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LOSAKO
16 décembre 2008

Nairobi : Obasanjo face aux bégaiements de L. Nkunda !

150303Fini donc la répétition saccadée de revendications purement ethniques. Nkunda, cheval de Troie du Rwanda, emprunte, aujourd’hui, des élans caméléonesques. Ses ambitions sont désormais coloriées si bien qu’au fil de jours, elles s’étiolent et compliquent la crise. Olusegun Obasanjo dont la mission est limitée, n’a-t-il pas été surpris, lors du premier round de discussions, à Nairobi, d’apprendre que Nkunda ne se battrait plus pour la nationalité, l’espace présidentiel, l’amnistie ou, encore moins, un grade élevé dans l’armée congolaise. Il parle plutôt de contrats chinois et de la bonne gouvernance : voilà de nouvelles vestes, pour séduire l’Occident et l’Opposition politique congolaise.

Obasango va-t-il se perdre dans ses bégaiements bigarrés ?

C’est ce mercredi 17 décembre, jour fixé pour le rendez-vous que le gouvernement et le CNDP entament les discussions de fond, à Nairobi. C’est un second round qualifié comme celui de la dernière chance, après des divergences persistantes enregistrées, à la fin du premier. En tout cas, le décor planté sent mauvais. La rébellion a été, ce week-end, chez Abdoulaye Wade, Chef d’Etat Sénégalais. Elle se dit être fatiguée des médiations non africaines. Allusion faite aux pressions internationales et, sans nul doute, au dernier passage de Louis Michel, à Jomba, fief naturel de Laurent Nkunda. Laurent Nkunda dont les visées trahissent une série de bégaiements politico-militaires, s’est donné le luxe d’aller au-delà de la crise au Nord-Kivu. La situation globale du pays, devait, à ses yeux, faire partie des matières à débat, à Nairobi. Et, finalement, l’homme présente une addition salée à la médiation.

Des intentions flottantes

Un beau jour, sur un ton sévère et sûr de lui, le général déchu Nkundabatware avait déclaré aux envoyés spéciaux des chaînes de télévision TV5 Monde et France 24 ainsi qu’à ceux de la Radio France Internationale, au Nord-Kivu, qu’il allait défaire le Gouvernement de la République même s’il est issu des élections. Motif évoqué : Kinshasa rejette les négociations directes avec lui. Alors qu’il prévoyait autre chose, dans le cahier de charges qu’il avait remis, quelques jours après, à Olusegun Obasanjo, ancien Chef d’Etat Nigérian, envoyé spécial de l’Onu dans cette crise.

Tenez ! Laurent Nkunda articulait également, dans ce cahier de charges, ses revendications sur la renégociation de tous les contrats chinois signés par le Gouvernement ; la cessation de toute forme de coopération avec les FDLR ; la protection de toutes les minorités ethniques de la RDC ; l’intégration de ses combattants au sein de l’armée nationale congolaise ; l’intégration au sein de l’administration du gouvernement des policiers et fonctionnaires travaillant en territoire rebelle ; la promotion de la bonne gouvernance, et, enfin, la sollicitation d’un poste pour le Chef du CNDP dans les FARDC quand toutes les demandes susmentionnées auront été satisfaites.

CPS_SEB15_191108112918_photo00_photo_default_512x341Au début, Nkunda disait combattre pour ses frères Tutsi. Aujourd’hui, ce sont toutes les minorités ethniques de la RDC qui l’intéressent. Il a oublié, curieusement, que la population congolaise n’est qu’un conglomérat des minorités ethniques. L’ethnie majoritaire en RDC étant l’ethnie Mongo, disons les Anamongo, Nkunda va-t-il les combattre tous et protéger les autres ethnies congolaises ? Ou simplement, la notion de « minorité » ethnique lui échappe ? Nkunda arrive même dans son cahier de revendications à s’approprier le discours de l’Opposition et de l’Occident ! C’est le cas de la renégociation des contrats chinois, la promotion de la bonne gouvernance, etc. Sans doute le fait-il pour attirer leur sympathie !

