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LOSAKO
10 février 2009

HAUTE TRAHISON : Thambwe et Museminali célèbrent la «réussite» des opérations militaires

Thambwe_20_MuseRéunis du 5 au 6 février à l’hôtel Lake Kivu, à Rubavu, au Rwanda, le ministre congolais des Affaires étrangères Alexis Thambwe Mwamba et son homologue rwandaise Rosemary Museminali ont exprimé leur satisfaction suite au «progrès réalisé» vers la «normalisation» des relations entre Kinshasa et Kigali. La "nouvelle alliance" Kabila-Kagame pourrait faire ses premiers "dégâts collatéraux" dans le microcosme politique congolais. Placé en position de demandeur, Joseph Kabila serait prêt à tout concéder : réouverture des ambassades ; désignation des représentants congolais au secrétariat général de la CEPGL. Un remaniement ministériel est attendu à Kinshasa. Le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, est dans le collimateur. Le «raïs» n’a pas digéré les déclarations de ce dernier selon lesquelles il n’a pas été informé de l’entrée des troupes rwandaises au Kivu.

La «lune de miel» se poursuit entre Kinshasa et Kigali. Question : Qui porte la culotte dans ce couple atypique ? Le draft du communiqué conjoint publié en date du 6 février donne un début de réponse. Ce texte a manifestement été rédigé par la partie rwandaise. La délégation congolaise n’a pas eu à redire. A preuve, le rôle joué par le Rwanda est mis en vedette. La patronne de la diplomatie rwandaise a remercié son homologue congolais et sa suite pour leur participation à cette réunion, ce qui montre, indique le texte, «l’importance» qu’ils accordent «au processus en cours visant à rétablir la paix et la stabilité dans la région ainsi qu’à promouvoir les relations bilatérales.» «La réunion a été informée de l’état d’avancement des opérations militaires conjointes et l’intégration du CNDP, de la PARECO et les autres groupes armés au sein» des FARDC.

Opacité et maigre bilan

Notons que les opérations militaires conjointes menées depuis trois semaines se déroulent comme elles avaient commencé. C’est-à-dire dans l’opacité la plus totale sous prétexte qu’il s’agit de «secret militaire». Toutes les informations en provenance d’un «front» difficile à situer sont contrôlées et filtrées par les forces dites «coalisées». En réalité, c’est l’état-major rwandais qui demeure maître du jeu. Les Congolais paraissent confinés dans une posture de suiveurs. Les coalisés se sont félicités malgré tout des «progrès réalisés». Progrès, note le communiqué sur un ton triomphal, qui ont permis à la RD Congo de «rétablir l’autorité de l’Etat» sur l’espace territorial anciennement occupé par le CNDP et d’autres groupes armés. Le texte omet de relever que les résultats obtenus jusqu’ici restent maigres au regard de l’objectif du départ. A savoir le désarmement forcé ou volontaire des ex-FAR/Interahamwe. Ceux-ci sont estimés à 6.000 âmes au moins, selon la Mission de l’Onu au Congo. La «traque» de ces miliciens des FDLR n’était-elle qu’un fallacieux prétexte? A vingt jours de la fin «du délai à ne pas dépasser», selon Kabila, l’opération militaire est loin d’être un succès.

Normalisation

Le communiqué conjoint semble confirmer cet état de chose en parlant d’«affaiblissement considérable» des miliciens hutus des FDLR. Affaiblissement ne signifie nullement anéantissement. Les gouverneurs des provinces du Nord et du Sud Kivu ont été conviés à cette rencontre afin de «briefer» les responsables des deux pays sur l’évolution de la situation de leurs entités depuis le déploiement des troupes de l’armée régulière rwandaise sur le terrain au Kivu. A en croire ces responsables provinciaux, «la situation sécuritaire s’est généralement améliorée depuis le début de l’opération militaire conjointe.» Dans les jours ou semaines à venir, tout va aller très vite. Le Congo de Joseph Kabila qui est manifestement mené par le bout du nez par le Rwanda de Paul Kagame va procéder à la réouverture de son ambassade à Kigali et inversement. Le ministre Thambwe a annoncé dans la foulée la désignation prochaine des représentants de la RD Congo au secrétariat général de la CEPGL (Communauté économique des Pays de Grands Lacs). La participation du Congo à cette organisation sous-régionale est jugée inopportune par la grande majorité des Congolais.

623952_00Laurent Nkunda

Signalons que le cas de l’ex-( ?) «Chairman» du CNDP, Laurent Nkunda, a été au centre des discussions. «Les deux délégations se sont convenues qu’il sera envoyé en RDC, dit le communiqué. Elles ont à cet effet mis sur pied une équipe technique chargée de fixer les modalités.» Intervenant vendredi 6 février sur les ondes de radio Okapi, le ministre Thambwe a eu ces mots : «Nous sommes entrain d’examiner les conditions de sécurité. Nous ne voulons pas qu’aussitôt après son arrivée à Kinshasa que Laurent Nkunda soit lynché par la population. Nous ne voulons pas non plus de le placer dans un établissement pénitencier où il pourrait être massacré par d’autres prisonniers.» Selon certaines sources à Goma, Nkunda n’est plus à Gisenyi. Il a été transféré dans la capitale rwandaise. Son transfert à Kinshasa reste hypothétique.

