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LOSAKO
21 mai 2008

RDC / Blanchiment d’argent : La Banque centrale du Congo inculpée à Bruxelles

Masangu2Le juge d’instruction belge, près le parquet de Bruxelles, Michel Claise, a inculpé le 13 mai dernier la Banque Centrale du Congo dans une affaire de «blanchiment d’argent» portant sur plusieurs dizaines de millions de dollars. Bien qu’un dossier judiciaire a été ouvert sur cette affaire en 2004, l’annonce tonitruante de l’inculpation prend un relief diplomatico-judiciaire au moment où le climat est peu propice aux embrassades entre Kinshasa et Bruxelles.

Voilà une nouvelle qui tombe à un mauvais moment pour Jean-Claude Masangu Mulongo, l’inamovible gouverneur de la Banque Centrale du Congo (BCC). L’homme vient en effet d’être reconduit à ce poste – qu’il occupe depuis août 1997 - pour un nouveau terme de cinq ans. Dans son édition datée mardi 20 mai 2008, le quotidien bruxellois «La Libre Belgique» rapporte, sous la plume de son «investigateur-maison» Roland Planchard, que la Banque centrale du Congo «aurait été inculpée» le 13 mai dernier à Bruxelles «en tant que personne morale dans un dossier financier». L’inculpation a été décidée par le juge d’instruction Michel Claise, chargée d’instruire ce dossier à la demande de l’office du procureur du Roi à Bruxelles. Que l’on se détrompe. Le conditionnel utilisé par le journaliste est manifestement dicté par un souci d’objectivité. Dans la mesure où l’inculpation n’anéantit point la présomption d’innocence. Elle signifie, en revanche, que le magistrat-instructeur a pu réunir des «indices graves et concordants» à charge du suspect. A propos justement des indices, «La Libre» note qu’ils «portent sur la participation de la banque à la disparition de fonds qui paraissent avoir été détournés au préjudice d’une société minière congolaise au départ de comptes ouverts dans une banque belge.» Il s’agit de la banque Belgolaise qui a «déjà fait l’objet d’une inculpation ainsi que des membres de son conseil d’administration», souligne le quotidien.

Achat d’armes

Selon le parquet bruxellois, l’ancien président administrateur-délégué de la MIBA, le PPRD Jean-Charles Okoto Lolakombe, est mis en cause en tant que «personne physique» dans la commission de ce forfait. Il est question de «plusieurs millions de dollars, ou dizaine de millions», détournés au préjudice de la MIBA, via la Belgique. Certaines sources avancent le chiffre de 80 millions U$S. «Bref, précise le journal, on découvre que la filière utilisée pour blanchir les millions de la MIBA aurait pu passer par la Banque Centrale du Congo, et non par la seule Belgolaise. (…).» Joint au téléphone à Kinshasa par la rédaction de Congoindependant.com, un expert en matière bancaire donne une version plutôt nuancée. «En 2003, raconte-t-il, la RD Congo avait passé commande d’armes et de munitions auprès d’un fournisseur européen. Titulaire d’un compte à la Belgolaise, la MIBA avait donné ordre à cette banque belge d’honorer la facture y relative avec comme libellé : «avance sur impôt.» Refus catégorique de la direction de la Belgolaise. Motif invoqué : «Cette dépense» dite de «de souveraineté» au Congo-Kinshasa «n’est pas conforme à l’objet social de la MIBA». Pour contourner cet obstacle, le staff dirigeant de cette société parastatale trouve une astuce. Celle-ci consiste à rétrocéder le même montant à la Banque centrale du Congo. Cette fois, la Belgolaise s’est pliée à l’ordre de paiement. «La Belgolaise, fait remarquer notre expert, ne pouvait qu’exécuter cet ordre. On ne peut dès lors s’empêcher de s’étonner que le juge Michel Claise ait lancé des poursuites à l’encontre des dirigeants de la Belgolaise.»

132467Rapport Lutundula

En parcourrant les conclusions du rapport rédigé par la Commission parlementaire dite Lutundula, on apprend que la commande d’armes dont question a été passée auprès de la Tchéquie et de l’Ukraine pour un montant estimé à 80 millions U$S. En réalité, une partie seulement de cette somme a été engagée. Les noms de plusieurs personnalités appartenant au premier cercle du pouvoir kabiliste sont cités dans cette opération. Outre le député national Jean-Charles Okoto, ancien ministre des Affaires étrangères et patron de la MIBA, il s’agit notamment de Didier Kazadi Nyembwe, un vieux compagnon du «Mzee» et ancien patron de l’ANR (Agence nationale des renseignements), et de Augustin Katumba Mwanke, secrétaire exécutif de l’Alliance de la majorité présidentielle (AMP), la coalition des partis qui forment la majorité au pouvoir. Ce dernier personnage passe pour «l’homme d’affaires», celui qui tient les cordons de la bourse, au sein du clan kabiliste. «L’argent du diamant qui finance la guerre, c’est dans une certaine mesure les diamants du sang», commente un journaliste belge francophone. «Il faut être naïf pour croire que les 80 millions ont servi uniquement à l’achat d’armes», remarque un étudiant finaliste à l’ULB. Sur le «Net», un internaute, répondant au prénom de Thomas, exprime son indignation : «Une bande des voleurs!! Miyibi !!!»

Transparence et éthique

Un fonctionnaire international congolais tient des propos plus tranchés. «Cette affaire est loin d’être un fait divers, martèle-t-il. C’est une affaire extrêmement grave. L’inculpation pour blanchissement d’argent est un fait rarissime pour une Banque centrale.» Et d’ajouter : «La filliale congolaise de la Belgolaise en l’occurrence la Banque commerciale du Congo (BCDC) a été vendue tout récemment à un consortium marocain en partenariat avec Georges Arthur Forrest.» Selon ce fonctionnaire, l’homme d’affaires Georges Forrest et Jean-Claude Masangu siègent au sein du conseil d’administration de la compagnie Katanga Mining Ltd. «Cette transaction, fait-il remarquer, n’est pas un modèle de transparence et d’éthique car elle viole toutes les règles». «D’une part, poursuit-il, un gouverneur de Banque centrale ne doit pas occuper d’autres fonctions dans des entreprises privées pendant son mandat, et d’autre part la situation créée enlève à la Banque centrale son indépendance car ses décisions sont connues à l’avance par une société privée (Katanga Mining) au détriment des autres entreprises du pays. Parce que c’est la BCC qui assure la tutelle des banques. Et vendre la BCDC à un consortium lié à Katanga Mining constitue une grave violation de la Constitution et des statuts de la Banque centrale du Congo.» Questions : pourquoi, ce dossier judiciaire refait-il surface quatre années après ? Y aurait-il une relation de cause à effet avec la détérioration des relations entre le Congo démocratique et le royaume de Belgique après la visite mouvementée à Kinshasa du ministre belge Affaires étrangères, Karel De Gucht, qui y a dénoncé la corruption ambiante et la mauvaise gouvernance ou simple lenteur de l’appareil judiciaire ? Affaire à suivre.

B. Amba Wetshi

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