La Commission des Affaires étrangères de la Chambre a entendu le ministre Michel.

Le ministre de la Coopération, Charles Michel (MR), répondait mercredi aux questions de la Commission des Affaires étrangères de la Chambre, essentiellement au sujet du Congo-Kinshasa.

Dirk Van der Maelen (SP.A) a tenté de le mettre en difficulté au sujet de la divergence de discours entre lui et son collègue des Affaires étrangères, Karel De Gucht. Ce dernier, souligne-t-il, continue à s'inquiéter de la mauvaise gouvernance et de la corruption au Congo - "il est maintenant question de blanchiment par la Banque du Congo" - tandis que le ministre de la Coopération, répondant (lire LLB 20/09) aux propos du ministre congolais du Plan, Olivier Kamitatu, qui mettait en cause la coopération belge, "n'a en rien mentionné la position de M. De Gucht, comme si de rien n'était [...] Je constate l'incohérence du gouvernement sur le Congo."

Charles Michel s'est d'abord insurgé auprès de la présidente, Hilde Vautmans (Open VLD), de ce que cette question n'était pas prévue, avant de répondre au parlementaire. Il est normal qu'il y ait "des nuances au sein du gouvernement", a-t-il dit, tout en précisant que "le gouvernement belge avait communiqué sa position officielle sur ce sujet, qui n'est pas celle de Karel De Gucht et qui est que nous voulons la normalisation des relations" avec Kinshasa "et que la population congolaise soit le moins possible victime" du gel des relations diplomatiques entre les deux pays.

Cela étant, ce gel entrave effectivement le travail de la Coopération, a reconnu le ministre, la partie congolaise se refusant jusqu'ici à fixer une date pour une réunion technique (que Kinshasa avait annulée sine die en juin) qui doit prendre des décisions au sujet des engagements de 2008 et identifier des projets de coopération pour 2009. "Sans ces décisions, les projets accuseront du retard."

Pour M. Van der Maelen, toutefois, "la Belgique veut une normalisation, mais le Congo fait la sourde oreille. Je trouve étrange qu'on ne parle plus de ce qu'a dit De Gucht. A-t-il dit n'importe quoi ?".

Georges Dallemagne (CDH) a souligné, de son côté, que Kinshasa était "totalement indifférent à la possibilité d'arrêt de la coopération belge - ce qui est à mes yeux une forme d'irresponsabilité". A un autre moment du débat, il a demandé s'il n'était "pas temps de redéfinir clairement notre politique africaine".

De Gucht et Michel à deux

La présidente Vautmans a signalé qu'elle espérait une réunion de la Commission des Affaires étrangères avec MM. De Gucht et Michel en décembre pour préciser ces questions.

Charles Michel a aussi répondu aux interventions des membres de la Commission au sujet du rapport de son département sur les droits de l'homme en 2007 dans les 18 pays qui bénéficient de notre Coopération. Ce rapport annuel, rendu obligatoire par une loi de 1994, n'avait plus été rédigé depuis... 2002.

Juliette Boulet (Ecolo) a jugé que l'"aide n'était pas toujours orientée là où c'était le plus important" et s'est demandé s'il ne conviendrait pas d'"annuler la dette" congolaise. Le ministre Michel lui a signalé (presque sans sourire) que c'était déjà fait en grande partie, pour la dette bilatérale et multilatérale. "Le solde sera annulé quand le Congo aura atteint le point d'achèvement" du programme fixé par les institutions de Bretton Woods, "c'est-à-dire quand la politique macro-économique du Congo sera approuvée par le FMI. La dernière mission du FMI à Kinshasa a constaté que cette politique n'était toujours pas en place", s'inquiétant du "contrat chinois, qui risque de réendetter le Congo vis-à-vis de l'étranger". La Libre