Tous les moyens sont bons. C’est ainsi qu’il gonfle son cahier de charges en demandant l’intégration de ses combattants dans l’Armée Nationale ainsi que celle des policiers et fonctionnaires travaillant en territoire rebelle au sein de l’administration congolaise. C’est comme s’il avait oublié que le gouvernement, depuis de longs moins, avait toujours demandé aux troupes du CNDP d’entrer dans le processus de brassage ? Ne se souvient-il plus qu’à la faveur du dialogue intercongolais, il avait été accepté comme congolais et officier général des FARDC ? Et que dans le cadre du programme Amani, il avait été amnistié du fait de sa rébellion ? Finalement, dans un contexte où l’on est en présence des institutions démocratiquement élues, l’on est en droit de se demander ce que peut encore rechercher Nkunda par les armes et les négociations directes que le dialogue intercongolais et le programme Amani n’ont pu ou ne peuvent lui donner. La nationalité ? L’espace présidentiel ? Un grade très élevé dans l’armée ? L’amnistie ?

Tout ceci, Nkunda et ses prétendus protégés l’ont déjà obtenu. Soit directement, soit par des personnes interposées. D’aucuns se posent d’ailleurs la question de savoir si Laurent Nkunda, ivre de ses victoires militaires sur terrain, et très sûr du soutien des tireurs des ficelles de cette guerre, bien terrés dans l’ombre, ne serait-il pas tenté par le schéma Mauritanien que la Communauté internationale a mollement condamné alors que la junte au pouvoir à Nouakchott, grâce à de nombreux meetings et marches de soutien, est sur le point de réussir une adhésion populaire qui risque de lui accorder une légitimité sociologique.

8587e9c1Le schéma mauritanien en perspective

Au-delà de tout, en reprenant parmi ses revendications des points sur lesquels se sont déjà exprimés négativement les institutions de Breton Woods, quelques pays de l’Union Européenne, les Etats-Unis ainsi que l’Opposition parlementaire congolaise, sans oublier le discours de ceux qui se disent porte-parole des frustrations de certains groupes ethniques, Laurent Nkunda cherche, à n’en point douter, à séduire la Communauté internationale et une frange importante de la Communauté nationale pour justifier un coup de force à la Mauritanienne.

A suivre les médias périphériques, sur les divers reportages et commentaires relatifs aux événements de l’Est de la RDC, l’on a l’impression qu’ils magnifient une milice « nkudiste » présentée, ici, comme étant très équipée, disciplinée, sûre et déterminée. Mais, lorsqu’il s’agit, en revanche, de Fardc, ils décrivent un tableau d’une armée dont les soldats seraient en totale déroute, indisciplinés, pillards et démotivés par la famine et les mauvaises conditions de travail. Ils parlent même des populations congolaises littéralement désemparées et qui avaient, pourtant, placé leur espoir en Joseph Kabila, en l’élisant massivement comme Président de la République. Pareille attitude risque d’accréditer et véhiculer la dangereuse thèse selon laquelle la rébellion serait plus crédible et mieux organisée que les institutions en place, à Kinshasa. Une telle thèse peut, évidemment, tenter certains des maîtres qui régentent le monde, à l’idée de confier la gestion de cette partie du pays au CNDP qui la maîtriserait mieux que le Gouvernement.

La balkanisation de la RDC maintes fois évoquée serait, cette fois-ci, consommée, en faisant du Nord-Kivu ou d’une partie de cette province, un « Kosovo » à la congolaise ou l’une des provinces de la Georgie séparées récemment de cette République, par la seule volonté de la Russie. Les bégaiements du rebelle Nkunda pour décliner correctement les motifs réels qui l’ont poussé à prendre les armes contre son propre pays suscitent diverses questions et inquiétudes. D’aucuns constatent que le discours de Nkunda varie au fur et à mesure, qu’il engrange des victoires militaires sur terrain. Il adopte, à sa manière, la stratégie du caméléon. Il adapte ses revendications, selon la couleur de son interlocuteur. C’est-à-dire, il se fait De Gaule avec les français, Odjuku avec les Nigérians, question simplement, pour lui, de justifier sa passion pour la guerre et les gros dividendes économiques que lui-même ainsi que ceux qui lui fournissent les armes, munitions et instructions de ses troupes, en tirent.

