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LOSAKO
21 avril 2008

Les Congolais pleurent, Gizenga se tait, Kabila en voyage. RDC... Y a-t-il un pilote dans l'avion ?

gizenga_antoine_dkabila_presidentRévolte, honte et tristesse. Trois sentiments qui caractérisent une certaine opinion congolaise. Des Congolais contactés par la rédaction de Congoindependant.com jugent sévèrement l’impassibilité qu’affichent Joseph Kabila et le Premier ministre Antoine Gizenga depuis l’annonce, mardi 15 avril, du crash du DC-9 de la compagnie aérienne privée Hewa Bora Airways ayant coûté la vie à un nombre indéterminé de personnes. L’attitude des deux têtes de l’Exécutif est qualifiée d’«irresponsable».

Près de Soixante-douzes heures après le grave accident du DC-9 de la compagnie aérienne Hewa Bora Airways – laquelle compagnie se présente dans une publicité parue dans l’hebdomadaire Jeune Afrique n°2466 comme le «leader du transport aérien en Afrique centrale, filiale d’un groupe européen multi-activités (…), on commence lentement à reconstituer les pièces du puzzle. A en croire Stavros Papaiannou, PDG de cette entreprise qui assure employer 1.600 collaborateurs, l’avion s’était lancé sur la piste lorsque une «explosion» a retenti à l’arrière. Certains témoins ont fait état des flammes aperçues au niveau d’un des moteurs. «Après avoir entendu ce bruit, explique «Stavros», le pilote s’est résolu d’arrêter le décollage. Il a freiné. Malheureusement, il a perdu le contrôle de l‘avion.» Le patron de Hewa Bora assure que l’aéronef était bien entretenu. Il stigmatise, en revanche, l’état de la piste. Selon lui, des flanques d’eau sont sans doute à l’origine de l’«aquaplanage» de l’appareil. Une thèse que soutient également Simon Diasolua Zitu, ancien pilote DC-10, expert enquête-accident. Vrai ou faux, les boîtes noires pourront confirmer ou infirmer cette hypothèse.

Bousculades

Mercredi 16 avril, le président de l’Assemblée nationale, le PPRD Vital Kamerhe, est arrivé à Goma à la tête d’une importante délégation composée des parlementaires et des membres du gouvernement. Des témoins à l’aéroport de Ndjili assurent avoir assisté à des «bousculades ubuesques et indignes de la part des hommes publics» au portillon des avions affrétés. «Les députés et sénateurs originaires du Nord et Sud Kivu s’empoignaient littéralement pour se frayer l’allée conduisant à la cabine, s’enrage un confrère joint au téléphone à Kinshasa. Des porteurs de mallette, ajoute-t-il, ont été embarqués alors que des experts chargés d’enquêter sur l’accident ont été «oubliés» sur le tarmac». Les officiels venus de Kin ont pu assister à l’inhumation d’une trentaine de victimes avant de regagner la capitale jeudi. Le ministre de l’Intérieur, le PPRD Denis Kalume Numbi, a revu à la baisse le bilan initial. Selon lui, il y aurait quarante morts, vingt disparus et une centaine de blessés. Les rescapés seraient au nombre de vingt-six. Les milieux hospitaliers à Goma parlent, eux, de 42 morts tout en insistant sur le caractère «provisoire» de ces estimations au motif que plusieurs passagers et des personnes au sol sont toujours portées disparues. C’est le cas notamment d’une commerçante nommée «Mama Aimée» bien connue au Quartier Birere.

Décapage

Avant de regagner la capitale, Kalume a «déploré» l’état de la piste de l’aéroport. Surprenant, de la part d’un membre du gouvernement censé mobiliser des moyens pour résoudre au quotidien les problèmes affectant la collectivité. Or, l’état de la piste de l’aéroport de Goma a été raccourcie d’un kilomètre par des laves volcaniques. Il y a de cela plus de cinq ans. Joseph Kabila est à la tête de la RD Congo depuis sept ans. Aveu d’impuissance ? Des analystes estiment que l’accident du DC-9 aurait pu être évité si le «décapage» de l’aérodrome de Goma avait été effectué. Questions : qui devait effectuer ce décapage ? Pourquoi ne l’a-t-il pas fait ? A en croire Kalume, interrogé par radio Okapi, les travaux devraient commencer «dans les mois à venir». Une formule de style peu convaincante. Dans une interview accordée à Radio France internationale, son collègue en charge des Transports et voies des communications, Charles Mwando Nsimba, duquel relève la Régie des voies aériennes (RVA), est apparu tout aussi évasif. Selon Mwando, une mission doit se rendre au Nord-Kivu pour «évaluer» la situation afin «dans un premier temps, de procéder «rapidement» au décapage des laves volcaniques». Pourquoi rien n’a été fait depuis cinq ans ? Le ministre d’invoquer l’insécurité qui prévalait à Goma du fait de la guerre avant de bredouiller que le gouvernement a engagé des pourparlers à ce sujet avec des «partenaires» sud africains et des «Emirats».

