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LOSAKO
25 juillet 2009

Un parfum de mobutisme à Kin

37167065La FIDH dresse un réquisitoire accablant sur la dérive autoritaire du régime de Joseph Kabila. Elle appelle l'Occident à cesser sa politique de l'autruche.

On a déjà dénoncé à plusieurs reprises dans ces colonnes les manifestations de l'autoritarisme du pouvoir congolais. A l'égard des parlementaires, des magistrats, des défenseurs des droits de l'homme... Dans un rapport documenté, fruit d'une enquête menée en avril de cette année en collaboration avec ses trois associations locales partenaires, la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme dresse un constat accablant sur l'évolution du pouvoir de la République démocratique du Congo (RDC). Et cela, à mi-mandat de la présidence, soit deux ans et demi après l'élection de Joseph Kabila à la tête de l'Etat. Au-delà du réquisitoire, l'organisation veut alerter les acteurs de la communauté internationale sur les dangers qu'une inaction de leur part impliquerait sur la stabilité du pays.

Le constat. Le président de la Ligue belge francophone des droits de l'homme, Benoît Van Der Meerschen, résume l'enquête, intitulée "RDC, la dérive autoritaire du régime" en ces termes : "Tous ceux qui s'élèvent pour contester les orientations politiques du régime sont systématiquement visés par le pouvoir". La répression n'est donc pas la conséquence des séquelles de la guerre et d'un certain chaos qui persisterait, selon M. Van Der Meerschen. Certes, reconnaît-il, le Congo est handicapé par un lourd passé. Mais des élections ont porté au pouvoir Joseph Kabila; la RDC a ratifié les principales conventions de défense des droits de l'homme; le citoyen congolais est donc en droit de réclamer des comptes à ses dirigeants...

Or, personne n'est épargné par la vague de répression. L'opposition politique est muselée; la société civile est assimilée à cette dernière et subit le même sort; les activités des défenseurs des droits de l'homme sont entravées; la presse est contrôlée...

Ce climat est en outre aggravé par la déliquescence de l'Etat de droit. Une évolution qui est, parfois, encouragée par le régime. Une illustration : "Le pouvoir n'a pas envie d'une justice performante", juge Benoît Van Der Meerschen. Elle est maltraitée; le département de la Justice ne représente que 0,02 % du budget global de l'Etat; la justice est parfois instrumentalisée pour faire taire les voix dissidentes, etc..., soulignent en substance les représentants de la FIDH.

Autre état des lieux dramatique, celui des services de sécurité et de la "police politique multiforme", selon la formule du président de la Ligue belge des droits de l'homme. Les forces de police, les services de renseignement, les gardes rapprochées ont essaimé en différents organes au point que l'on ne sait plus qui fait quoi, qu'il est impossible de savoir vers qui se retourner en cas d'abus... On est face à "une société de barbouzes plus que devant un Etat de droit", souligne Benoît Van Der Meerschen. Ce qui l'amène inévitablement à constater qu'"un parfum de la période du mobutisme refleurit à Kinshasa".

Cette confusion favorise les arrestations arbitraires, pour quelques jours, sans justification, avec l'intimidation pour finalité. Ce fut le cas récemment de Floribert Chebaya, militant des droits de l'homme de l'association "La voix des sans-voix". Et les conditions de détention sont à l'avenant. Le rapport de la FIDH explique qu'au centre de détention de Kin Mazière, il y a trois types de cellules. La "Memling", du nom de l'hôtel de luxe de la capitale congolaise, où "il y avait quelques mousses pour dormir, des toilettes, une baignoire et de l'éclairage". L'"Afrique" où "il n'y avait ni toilettes, ni lumière et où les détenus dormaient sur les tables en plastique". Enfin, la cellule "Zaïre", où "il n'y avait ni toilettes, ni lumière" et où "les détenus faisaient leurs besoins dans des bouteilles ou des gobelets en plastique, dormaient à même le sol et où il n'y avait pas de nourriture"...

Les arrestations arbitraires, Raoul Nsolwa Muye en a été victime, lui qui est président d'un groupe de jeunes qui soutiennent l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) du vieil opposant Etienne Tshisekedi. Depuis 2008, il a été interpellé à cinq reprises et a été battu, notamment pour avoir critiqué la visite en mars 2009 du président français Nicolas Sarkozy. La torture et l'application de traitements inhumains et dégradants sont, du reste, devenues des pratiques systématiques.

38486038Enfin, la FIDH complète son réquisitoire par une mise en garde pressante contre le fléau de la corruption qui gangrène, selon elle, toute la société. Or, la corruption, outre qu'elle pénalise la population, "empêche les investisseurs de venir" dans le pays, souligne Souhayr Belhassen, la présidente de l'organisation.

L'appel. Mme Belhassen se dit préoccupée par l'attitude, jugée passive, de la communauté internationale. Déjà maintenant, souligne-t-elle, on observe que les bailleurs de fonds sont plus enclins à apporter une aide au développement économique, notamment par des apports aux infrastructures, qu'à la mise en place d'un Etat de droit, par l'assistance au système judiciaire, policier... Comme si le fait d'avoir organisé des élections avait installé une démocratie durable au Congo-Kinshasa. Les responsables de la FIDH s'inscrivent en faux contre ce sentiment, répandu, selon eux, auprès des pays partenaires. Et ils mettent en garde. Les élections locales et provinciales de 2010 pourront-elles être organisées ? Rien n'indique, sur un plan technique, que cela puisse être le cas. Le pouvoir en profitera-t-il pour justifier une annulation de ce rendez-vous avec le risque que le scrutin présidentiel de 2011 ne conduise à un scénario à l'ivoirienne de division du pays ? Qu'adviendra-t-il enfin de la sécurité après le départ de la Mission des Nations unies ?

Face à toutes ces questions, la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme appelle les partenaires du Congo à cesser la politique de l'autruche et à prendre les mesures nécessaires pour prévenir une perdition complète du régime. Et pour le dire à l'aune de l'échiquier politique belge, à la complaisance présumée d'un Louis Michel, elle préfère la stratégie de fermeté et de vérité prônée par l'ex-ministre des Affaires étrangères, Karel De Gucht. La Libre

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Commentaires
D
les commentaires sont libres,mais la raison intellectuelle et politique appartient à une entité.vous pouvez beau fanfanronner, mais votre opinion ne paut etre valable que si il franchit ses deux rivieres
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