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LOSAKO
22 octobre 2009

Pillage des minerais : le silence inquiète

image_file_819Les concessions minières de la République démocratique du Congo font toujours la « Une » des journaux étrangers, tant les minerais demeurent les nerfs des guerres en RDC. Mais depuis que la commission d’enquête du Sénat a rendu public le « Rapport Mutambwa Dibwe », ce dossier refait surface et le document en question fait tabac à travers le monde. Et pourtant, ce n’est pas la première fois qu’on dénonce le pillage des ressources minières en RDC. Outre les complices congolais, les sociétés multinationales en sont les grandes bénéficières. Mais jamais aucune sanction n’a été prise contre elles par les instances internationales. Quelle suite réservée alors au « Rapport Mutambwa Dibwe » ?

« Où va l’argent des mines en RDC ? » Cette interrogation est du journal La Libre Belgique paraissant en Belgique. Il s’interrogeait ainsi dans l’une de ses livraisons de la semaine dernière sur les révélations contenues dans le rapport Mutamba Dibwe, après le travail de la Commission d’enquête du Sénat.

Bien avant Libre Belgique, Africa Confidential, dans son édition en langue française, publiait un article intitulé : « Congo-Kinshasa : Mines, dollars et corruption ». D’entrée de jeu, il faisait remarquer que « Dix ans après la chute de Mobutu, le gouvernement de Kinshasa est toujours marqué par la corruption et ses efforts de réforme sonnent creux ». Africa Confidential venait également de prendre connaissance du « Rapport Mutamba Dibwe » sur la gestion calamiteuse et criminelle des concessions minières. Plus loin Africa Confidential s’interrogeait sur le fait que depuis 2007 qu’a été décidé la revisitation des contrats miniers, les résultats de cette revisitation sont toujours attendus. Aussi, s’appuyant sur une étude réalisée par l’américain S. Trefon qui a souligné que la RDC ne peut quémander de l’argent ailleurs, car ce pays dispose de ressources naturelles importantes. Mais du fait de l’incapacité de maîtriser ces ressources, le Congo est maintenant parmi les pays les plus endettés. Trefon attribue cette situation au « pillage, au clientélisme et à la pauvreté des populations congolaises ».

Voilà qu’au même moment Miningreview, depuis Londres, selon l’agence britannique de presse, Reuters, faisait savoir « qu’ environ 25 contrats miniers sont menacés de résiliation d’ici décembre ». Information livrée, selon la même source, par le vice-ministre des Mines, Victor Kasongo, qui a déclaré ce qui suit : « Nous verrons si les études ont été faites. Les entreprises concernées devront présenter leurs raisons et le ministère des Mines décidera s’il faut prolonger la date limite ou retirer les permis. L’objectif pour le gouvernement étant de confier ces actifs miniers entre des mains capables ». On reproche à ces entreprises dont on n’a pas encore citées les noms qu’elles n’ont pas finalisé et présenté leurs études de faisabilité.

Le journal Le Monde, paraissant à Paris, s’est également intéressé au « Rapport Mutamba Dibwe ». Il s’est attardé aussi sur le manque à gagner, soit 450 millions de dollars en 2008 alors que l’Etat congolais n’a enregistré que 90 millions de dollars américains.

kabsLE SILENCE

Le « Rapport Mutamba Dibwe » ne fait qu’enrichir les précédents rapports sur le pillage et la mauvaise gestion des ressources minières en RDC. La question brûlante est celle de savoir s’il ne va pas rejoindre dans les tiroirs des oubliettes les rapports Lutundula et Bakandeja.

De nombreuses enquêtes diligentées par l’ONU ont pratiquement toutes abondé dans le même sens. Le pilage est une réalité et que les minerais sont « les nerfs des guerres » en RDC.

Ces mêmes rapports ont dénoncé l’implication des sociétés étrangères, pour ne pas dire des multinationales, qui sous-tendent des conflits armés en RDC pour exploiter illégalement les richesses congolaises avant de blanchir les revenus de ce trafic frauduleux dans des capitales occidentales. Un véritable réseau de maffieux s’y est installé et contrôle l’achat et la vente de ressources minières du Congo pendant qu’elles alimentent l’approvisionnement en armes des groupes armés négatifs.

Des organisations des droits de l’homme, notamment Human rights watch et Global Wittnes ont publié des rapports accablants sur cette situation. Elles ont même appelé au boycott d’achat de minerais de sang, proposant entre-temps qu’un système de certification y soit institué pour limiter les dégâts et décourager ces « groupes identitaires » sans foi ni loi. Mais rien n’est fait jusqu’à ce jour.

Un silence complice et coupable. Que faut-il attendre du « Rapport Mutamba Dibwe » qui s’internationalise comme si la Communauté internationale voudrait en faire quelque chose de nouveau.

Boshab_MuzitoBONNE GOUVERNANCE

Cette réaction à travers le monde intervient au moment où Kinshasa s’apprête à conclure un nouveau contrat, un nouveau programme économique avec les institutions de Bretton Woods. Par deux fois, le rendez-vous avec les bailleurs de fonds, notamment ceux du Club de Paris a été décalé.

S’il est vrai que l’on explique ces reports par la signature de l’avenant chinois relatif à la convention sino-congolaise, avec en toile de fond l’attribution des concessions minières - encore et toujours les mines - la mauvaise gouvernance caractérisée par le manque de maîtrise des finances publiques en est la raison principale. Les dernières révélations sur la mauvaise gestion des ressources minières ne sont pas du tout à l’actif du gouvernement congolais. Bien au contraire, elles créent un sentiment dubitatif dans le chef des partenaires extérieurs, des bailleurs de fonds sur la capacité réelle du gouvernement congolais à sortir des sentiers tortueux et sinueux de la mauvaise gouvernance.

Pour obliger la Communauté internationale à prendre des sanctions contre ces criminels économiques, il revient à toutes les instances, disons toutes les institutions de la République, de s’approprier le « Rapport Mutamba Dibwe » et à en faire un usage utile. En premier lieu, les Cours et tribunaux pour initier des réquisitions d’informations en vue d’aboutir à des enquêtes judiciaires avec au bout du tunnel des procès contre les criminels économiques. Ce n’est qu’à cette condition que l’on brisera le silence de la Communauté internationale. C’est la panacée pour permettre au gouvernement congolais de donner le gage de sa volonté de s’appuyer désormais sur la bonne gouvernance. Le Potentiel

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