Dégâts collatéraux

Pendant que «Alexis» et «Rosemary» célébraient «l’amitié retrouvée» entre leurs dirigeants respectifs, Tout-Kinshasa croule sur des rumeurs - qui sont loin d’être des ragots – sur les dégâts collatéraux que pourrait engendrer la nouvelle alliance Kabila-Kagame sur le microcosme politique congolais. Le 30 janvier dernier, Kabila a remanié son cabinet. Le président de l’Assemblée nationale, le PPRD Vital Kamerhe, pourrait faire les frais pour avoir pris ses distances par rapport à Kabila, l’initiateur de l’entrée des soldats rwandais sur le sol congolais. Dans le premier cercle du pouvoir kabiliste, on ne décolère pas. Pour cause, on y murmure que «Vital était au courant». Il aurait été prévenu par le «raïs» en personne. D’où cette déclaration de l’ancien conseiller spécial Jean Mbuyu sur les ondes de Radio Okapi : «Le président de l’Assemblée nationale n’a pas dit la vérité». Un «chambardement» du gouvernement serait imminent. Selon les mauvaises langues, ce remaniement aurait été exigé par l’homme fort de Kigali. Sans doute dans le cadre du «processus d’intégration politique» des cadres du CNDP.

La fin d’une histoire

Au moment où nous couchons ces lignes, Kamerhe devrait se trouver aux Etats-Unis pour participer au «petit-déjeuner de prière», organisé au début de chaque année par des Congressistes US. L’homme est attendu en Europe. Entre Vital et Joseph, c’est donc la fin d’une histoire. La rentrée parlementaire au mois de mars prochain sera houleuse à l’Assemblée nationale où un groupe de députés ont obtenu le nombre de signatures nécessaires en vue de la convocation de la «session extraordinaire». Objectif : débattre sur l’épineux sujet de la présence des soldats rwandais en RD Congo. «L’argent circule actuellement dans les milieux parlementaires», disent des sources à Kinshasa. Une manière de suggérer que «la messe est dite» et que la session extraordinaire attendue pourrait ne pas se tenir. En lieu et place de cette session, va-t-on plutôt assister, en direct, à une «mise à mort annoncée» de Kamerhe? Celui-ci n’a peut-être pas dit son dernier mot. Et, il n’est pas exclu que son éviction éventuelle pour la raison précitée élève sa cote de popularité au point d’en faire un «martyr». L’effet boomerang pourrait être terrible pour le clan kabiliste.

KatuKamLe gouvernement parallèle

En fait, le divorce entre Kabila et Kamerhe a eu lieu dès le lendemain de l’investiture du «président élu» et surtout après la désignation d’Antoine Gizenga au poste de Premier ministre. C’était en décembre 2006. Il semble que Joseph avait promis ce poste à Kamerhe. Comme toute promesse faite lors d’une campagne électorale, le «raïs» n’a pas tenu parole. Dans plusieurs interviews, le bouillant président de l’Assemblée nationale n’a pas hésité à revendiquer tout haut sa part de contribution dans la «victoire» de Kabila tout en s’en prenant aux «super faucons» de l’entourage présidentiel. Le fameux «gouvernement parallèle». Dans une interview accordée à l’hebdomadaire Jeune Afrique n°2500, fin novembre dernier à Paris, Kamerhe s’est littéralement démarqué de l’approche kabiliste sur plusieurs questions brûlantes. Et ce, in tempore non suspecto. Nkunda ? Pour lui, il fallait «intégrer» le CNDP (Congrès national pour la défense du peuple) et son leader «dans les institutions» mais «sous certaines conditions». Les relations avec le Rwanda ? Il fallait les «rétablir ». Selon lui, il fallait également «relancer» la Communauté économique des pays des Grands Lacs» (CEPGL).

La "guerre" Kamerhe-Katumba

Dans cette interview Vital a ironisé sur les «Cinq chantiers» du chef de l’Etat. «(…), il faudra bien que ces chantiers démarrent un jour», clamait-il. «On nous a dit qu’ils démarreraient le 1er août (2008, Ndlr). Cinq mois plus tard, rien n’a commencé». L’homme s’adressait non pas à Joseph Kabila mais au «gouvernement parallèle». C’est un secret de Polichinelle d’affirmer que Kamerhe est «en guerre ouverte» avec Augustin Katumba Mwanke, le secrétaire exécutif du parti présidentiel, le PPRD. Vital semble "plandre" le "raïs" de "se laisser abuser" par les «super faucons» de son entourage. C’est bien ce gouvernement de l’ombre qui avait eu l’idée tant décriée d’emménager le bureau présidentiel dans celui du président de l’Assemblée nationale. Celui-ci a été invité sans ménagement de libérer le lieu.C’était en novembre dernier. L’ordre de «déguerpissement» a été donné par Kabila. En personne. Motif invoqué : ce bureau était destiné initialement au président Mobutu Sese Sese Seko. Au cours d’un point de presse tenu mardi 18 novembre en sa résidence, Vital a tenté sans succès de démentir la volonté présidentielle d’occuper le lieu de travail du président de l’Assemblée nationale. «Il n’a donc jamais été question que le président de la République vienne s’établir au Palais du Peuple», déclarait-il. Au-delà de ce charivari, Joseph Kabila et Paul Kagame célèbrent leur "amitié retrouvée". Rendez-vous à la prochaine épisode...

B.A.W

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