Rencontre Kabila-Kagame

En tous cas des Congolais se disent «choqués» par l’«impassibilité» qu’affichent Joseph Kabila et le Premier ministre Antoine Gizenga depuis l’annonce de ce grave accident. Selon des sources aéroportuaires, l’avion de Joseph Kabila a décollé, ce mardi 15 avril, aux alentours de 11H30. Destination : New York. Joseph devait participer, jeudi, à une réunion du Conseil de sécurité dont l’un des points à l’ordre du jour portait sur la situation au Soudan, en Somalie, RD Congo et la Côte d’Ivoire. La presse kinoise pro-kabiliste annonçait que le «président élu» devait y rencontrer son homologue rwandais Paul Kagame. « Nous avons beaucoup aidé le gouvernement congolais. Posez la question (…) au président Kabila. Le Rwanda les a beaucoup aidés. La réalité est là. (…).» Qui parle ainsi ? Paul Kagame himself (voir Jeaune Afrique n°2466 du 13 au 19 avril 2008). La RD Congo aurait-elle une dette à l’égard de l’homme fort de Kigali ? Kabila s’est-il rendu à New York pour lui exprimer sa gratitude ? Il faut espérer que la classe politique congolaise demandera au « raïs » des plus amples explications sur ces «révélations». Revenons à l’accident. Le crash du DC-9 s’est produit à 13H30 soit 14H30 à Goma. Au risque de remettre en cause le principe de séparation des pouvoirs, l’Assemblée nationale a littéralement imposé au chef du gouvernement les mesures à prendre dont la mise en place d’une «cellule de crise» et la prise en charge des victimes. Sous d’autres cieux, le président de la République aurait, toutes affaires cessantes, interrompu son voyage et regagné le pays pour honorer la mémoire des victimes et manifester la compassion nationale aux familles. Rien. Joseph Kabila a maintenu intact son agenda.

Enquête

La controverse est lancée. «Kabila s’en fout royalement, dit un étudiant en Communication. Il sait que le Congo ne dispose pas encore d’une opinion publique digne de ce nom pour condamner son attitude». Notons que la Présidence de la République a publié, le même mardi 15, un communiqué d’une banalité navrante. «C’est avec consternation que le chef de l’Etat, Son Excellence Monsieur Joseph Kabila Kabange, en route pour les Etats-Unis d’Amérique, vient d’apprendre la catastrophe aérienne survenue ce jour à Goma. A cet effet, il présente ses condoléances les plus attristées aux familles des victimes et adresse un message de réconfort aux blessés. Il demande au gouvernement de diligenter une enquête dans le plus bref délai pour déterminer les circonstances de l’accident.» Le texte est signé «Pour le cabinet du chef de l’Etat», par Louis Mayuma Kasende, directeur de cabinet adjoint chargé des questions Politiques, juridiques et socioculturelles. Où est passé le Premier ministre Antoine Gizenga ? Pourquoi ne s’est-il pas rendu à la télévision nationale pour exprimer les condoléances du gouvernement de vive voix ? «Kabila devait interrompre son voyage à New York et regagner le pays. En privilégiant son entrevue avec Kagame, il a démontré son mépris pour les citoyens qui l’ont porté au pouvoir », tonne un opposant. «Kabila et Gizenga viennent de démontrer leur irresponsabilité. Ils ne sont pas dignes de leurs fonctions», enchaîne un autre avant d’ajouter : «Joseph se moque de la population lorsqu’il demande l’ouverture d’une enquête. Peut-il nous dire ce que sont devenues les conclusions des enquêtes ouvertes notamment sur la tentative de coup d’Etat du major Eric Lenge et le crash de l’avion Antonov 28 à Kingasani ?».

La maffia politico-économico-financière

Le journaliste Justin Mayimbi crie sa colère : « Je suis révolté. Notre pays ne mérite pas ça. La responsabilité du pouvoir est engagé. Comment peut-on expliquer l’existence de toutes ces compagnies aériennes privées pendant que le pays est incapable de nourrir sa population ? Sommes-nous les otages d’une maffia politico-économico-financière ?» Pour l’opposant Tharcisse Loseke, Joseph Kabila «n’a pas d’excuses». «Par respect pour le peuple qui lui a donné des voix pour être là où il se trouve, il devait regagner le pays.» L’ancien ministre du Tourisme d’Etienne Tshisekedi de relever que «le communiqué publié par la Présidence ne suffit pas». Etudiant à l’ULB, Jean-Marie de clamer : «On a vu le président français Nicolas Sarkozy se rendre à l’aéroport pour accueillir personnellement les ex-otages du bateau de plaisance «Ponant» victime d’un acte de piraterie maritime au large de la Somalie. Le chef de l’Etat congolais est absent au pays alors qu’à Goma il y a eu mort d’hommes.» Un commerçant du Quartier Matonge de nuancer : «La rencontre Kabila-Kagame est très importante pour le rétablissement de la paix dans les provinces du Kivu. La présence à Goma du président de l’Assemblée nationale et du ministre de l’Intérieur me paraît amplement suffisante.»

Fondation LD Kabila

Un avis balayé d’un revers de la main par un jeune coiffeur en poste dans les Galeries d’Ixelles. En lingala, le jeune homme «gueule» : « Kabila vient de démontrer aux naïfs que nous sommes que les problèmes du Congo et des Congolais le laissent indifférent. Le Congo n’est pas son pays…Gizenga n’est qu’un figurant.» On apprenait jeudi 17 avril que Mme Kabila, née Olive Lembe di Sita a lancé une «caisse de solidarité» en faveur des victimes du crash de Goma. Deux comptes ont été ouverts, au nom d’une nébuleuse ONG «Initiative plus», auprès d’une banque de la place pour recueillir des dons en argent. «Je tiens à vous assurer que ces dons arriveront à leurs destinataires», a déclaré Olive. Selon le gouverneur de la province du Nord Kivu, Julien Paluku, au nom de la Fondation Mzee Laurent-Désiré Kabila, Joe, le frère cadet de Joseph Kabila, a fait livrer une tonne de médicaments aux victimes du crash. Où est passé l’Etat et ses structures? B.A.Wetshi

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