Conforter les acquis entre les deux pays, mobiliser les ressources financières en vue de redynamiser la coopération économique et intensifier les échanges touristiques et culturels, promouvoir la coopération sud-sud, telle est la substance des travaux de la Grande commission mixte RDC-RSA qui se sont déroulés du 1er au 3 avril 2008 à Pretoria, en Afrique du Sud. Travaux terminés sur une note de satisfaction exprimée par les présidents Kabila et Thabo Mbeki, mais sur fond de plus d’engagement au regard de grands défis à relever au plan bilatéral, mais également continental et international. Ce mariage d’intérêt est appelé à être bénéfique pour toutes les parties. L’une cherche à se relever, alors que l’autre est préoccupée par la recherche des sources sûres d’approvisionnement en matières premières. Deux géants qui sont à même de réveiller l’Afrique entière.

Les présidents Joseph Kabila et Thabo Mbeki, respectivement présidents de la République démocratique du Congo de la République Sud-africaine, ont procédé hier jeudi 3 avril au palais présidentiel de Pretoria, à la clôture des travaux de la Grande commission mixte RDC - RSA. Travaux qui se sont déroulés du 1er au 3 avril, d’abord à l’Hôtel Sheraton, ensuite au palais présidentiel.

Dans le communiqué final lu par le ministre congolais des Affaires étrangères et à la Coopération internationale, Antipas Mbusa Nyamwisi, les deux parties, après avoir examiné la mise en oeuvre des engagements et accords signés depuis le 14 janvier 2004 dans le cadre de l’Accord général de coopération, relève des insuffisances, ont exprimé leur satisfaction devant les progrès réalisés. Néanmoins, Ils ont levé l’option d’accélérer les engagements et procéder à la mobilisation des ressources financières en vue d’aller de l’avant. La RDC et la RSA ont saisi cette opportunité offerte par la tenue de la 5ème session de cette commission mixte pour réitérer leur volonté de raffermir leurs relations économiques, d’intensifier les échanges touristiques, culturels et pédagogiques.

Au regard des efforts accomplis par la RDC depuis la mise en place des institutions issues des élections, les deux délégations ont souligné la nécessité de renforcer cette coopération en vue d’assurer la sécurité dans l’optique du raffermissement de l’autorité de l’Etat.

Par conséquent, le parachèvement de la réforme au niveau des services de sécurité s’impose, et à ce sujet, l’Afrique du Sud a affirmé sa disponibilité de poursuivre des efforts tripartites avec la Belgique et les Pays-Bas dans le cadre de la réforme de l’armée. A une question de la presse, le président Thabo Mbeki a affirmé la remise au niveau de la base de Kamina avec le concours de la Belgique pour la formation des soldats congolais. Des contacts à ce propos sont très avancés.

Le deux parties se sont ensuite appesanties sur la situation générale de la région, du continent avant d’évoquer de grandes questions internationales. Aussi, ont-elles mis un accent particulier sur la coopération multilatérale, le renforcement de la coopération sud-sud en passant par la renaissance africaine.

Auparavant, la ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Mme Zuma, a fait un rapport succinct du rapport général en s’attardant sur les grands chapitres de cette session : politique et gouvernance, défense et sécurité, questions sociales et humanitaires et enfin économie, finances et infrastructures.

PARTENARIAT PUBLIC - PRIVE

Mais comme nous le soulignions tout au long de ce reportage, la session de Pretoria avait un objectif économique pour redynamiser l’axe Kinshasa - Pretoria. D’ou les secteurs de priorité qui ont été retenus. Il s’agit de l’énergie, de l’eau, des infrastructures de base auxquelles il faudra ajouter la sécurité, la fiscalité, la Fonction publique avec la formation de 600 fonctionnaires, la santé qui sera marquée par la réhabilitation des structures de santé et l’éducation. Le président Kabila a souligné la nécessité et l’importance de ces domaines pour un pays en situation post-conflit, mettant ainsi un accent particulier sur son programme énoncé de cinq chantiers. Voilà pourquoi attend-il des interventions du secteur banquier pour accélérer la mise en oeuvre de ces projets prioritaires, du secteur banquier sud-africain pour autant que l’Afrique du Sud accuse une expertise dans le cadre de la mobilisation des ressources financières à travers le financement des projets.

Le président sud-africain a abondé quasiment dans le même sens, en évoquant les différents modes de mobilisation des ressources financières. C’est-à-dire, par les fonds propres de chaque pays, le partenariat tripartite avec les institutions financières internationales, telle la BAD. En prenant le cas de la fourniture énergétique d’Inga, il a énoncé la mise sur pied d’un partenariat « Public-public » pour une nouvelle impulsion.

Cependant, il y a lieu d’accompagner la RDC dans la concrétisation de ses réformes et de l’affermissement de l’autorité de l’Etat. D’où, la RSA appuie la RDC dans l’application des accords de Goma en vue de la démobilisation et de la neutralisation des forces négatives. Sur ce point d’ailleurs, le président Kabila a souligné les avancées enregistrées dans ce domaine et qu’il est désormais question de procéder au désarmement et au rapatriement des Interahamwe.

Le mariage, conclu entre les deux pays, prend en compte les intérêts bien compris des uns et des autres. La RDC a besoin de quitter la zone de turbulence actuelle alors que la RSA est préoccupée par la recherche des débouchés et l’approvisionnement en matières premières, notamment l’électricité qui lui fait cruellement défaut.

Enfin, les deux parties ont convenu de mettre en place une cellule de coordination pour le suivi des engagements et accords conclus et veiller à la mobilisation des ressources. Quant au président Kabila, il a réaffirmé la volonté de la RDC de poursuivre le processus électoral jusqu’à terme avec l’organisation des élections communales. Le président de la République compte sur la contribution de la Commission électorale de la RSA qui aura à travailler, comme par le passé avec la Commission électorale indépendante de la RDC. La prochaine Grande commission mixte de deux pays se tiendra probablement au mois d’octobre prochain à Kinshasa. Le Potentiel