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LOSAKO
12 juin 2008

Diplomatie: Kinshasa entre Bruxelles et Paris

kabila304Trois ministres français se sont succédé à Kinshasa en l’espace de trois mois. Avec en main une invitation du président Nicolas Sarkozy à Kabila pour une visite d’Etat en France. Juste au moment du refroidissement des relations entre Kinshasa et Bruxelles. De quoi susciter plusieurs interrogations sur ce ballet diplomatique. Intérêts économiques ? Mission de bons offices ? Deux hypothèses plausibles.

Le président Joseph Kabila est attendu à Paris, sauf changement de dernières minutes, au mois de juillet prochain. Il répondra ainsi à l’invitation de son homologue français, Nicolas Sarkozy qui a dépêché auprès de lui trois de ses ministres : Bernard Kouchner des Affaires étrangères, Borloo chargé de l’ Environnement, et tout dernièrement Rama Yade, Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères et aux Droits humains. Ils ont remis et renouvelé l’invitation du président français au président de la République Joseph Kabila pour une visite de travail. Les deux personnalités se sont vues pour la dernière fois à New York, au mois de septembre 2007. Leur entretien n’avait duré que cinq minutes avec promesse de se revoir pour des échanges de vue en profondeur.

Il est un fait que Sarkozy était attendu au mois de février à Kinshasa, en route pour l’Afrique du Sud. Mais pour des raisons d’agenda de travail, cette visite qui devrait être marquée par une escale technique n’a pas eu lieu.

Ceci dit, les visites de ces ministres français permettent ainsi d’assister au réchauffement des relations bilatérales entre la République démocratique du Congo et la France. Mais voilà que ce ballet diplomatique se déroule juste au moment où les relations entre la Belgique et la RDC sont tendues.

Partant, cette image nous projette à plus d’une décennie en arrière alors que l’ex-Zaïre et la Belgique traversaient quasiment une période trouble, semblable à l’actuelle. L’on avait donc assisté à un rapprochement manifeste entre Kinshasa et Paris caractérisé par une coopération bilatérale diversifiée entre les deux pays. Serait-ce le même scénario qui voudrait se répéter ? La Belgique serait-elle consciente de cette situation qu’elle préfère, continuer à insister sur les « relations privilégiées » entre la RDC et la Belgique ? Le Premier ministre belge, Yves Leterme, continue à soutenir cette thèse.

ENJEUX ECONOMIQUES

Ce serait naïf de croire à un « certain antagonisme » entre Paris et Bruxelles avec la brouille qui caractérise encore les relations belgo-congolaises. La France et la Belgique appartenant tous les deux à l’Union européenne, ces deux pays, comme tous les autres membres de cette organisation sont tenus par un devoir de solidarité. Qu’on ne se trompe pas.

Mais il n’empêche de relever que depuis son arrivée au pouvoir, le président Nicolas Sarkozy s’intéresse plus à des contacts économiques à chacune de ses sorties. Celles-ci se soldent par la signature des contrats économiques en termes de milliards d’euros. C’est ce qui s’est passé dernièrement en Algérie.

En se rendant au mois de mai en Angola, juste à côté de la République démocratique du Congo, Sarkozy voulait tout simplement dire que la France n’ignorait point l’importance de la RDC et ses multiples opportunités économiques. Raison pour laquelle il s’est empressé de déléguer quelques-uns de ses principaux collaborateurs pour justement marquer cet intérêt de la France vis-à-vis de l’évolution du processus politique en RDC. Mais au regard du rôle prépondérant que joue l’ Angola dans la région, Sarkozy a voulu lancer un message clair à l’endroit de la RDC. Un message analogue a été également adressé à la Côte d’Ivoire avec le séjour d’une forte délégation d’entrepreneurs français dans ce pays pour reprendre pied. Au moment où plusieurs partenaires s’intéressent au processus de reconstruction de la République démocratique du Congo, la France, en tant que l’un des partenaires traditionnels, ne saurait demeurer en reste.

Déjà dans le passé, la coopération entre les deux pays a été l’une des plus dynamiques dans plusieurs secteurs de la vie nationale. Notamment dans le secteur des communications, des médias, du commerce, des mines et militaire.

ENJEUX CULTURELS…

Cependant, l’un des secteurs clés de la France est culturel. Certes, Sarkozy tient à revisiter les rapports avec les pays d’Afrique. Aussi, a-t-il programmé la mort de « France - Afrique ». Mais la France tient à la Francophonie pour rapprocher les peuples qui ont en commun le français.

Or, il se fait justement que le français est menacé par l’anglais. Dans cette stratégie commune à la Francophonie pour promouvoir cette langue et celles nationales des pays membres, la République démocratique du Congo est incontournable. Elle se présente comme le dernier rempart de la Francophonie en Afrique compte tenu de son poids démographique francophone. Il faut à tout prix freiner « l’influence anglophone » de plus en plus manifeste en Afrique pour sauver le français. Par conséquent, l’on prépare déjà l’après-Québec 2009 pour autant que le sommet de 2011 de l’OIF est prévu, jusqu’ à preuve du contraire, à Kinshasa.

A ce niveau également, il faut être naïf pour ne pas comprendre que les intérêts culturels vont de pair avec les enjeux économiques. D’une pierre, la France et la RDC pourraient faire deux coups. Pourquoi pas les autres pays de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale, CEEAC, dont la plupart sont d’expression francophone ?

MISSION DE BONS OFFICES

En politique, toutes les voies sont explorables et exploitables. Ce ne serait pas du tout une surprise si le président français sautait sur l’occasion afin de jouer les bons offices entre la République démocratique du Congo et la Belgique. Des liens culturels peuvent susciter certains élans quand on sait que la Belgique compte une frange importante des belges francophones. Qui disposent également des intérêts au Congo. Quoi de plus positif de saisir cette opportunité pour dissiper certains malentendus nés des incohérences internes belges pour que la Belgique, la France et la République démocratique du Congo en tirent profit ?

Cette hypothèse n’est pas à exclure. Pour la simple raison qu’à partir du 1er juillet, la France exercera la présidence de l’Union européenne. La France n’aimerait donc pas être embarrassée devant certaines propositions des pays membres de l’Union européenne dans l’hypothèse où la crise entre la RDC et la Belgique persisterait. O.M/Le Potentiel

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