».

Si l’ on peut se permettre d’interpréter ses propos, malgré les amendements portés sur les contrats chinois, il subsisterait encore des points de divergence qu’il faudra clarifier avant de soumettre, probablement début décembre 2009, le dossier RDC au Conseil d’administration du FMI. Pas de révélation, par contre, sur les nouveaux points de discussion. Le souhait pour le FMI, semblait dire son chef de mission en RDC, est de lever le plus tôt possible ces divergences pour transmettre « rapidement » le dossier à son Conseil d’administration.

Les divergences porteraient sur les finances publiques. En effet, la mission a noté que la dépréciation continue à grande échelle du franc congolais et le taux d’inflation a presque doublé depuis le mois d’août. Pour faire face à ce glissement de la monnaie nationale, la BCC avait opté pour la vente des devises aux banques commerciales. Mais cette pratique a montré ses limites. Le FMI qui n’a pas apprécié cette résolution, apprend-t-on, a demandé à la BCC d’y renoncer et de recourir au « Bon de Trésorerie » qui est l’outil efficace que doivent utiliser les institutions financières pour absorber la masse monétaire en circulation. La BCC a été invitée à harmoniser son programme d’intervention par le « Bon de Trésorerie » et communiquer au FMI toutes les analyses et informations hebdomadairement au lieu d’attendre le faire à la fin du mois. Pas de doute qu’il s’agit-là d’une « injonction du FMI ».

Virage à 180 degrés du FMI alors qu’à Kinshasa, le gouvernement se prépare déjà pour un PEG 2. Le Premier ministre, Adolphe Muzito, ne s’en est d’ailleurs pas caché dernièrement lorsqu’il recevait à son cabinet les ambassadeurs des pays membres du Club de Paris.

World_Bank_President_IMF_Director_Hold_BriefingLE FMI SE CONTREDIT

Que cache finalement cette attitude controversée du FMI ? Qu’attent-il exactement de Kinshasa pour arriver à cet accord formel ?

Voilà trois ans que le gouvernement court après un PEG 2, après l’arrêt brutal en mars 2006 du premier programme triennal qui le liait au FMI. Trois ans, c’est aussi le temps mis par la RDC pour parvenir à convaincre les services du FMI de la nécessité de renouer formellement avec la RDC pour lui redonner la chance d’envisager à brève échéance le point d’achèvement de l’initiative d‘allégement en faveur des pays pauvres très endettés. A ce point, la RDC espère une annulation d’environ 90% de sa dette qui se chiffre aujourd’hui en valeur actuelle nette à 10,2 milliards Usd, selon les dernières statistiques de l’OGEDEP arrêtées à fin 2008.

Que n’attent-on donc pas fait au niveau du gouvernement pour convaincre le FMI ? Des concessions ? Kinshasa en a fait de tous ordres aussi bien en termes des reformes structurelles, de politique monétaire que de politique budgétaire. Malheureusement, lorsque tout semblait s’éclaircir, la RDC s’engageait dans un partenariat de nouveau style avec un consortium chinois. Ce qui ne tarda pas à irriter – alors sérieusement – le FMI. Aussi, malgré les bons chiffres présentés par la RDC en rapport avec la situation économique, financière et monétaire du pays, le FMI imposa son veto.

Dès cet instant, la conclusion d’un PEG 2 était dès lors conditionnée par le réajustement des contrats chinois pour, de l’avis du FMI, les rendre compatibles à la soutenabilité de la dette et aux objectifs de l’Initiative PPTE. Kinshasa hésitait à emboîter le pas. Mais, c’était sans compter avec les pressions des institutions de Bretton Woods. Lassé et presque dos au mur, le gouvernement a dû capituler. Avec la compréhension de ses partenaires chinois, des amendements ont été portés sur le partenariat initial sino-congolais.