Etant donné que sur terrain de jeu démocratique, il est incontestablement non partant, il ne peut que s’accrocher au langage des armes qui lui réussit le mieux face à un ennemi à qui il ne laissera jamais le temps de s’organiser, ni de renforcer sa puissance de feu, dans cette partie du pays. Ainsi, même si, selon toute vraisemblance, le schéma mauritanien ne peut, pour le moment, réussir à Nkunda et à son CNDP du fait que la Communauté Internationale ne voudra pas que soit mis en cause le long, délicat et coûteux processus de démocratisation et de la refondation de la RDC financé par elle, il parait prudent d’éviter, à tout prix, l’adhésion populaire à l’aventure de Nkunda.

Quittez les lauriers !

Il serait donc nécessaire et urgent que le gouvernement initie des actions de charme en direction de la population et distille, dans l’opinion, un discours qui remettrait rapidement en confiance le peuple, à la fois, vis-à-vis de son armée et de ses institutions sur lesquelles il avait jeté son dévolu, lors des joutes électorales.

Tout en reconditionnant les forces combattantes de la RDC par des causeries morales, les diverses motivations, les sanctions sévères à l’endroit des indisciplinés et la réorganisation du commandement des troupes et la logistique, le gouvernement de la République devrait davantage mener une offensive diplomatique et médiatique auprès de grands maîtres de ce monde pour contrer les ardeurs bellicistes et hégémonistes du Rwanda. Car, en réalité, les vrais bégaiements de Laurent Nkunda se situent à ce niveau là. Le gouvernement devait raisonnablement quitter ses lauriers.

149876La main basse sur Rumangabo

Le premier enjeu de la guerre actuelle dans l’Est de la RDC reste, en effet, le contrôle de la base militaire de Rumangabo. Le Rwanda ne permettra jamais que les autorités congolaises réussissent à installer près de sa frontière avec la RDC, une puissance de feu capable de lui nuire. Une maîtrise totale de la frontière congolaise avec le Rwanda par les autorités congolaises est considérée par Kigali comme un sérieux danger pour sa sécurité et son économie. Aussi, la réorganisation et l’équipement de la base de Rumangabo commençaient-ils réellement à inquiéter ce pays voisin.

La mission concrète que Nkunda a reçue de ses maîtres aura donc été de maîtriser cette base et de vérifier autour de Rumangabo, sur un rayon vaste qui s’étend jusqu’à Kanyabayonga, au Nord, et, à Kalehe, au Sud, si la nouvelle armée congolaise en pleine renaissance avait déjà atteint le niveau d’être considérée comme une menace, pour le Rwanda. Une telle action s’avérait nécessaire pour ce pays qui voulait, semble-t-il, savoir à quelle hauteur, dans le cadre de son budget 2009, il fallait augmenter des crédits nécessaires pour maintenir ou accroître sa vigilance le long de sa frontière avec la RDC. De telles actions de surveillance de la puissance de feu de l’armée congolaise autour de Rumangabo risquent de devenir une opération de routine, pour le Rwanda, avec ou sans Laurent Nkunda.

Mais, comment le ferait-il si, stratégiquement, il ne confiait pas à un cheval de Troie comme Nkunda, un message alambiqué qui l’obligera à bégayer, à la table de négociations, à Nairobi ? Obasanjo en souffrira aussi longtemps qu’il n’aura pas délimité le champ de matières à traiter, pour conjurer la crise au Nord-Kivu. O.M/La Prospérité

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