RDC: l'insoluble équation rebelle
Militairement affaiblies mais toujours actives dans l'est et le nord-est de la République démocratique du Congo, les rébellions ougandaise et rwandaise composent une équation "complexe" pour Kinshasa et ses alliés, qui peinent à les chasser du territoire congolais.
La crise congolaise est "très complexe", admettait samedi le représentant du secrétaire général de l'ONU en RDC, Alan Doss, au cours d'un entretien avec divers médias internationaux, dont l'AFP.
Alors que les offensives pour les neutraliser se poursuivent, les rebelles hutu des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et ougandais de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA), ont tué 1.500 civils depuis janvier, un chiffre "spectaculaire", selon le dernier rapport de Human Rights Watch (HRW).
C'est au milieu et vers la fin des années 1990 que ces deux rébellions se sont installées sur le territoire congolais. La LRA dans la Province Orientale (extrême nord-est) et les FDLR dans le Nord et le Sud-Kivu (est), avec la volonté affichée de renverser les régimes de leurs pays respectifs.
Si la LRA a réussi à lancer plusieurs attaques depuis la RDC contre l'Ouganda, les FDLR, dont certains membres ont participé au génocide de 1994 au Rwanda, ne sont pas parvenus jusqu'ici à inquiéter le pouvoir de Kigali, après leur constitution en RDC.
En plus des violences contre les civils, les deux rébellions sont accusées régulièrement d'exploiter les ressources minérales de ce vaste pays d'Afrique centrale, au sous-sol très riche.
En quête de stabilité, la RDC multiplie depuis fin 2008 les stratégies et les alliances, mêmes inattendues, pour les bouter hors de son territoire.
Comme en janvier lorsque Kinshasa et Kigali se sont lancées conjointement, à la surprise générale, à la chasse des FDLR, anciens supplétifs des Forces armées de la RDC (FARDC) contre la rébellion tutsi congolaise du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), parrainée par le Rwanda selon la RDC.
Fin février, l'opération rwando-congolaise s'achève, avec la capture du chef du CNDP, le général Laurent Nkunda, dont la dissidence s'est ralliée entre-temps au gouvernement congolais.
Malgré une seconde offensive lancée depuis en avril après le retrait des troupes rwandaises du Nord-Kivu, avec le soutien logistique de la Mission de l'ONU en RDC (Monuc), l'armée congolaise peine à déloger les 5.000 à 6.000 combattants FDLR.
Dans la même période (décembre 2008-mars 2009), les FARDC, aidée par le Soudan et l'Ouganda, se sont mis à la traque de la LRA, dont les forces sont estimées à 500 miliciens.
Sept mois après ces opérations, l'équation reste entière: "les atrocités commises par les rebelles à l'encontre des civils (...) semblent sans fin", déplore HRW, alors que la Monuc a décidé mercredi de renforcer ses moyens militaires dans le nord-est.
Car, pendant qu'ils sont poursuivis, les rebelles de la LRA, selon HRW, se renforcent en procédant à des enlèvements de civils, tandis que les FDLR sont aujourd'hui ralliés par de petits groupes comme l'Alliance des patriotes pour un Congo libre et souverain (APCLS) et les Patriotes résistants congolais (Pareco), d'après la Monuc.
Selon M. Doss, le règlement de la crise congolaise devrait prendre également en compte les questions "tribales, ethniques et économiques".
"Quand plusieurs Etats sont concernés par un problème comme celui-là, la solution est certes militaire, mais aussi politique", a affirmé à l'AFP une source gouvernementale congolaise qui a requis l'anonymat.