Recrutement des magistrats : gare à la corruption et aux pressions politiques
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Le concours de recrutement des magistrats civils et militaires en RDC qui a démarré samedi dernier se clôture ce lundi. Sur les 13 000 candidats qui y prennent part sur l'ensemble du pays, seulement 1 000 seront embauchés par pallier de 500 pour 2010 et 500 autres pour 2011. Tout en saluant l'initiative et la prise en charge de ce concours par le gouvernement, des ONG de défense des droits l'homme expriment leur crainte de voir ce concours être vicié par la corruption et les pressions politiques au détriment des candidats plus méritants, rapporte radiookapi.net
L' Association africaine de défense des droits de l’homme (Asadho) est parmi ces organisations qui apprécient la prise en charge de ce concours par le gouvernement. Mais en même temps, elle craint que l’absence d’autres partenaires dans l’organisation de ce recrutement ne puise favoriser des cas de corruption et autre favoritisme. Jean-Claude KATENDE responsable de cette organisation s’est exprimé en ces termes : « C’est une bonne chose que le gouvernement puisse démontrer qu’il peut se passer de l’assistance des bailleurs internationaux pour faire en sorte que le travail soit fait avec les moyens locaux. C’est quelque chose qu’il faut encourager par ce que la magistrature fait partie de la souveraineté d’un Etat. La deuxième chose c’est une inquiétude, on sait comment la sélection, le recrutement des mandataires de l’Etat s’était passé. Aujourd’hui, par manque d’implication de la société civile mais aussi par manque d’une certaine assistance des bailleurs, nous craignons que les gens qui méritent ne puissent pas avoir la chance d’être retenus suite à la situation de corruption et certaines recommandations. »
Emmanuel Umpula directeur exécutif de l’organisation Action contre l’impunité pour les droits de l’homme ( Acidh), une autre ONG locale, exprime la même appréhension: :« En collaboration avec nos partenaires, nous avons mené une enquête en 2006 sur le fonctionnement de la justice en RDC. Parmi les causes du dysfonctionnement de la justice figure le manque de magistrats à certain endroit dans notre pays. Ainsi nous pensons que comme le, gouvernement vient d’organiser ce test pour répondre à ce besoin là, on a souhaité que ce test se passe dans une transparence de sorte que les magistrats qui seront retenus soient à la hauteur de leur travail. »
Face à ces inquiétudes, le ministre de la Justice, Bambi Luzolo rassure et affirme que le gouvernement veille à la transparence de ce concours, tout en mettant en garde les récipiendaires contre la tricherie et la corruption au risque de se retrouver en prison dans le cadre de la tolérance zéro. Le ministre de la Justice a aussi relevé que la volonté du gouvernement est de promouvoir une magistrature indépendante. " Un magistrat ne peut pas être indépendant s’il le devient par un concours qu’il a réussi par corruption, par le favoritisme, par la fraude ou par les recommandations politiques essentiellement. Le gouvernement a pris des mesures afin que le concours se déroule normalement et le gouvernement veuille sur ça. Mille jeunes congolais seront embauchés dans le cadre de la magistrature pour redresser le pays, car les dégâts causés par les antivaleurs sont énormes", a-t-il souligné.
De son côté, l’Intersyndicale des magistrats du Congo pense que le nombre de magistrats actuellement recrutés n’est pas suffisant vu l’étendue du pays. Il souhaite voir le gouvernement disposer des moyens nécessaires pour la formation de plusieurs magistrats au fur et à mesure. Le Conseil supérieur de la magistrature estime qu’il faut 2 500 magistrats. D'après cette institution, les 1 000 magistrats qui seront embauchés à l'issue de ce concours ne représenteront qu'environ 40% des besoins.