L'aventure politique tentée par André Kimbuta Yango à l'issue de l'élection qui a fait de lui le gouverneur de la ville-province de Kinshasa serait entrain de tourner court. Si l'on y prend pas garde, le Chef de l'Exécutif urbain n'ira pas jusqu'au terme de son mandat. Ou alors, dans le cas contraire, au terme de celuf-ci, il ira rejoindre prématurément ceux qui l'ont précédé dans le musée de l'histoire politique de notre pays. Etant tombé en disgrâce auprès de l'autorité suprême du pays et autorité morale du Parti du Peuple pour la Reconstruction et le Développement, PPRD en sigle. Dont il est membre.

La preuve, alors qu'on le croyait dans les bonnes grâces du Chef de l'Etat. I opinion a été surprise par un ordre venu du Palais de la Nation, lui interdisant tout mouvement vers l'extérieur du territoire national. C'était le mardi 4 août dernier, alors qu'ils s'apprêtaient, lui et l'un de ses confidents, de s'envoler pour une mission qualifiée de «très officielle» Europe. Une destination bien prisée par le gouverneur Kimbuta depuis son avènement sur l'avenue Colonel Ebeya.

Une heure après, la nouvelle était sur tous les téléscripteurs, Et les analystes politiques n’iront pas par quatre chemins pour soutenir que ce qui est arrivé au «Haut Sommet» serait un signe précurseur de sa descente aux enfers. Après le constat de déliquescence dans laquelle se trouve la capitale congolaise. Ces analystes mettent par ailleurs un accent sur l'impéritie et le penchant du Chef de l'Exécutif urbain d'abuser impunément de l'assiette financière de la mégapole congolaise.

D'aucuns soutiennent que la décision de la plus haute autorité du pays d'interdire tout mouvement du gouverneur de la ville en dehors du pays est salutaire. Question de voir clair dans la gestion de la capitale du Congo. Pour laquelle une certaine opinion affirme d'ailleurs qu'André Kimbuta Yango représente un danger réel. Plus jouisseur que travailleur, il est considéré comme l'agent destructeur principal de cette ville qui fut jadis un paradis. Il restera le gouverneur le plus papillonnant de l'histoire de la ville-province de Kinshasa. Passant d'une activité inachevée à une autre inachevée. Avant d'en bâcler une troisième. Même ses prédécesseurs n'avaient pas dérapé à ce point.

En effet, après avoir accédé dans les bureaux climatisés de l'avenue colonel Ebeya de la manière que l'on sait, le «Haut Sommet» avait déclaré, à sa manière, une guerre impitoyable contre l'insalubrité. Ses poubelles n'avaient pas encore achevé de déverser leur content en plein centre ville, que le Chef de l'Exécutif urbain imaginera et mettra sur pied l'une de ses sources d'enrichissement gratuit, facile et sans cause : la Direction Générale des Recettes de Kinshasa, DGRK en sigle. Dont la direction sera confiée à un «petit de confiance». Qui sera incapable de rémunérer, des semestres durant, les «1000 employés» recrutés. Au motif que les redevances vignette qu'elle (DGRK) collectait remonteraient à un exercice antérieure à leur engagement.

Cupide à souhait, l'insatiable gouverneur   de la mégapole congolaise ambitionnera de s’ingérer dans la gestion déjà opaque des bailleurs kinois. En les délestant de 20 % des recettes dues par les locataires. La mise sur pied de la Régie Immobilière Kinshasa, RIMMOKIN en sigle, 'dont le siège est soit dit en passant, rendu inaccessible par la détérioration de l'avenue Kasaï, est une autre preuve de l'imagination fertile du premier Kinois mais dont les résultats sont on ne peut plus que décevants. Les fonds propres de l'Hôtel de ville destinés à sa réfection ayant pris une direction connue de lui seul. D'un !

De deux, le très «sportif» gouverneur de la ville-province de Kinshasa avait récupéré les manifestations organisées dans sa juridiction à l'occasion du retour au pays de nos Léopards locaux après leur succès au CHAN qui s'était déroulé à Abidjan. Démagogue, il avait promis de sauver ce qui reste du stade Tata Raphaël. En y plantant une pelouse synthétique. Au jour d'aujourd'hui, même les échantillons présentés avec fort tapages médiatiques au très sportif public de la capitale sont introuvables. Par ailleurs, toujours dans le domaine de sport, le Chef de l'Exécutif urbain s'est lancé récemment dans la Réfection de jeunes talents de football. Avec une organisation aussi crédible que le Football Africa Management, FAM en sigle. Une façon de ridiculiser tout un pays par un cynisme inqualifiable. Au lieu de laisser cette activité au ministère qui a le sport dans ses attributions ou à la Fédération congolaise de football. Et de ne s'occuper que de ses immondices.

