Guerre à l’Est, fronde sociale à l’Ouest, forte tension en Ituri, dans la Province Orientale, tyrannie diplomatique avec le Rwanda, voisin. Voici le tableau fait d’aigreur et d’animosité qui replace, paradoxalement, la RD. Congo dans une position affaissée. Kabila Joseph, 37 ans, l’a si bien constaté et confirmé jeudi dernier lorsqu’il parlait de la gravité de la situation. La mobilisation générale était le maître mot de son message à la nation pour briser, avançait-il, le spectre du mal qui se profile déjà l’horizon. Que des défis pour sortir le pays de l’auberge !

A tout prendre, Kabila trouvait en la personne du nouveau Premier Ministre, l’homme providentiel sur qui il misait pour tant soit peu se défouler. L’immensité du pays avec ses 2.345.000 kilomètres carrés, les problèmes récurrents avec leur lot habituel de malheurs et d’exigences matérielles et financières, mais également la problématique des prochaines échéances électorales dont le succès serait étroitement lié à la réalisation des chantiers - cinq au total- qu’il s’était assignés, peu avant son triomphe à la présidentielle du 29 octobre 2006, troublent sérieusement la conscience du Chef de l’Etat.

Il l’a clairement exprimé en termes de mission prioritaire confiée au nouveau locataire de l’Hôtel du Gouvernement. Adolphe Muzito est un fils de Gungu, même localité que le démissionnaire Antoine Gizenga Funji, 83 ans. Il est né un certain mardi 12 février 1957. Nommé Premier Ministre le vendredi 10 octobre, dans la soirée, il trouve le pays de
Kabila Joseph à la croisée des chemins. Il remplace Antoine Gizenga qui, sous le poids de l’âge, a jeté l’éponge le jeudi 25 septembre 2008.

Le suspense aura quand même été long pour le choix d’un homme dont le nom était sur la table du Président depuis le jour de la démission du gourou du Parti Lumumbiste Unifié. Qu’à cela ne tienne, l’essentiel, faut-il le dire, est d’aller de l’avant. L’on croit savoir que Muzito fera de son mieux pour former son équipe gouvernementale afin de mettre fin à l’oisiveté qui s’est emparée de différents secteurs clés de la nation. Ce Muzito qui sort de l’inconnu mais dont le présent et le futur marqueront désormais l’histoire nationale, serait-il un homme qui peut surprendre ? Au fait, qui est-il et quel est son parcours professionnel ?

Zoom sur Adolphe Muzito

La Prospérité, votre journal d’avant-garde, s’est donnée la pénible tâche de peindre son portrait. Adolphe Muzito a des attaches naturelles avec le Kwilu, ce bastion où Pierre Mulele, a passé des moments durs alors qu’il s’escrimait à monter une rébellion contre Mobutu, vers les années 64-65. Muzito Adolphe est donc un fils de Gungu, au Bandundu. Au jour d’aujourd’hui, il totalise 51 ans, 8 mois et un jour, depuis qu’il était né le 12 février 1957. Il est resté longtemps accroché à Gizenga, un vieil ami et compagnon de lutte de Patrice-Emery Lumumba, le Premier Ministre après l’accession de la RD. Congo à l’indépendance nationale et à la souveraineté internationale. Muzito dispose d’un cœur qui bat à gauche, son esprit est moulé dans les idéologies nationalistes. En termes d’études, il est sorti des entrailles inspirées de l’Université de Kinshasa avec une licence en Economie Publique Industrielle. Marié à Madame Chantal Muzito Ngalula et père de 6 enfants, il a, tour à tour, exercé des hautes fonctions dans l’administration publique.

En 1991, après avoir occupé le poste de Responsable à la Renapi, il est Conseiller chargé de l’Intendance au Ministère de Budget. Coordonnateur chargé des Finances en 1998, Adolphe Muzito a aussi rempli les fonctions de Conseiller Fiscal du Gouverneur de la ville de Kinshasa. Sous la transition post Sun City, il est, à la fois, Commissaires aux Comptes à la Cimenterie Nationale (Cinat) et Député National du Palu, la chambre basse du Parlement.

En 2006, année au cours de laquelle il est nommé Ministre de Budget du Gouvernement Gizenga, Chef de file du Palu, après que ce parti ait signé des accords avec l’AMP de Joseph Kabila, vainqueur des élections présidentielle et législatives de la même année. De son passage dans le Gouvernements Gizenga I et II, beaucoup de succès lui sont attribués, notamment, la régularisation des salaires des fonctionnaires de l’Etat, la stabilité du taux de change, l’amélioration des émoluments des élus du Peuple et tant d’autres.

Attaché obstinément à sa culture d’origine, Muzito a beaucoup d’estime pour d’autres cultures, d’où l’une de ses qualités de polyglotte. Il maîtrise merveilleusement le Lingala, le Kikongo, le Français, l’Anglais, etc.

Des réactions mitigées

Au Palu, le ton a été donné par l’Honorable Mukwakani, Président du Groupe parlementaire. Le soutien et la confiance lui sont témoignés. Au Mouvement de Libération du Congo, parti cher à JP Bemba, Muamba François parle d’un non événement. A la Convention des Démocrates Chrétiens, Gilbert Kiakwama kia Kiziki dit que Muzito sera jugé sur pièces. Un point de vue partagé, du reste, par la plupart des compatriotes qui donnent leur langue au chat lorsqu’il leur a été demande de se prononcer sur ses chances de réussite.

Globalement, un de ses proches affirme que le venu ressemble à un ouvrier qui aura passé tout son temps à booster Gizenga sur l’agora politique, en s’éclipsant. Muzito, dit-on, va surprendre. C’est une question de temps.

A l’histoire de le juger aux faits et gestes. La Prospérité