Le 30 octobre 2009, une lettre conjointe FMI-Banque mondiale confirme les faits. Dans cette correspondance, on peut lire : « Nous avons aussi le plaisir de vous informer que les services du FMI et de la Banque mondiale ont procédé à l’évaluation du degré de concessionnalité (ou élément don) de la garantie fournie par l’État congolais au financement des infrastructures visées dans l’Accord de coopération. L’élément don a été estimé à 42 % en partant des hypothèses suivantes : i) le projet minier ne génère aucun revenu net et le recours à la garantie de l’État intervient au bout de 25 ans comme le prévoit l’Accord révisé; ii) les intérêts courus sont composés, avec un taux d’intérêt fixe de 4,4 %. L’élément don augmente à 46 pourcent si le gouvernement reçoit $250 millions au titre du Pas de Porte de la part des partenaires chinois ».

La voie pour la conclusion d’un PEG 2 était totalement dégagée. Paris où Kinshasa a rendez-vous le 18 novembre avec ses créanciers n’était alors qu’une étape de formalité par laquelle le FMI attendait avoir des « assurances financières » des créanciers bilatéraux de la RDC. Rien ne devait donc obstruer le bout du tunnel, bien à la portée de la RDC.

Le gouvernement ira certes à Paris. Mais, avant le passage au Conseil d’administration, il y a des points à clarifier, a-t-il indiqué.

fmi_brule_rdcKINSHASA SE TROUVE UN AVOCAT

Sans en révéler le contenu, Brian Ames a toutefois effleuré le problème. Lorsqu’il fait le point de la situation à fin septembre 2009, il se félicite que les résultats aient été « globalement satisfaisants ». Il se tourne ensuite vers le gouvernement en se posant une question : « Est-ce que le gouvernement prendra les mesures correctives qui s’imposent pour demeurer dans la cible ? » Il lui conseille alors de tout mettre en œuvre pour « garder l’objectif pour fin 2010 ». En effet, a-t-il souligné, pour fin 2009, la cible en termes d’inflation est portée entre 45% et 47 % contre 25%, comme initialement prévu. Tandis que pour fin 2010, il est fixé à 15%.

Qu’est-ce qui serait alors à la base de cette situation ? En réponse à cette question, Brian Ames surprend. Selon lui, les déséquilibres en termes d’inflation et de taux de change ne sont pas imputables aux dérapages budgétaires. Il se réfère, à cet effet, aux différents appuis budgétaires que la RDC a reçus de ses partenaires (FMI, Banque mondiale et BAD) pour faire face à la crise financière internationale. Cependant, il ne s’empêche d’inviter à une « parfaite coordination » entre la Banque centrale et le gouvernement pour gérer efficacement les finances publiques. Pour quelle raison le ferait-on dès l’instant où, selon l’expert du FMI, les déséquilibres du cadre macro-économique ne proviendraient pas des dérapages budgétaires ?

A force de maquiller la vérité, le FMI se contredit finalement dans ses jugements. Car, quand le gouvernement pêche par une gestion budgétaire hasardeuse, le FMI le dédouane de tout soupçon, mais prend même le temps de l’inviter à mieux coordonner ses actions avec la Banque centrale du Congo.

Décidément, l’on se rend aujourd’hui à l’évidence que le FMI ne trouve aucun intérêt à conclure un nouveau programme triennal avec la RDC. C’est la première impression et il y a lieu de voir la réalité en face pour ne pas se laisser entraîner dans un jeu dont on ne maîtrise pas les contours. Comment comprendre qu’après l’accord avec la Chine, le FMI relance un autre débat sur des sujets censés avoir été classés depuis les négociations d’avril 2009 à Washington.

La correspondance du 30 octobre 2009 l’évoque subtilement. « Nous vous saurions gré de bien vouloir nous communiquer à votre meilleure convenance, toute observation que vous auriez sur les deux notes techniques établies par nos services ». Quel est le contenu de ces « deux notes techniques » ? Sera-ce la nouvelle trouvaille du FMI pour renvoyer aux calendes grecques la conclusion d’un PEG 2 pendant que l’on brandit encore subtilement le « dossier sur les violations des droits de l’homme » ?

Le moment est venu pour Kinshasa de chercher à savoir ce qu’il y a derrière la tête du FMI aux fins de recadrer ses rapports avec cette institution. Suggestion intéressante, car, entre le FMI et la RDC, le flou persiste. Le Potentiel

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