En fait, le gouverneur de la ville-province de Kinshasa devait avoir pitié de ses «sujets». Qui habitent aux côtés de ses poubelles. S'il pouvait prendre la mesure de la chaleur et l'intensité des émanations qui s'en dégagent, il se serait rendu compte du calvaire vécu quotidiennement par ces vaillants Kinois. Calvaire qui constitue le cadet de ses soucis.

C'était prévisible

Lors de sa prise de fonction en qualité de numéro. 1 de la ville-province de Kinshasa, le Gouverneur André Kimbuta Yango avait prononcé un discours prometteur. Lequel s'inscrivait dans la droite ligne du programme des cinq chantiers de la République initié par le Raïs. Mais trois ans après, le désenchantement est total. Incitant ainsi les Kinois à lancer des imprécations à l'endroit de celui qui, dès les premiers jours de son règne,-avait montré des signes d’essoufflement. A ce jour, pratiquement toutes les promesses faites par André Kimbuta Yango n'ont jamais été réalisées. Dégradation des routes, le transport qui demeure toujours un casse-tête, les denrées alimentaires dont les prix ne cessent de grimper, l'eau et l'électricité devenues un privilège réservé à une catégorie sociale bien ciblée, alors que le gouverneur avait promis l'érection d'un barrage pour alimenter sa ville. Qui, de ce fait, devait se soustraire de la dépendance d'Inga et Zongo. Mais aussi et surtout l'insécurité persistante dans la ville. Avec le règne sans partage des Kuluna. Qui ont imposé une loi : la leur. Preuve que Kinshasa n'est pas dirigé.

Les finances, parlons-en

Tout est noyé dans un flou artistique savamment embelli pour endormir les bonnes consciences. Le gouverneur de la ville-province de Kinshasa gérerait les caisses de l'Etat comme dans une République bananière. Avec sa clique de collaborateurs à la moralité douteuse.

Au sujet des finances, des informations fiables rapportent que la Cour des Comptes aurait remis son rapport de la mission d'audit diligentée par l'Assemblée nationale. Il ressort dudit rapport que le gouverneur de la ville-province de Kinshasa et son gouvernement auraient consommé toute la monnaie fiduciaire allouée aux communes par l'Exécutif central en 2007 et 2008.

Où est passé l'argent des communes ?

Le rapport de la mission aurait fait    part    des    montants    de 14.444.809.861,55 FC en 2007 et 12.645.468.283,00 FC en 2008,' libérés par l'Exécutif central au profit' de la ville-province de Kinshasa. Dans i le cadre de la rétrocession aux Entités Territoriales Décentralisées ETD en sigle. Pour le gouvernement central, qui exécutait là les prescrits de la Constitution, cette masse monétaire devait servir, et la province et les communes. Qui ont toutes, des ETD. Concrètement, en réceptionnant cette somme, l'Hôtel de ville avait le devoir de libérer les enveloppes correspondantes aux communes. Pour leur permettre de n tonner et de   réaliser   leurs   projets   de développement Malheureusement, rien de tout cela n'a été fait.

Kimbuta s'était justifié

Le gouverneur Kimbuta aurait reconnu n’avoir verse aucun sous aux 24 communes qui composent sa juridiction Motif : «les lois budgétaires de 2007 et 2008 n'édictaient aucune disposition imposant aux provinces de rétrocéder aux ETD une quotité des recettes à caractère national allouées aux provinces. Ces lois budgétaires ne déterminent pas non plus la clé de répartition des recettes à caractère national allouées aux provinces entre celles-ci et les ETD.», aurait-il avancé.

En outre, André Kimbuta Yango aurait soutenu également que ces lois seraient aussi muettes au sujet des critères ou clé de répartition entre les ETD. Alors que le Circulaire n° 002/ CAB/MIN/BUDGET/2008 du 15 janvier 2008 du Ministre du Budget s'était prononcé sur ce sujet. En soutenant que «la répartition entre les ETD est fonction de la capacité de production, de la superficie et de la population».

Mais le gouvernement provincial ne l'aurait pas entendu de cette oreille. Concrètement, selon; l'Exécutif provincial, le Ministre du Budget du gouvernement central n'avait rien à dire là où la loi budgétaire et la Constitution seraient muettes.

(A suivre)

Demain le Congo