Ni foule, ni ovation pour accueillir Joseph Kabila au Bas-Congo
Les habitants de Matadi se saisiront-ils de l’occasion que présente la
visite qu’effectue depuis jeudi 20 mars à Matadi Joseph Kabila dans la
ville portuaire pour lui exprimer leur frustration ou useront-ils de la
langue de bois qu’on leur connaît toujours? Le président de la
république est entré dans le chef-lieu de la province du Bas-Congo,
dans la matinée, au volant de sa 4X4. Après la flambée de violence
consécutive à la répression policière, qui se poursuit d’ailleurs,
contre les adeptes de Bundu dia Kongo, le mouvement politico-religieux
du député Ne Muanda Nsemi, la visite de Joseph Kabila s’apparente à un
test de popularité. Ni foule, ni ovation n’ont été au rendez-vous.
Seules
les autorités provinciales, dont en tête le gouverneur PPRD Simon
Mbatshi Mbatshia et le président de l’Assemblée provincial Kimasi l’on
accueilli à sa descente d’avion avant de voir le cortège dévaler les
pentes de l’aérodrome en terre battue de Tshimpi vers le pont Maréchal
Mobutu et la résidence présidentielle sur la Nationale 1. On a remarqué
ça et là quelque décor pour saluer l’évènement mais aussi des
banderoles qui transmettent des messages de bienvenue à l’ensemble de
la délégation gouvernementale. Des sources assurent qu’aucun risque
d’insécurité n’a été détecté, Kabila ayant ses vrais hommes de main sur
place, en l’occurrence le général Raus Chalwe, qui a joué un rôle
prépondérant dans l’affaire BDK.
Kabila a conféré ce même jeudi
avec les notabilités de la province, les membres de la société civile
et les chefs religieux en vue de prendre le pouls de la province,
notamment au sujet des derniers évènements qui ont ensanglanté une
province reconnue comme pacifique.
La cohésion du gouvernement mis à rude épreuve
Kabila
a emporté dans ses bagages tout son gouvernement, après que ce dernier
ait essuyé une volée de bois verts lors de la rentrée parlementaire,
que ce soit à l’Assemblée nationale ou au Sénat, pour sa léthargie,
plus d’une année après sa mise en place et faute de résultat. Les
parlementaires, toute catégorie confondue, se sont fondés sur les
rapports de leurs vacances parlementaires respectifs pour fustiger un
gouvernement qui ne parvient pas à mettre en œuvre son propre programme.
Par conséquence, contrairement à ce qu’avait déclaré Joseph Kabila dans
l’allocution bilan de l’an 1 de son mandat que tout allait bien qu’il y
a une année, les parlementaires viennent d’infliger un cinglant démenti
au regard de l’état de souffrance qu’affronte le Congo profond. Le
gouvernement va-t-il rechercher son unité à Matadi ? L’Opposition veut
la tête de Gizenga, la Majorité dans son ombre, tire les ficelles. Les
discours d’ouverture de la session de mars à l’Assemblée nationale et
au Sénat on posé la dialectique d’un ensemble de preuve d’immobilisme
du gouvernement auquel il n’arrive pas à se départir.
De
l’injustice sociale à la corruption, de la faillite de l’Etat à la
catastrophe économique dont le résultat se lit sur les indices
macroéconomiques, aucune avancée qualitative n’est à mettre dans
l’actif du gouvernement. Bien au contraire, la concussion, notamment
dans la révision des contrats miniers refait surface. Dans le social,
les promesses ne sont restées qu’au même stade. Et les 5 chantiers du
gouvernement n’ont toujours pas dit ce à quoi ils ressemblent.
Les 5 chantiers dans l’engorgement
Kabila
est aussi à Matadi pour se rendre compte de l’ampleur de l’engorgement
du port où doivent débarquer près de 3 000 containers en provenance de
la Chine. Si le port reste dans l’état, l’enlèvement d’urgence du
matériel qui soutiendrait ses chantiers risque d’être une utopie et les
5 chantiers un slogan. Ainsi faudra-t-il faire vite. Matadi est aussi
l’occasion d’un dernier test pour le premier ministre à qui l’AMP
demande les preuves de sa détermination à participer activement à la
mise en œuvre des 5 chantiers, le mois de mars au cours du quel leur
amorce avait été annoncé tendant à sa fin. Selon certains observateurs,
ne fut-ce que le chantier de la justice sociale tarde à se mettre en
place. Le constat en a été fait dernièrement dans le Bzs-Congo avec la
répression jugée disproportionnée par l’Union européenne et qui a coûté
la vie à plus d’une centaine de Congolais, en majorité des innocents.
BDK, une épine sous le pied du gouvernement
Le
Bas-Congo vit la chasse à la sorcière, une chasse à l’homme orchestrée
par le gouverneur Mbatshi Mbatsha qui aurait mis à prix USD 25 mille la
cachette des BDK, à en croire Ne Muanda Nsemi, au sortir de l’audience
lui accordée par le président de l’Assemblée nationale qui l’accusait,
après avoir considéré l’avis du ministère de l’Intérieur, d’être
l’instigateur des évènements malheureux qui ont secoué le Bas-Congo.
Depuis, la course à la prime a fait renaître le déferlement de
violences dans la province. La course au trésor amène certains à user
des règlements de compte pour gagner le jackpot. Par conséquent, c’est
la poursuite des tueries. L’opération ‘‘restauration de l’autorité de
l’Etat’’ vient de prendre un autre virage plus dangereux qu’avant.
Ainsi,
les observateurs s’interrogent si Joseph Kabila entendra la voix de sa
conscience ou celle de son ministre de l’Intérieur ou de l’Inspecteur
général de la Police, qui ont adressé un satisfecit à la Police après
les massacres de Luozi, de Seke Banza et de Matatdi.
En rappel,
et selon des rapports dignes de foi, notamment celui de la MONUC, les
forces de police se sont livrées à une répression féroce au Bas-Congo
consacrée par des exécutions sommaires des innocents et des
arrestations arbitraires sans un document officiel détaillé de la
mission visé par les officiels de la province.
Le gouvernement
a parlé de 22 morts, tandis que la Société civile du Bas-Congo d’une
centaine et Ne Muanda Nsemi d’un millier. Selon lui, plusieurs
personnes poussées dans les brousses pour échapper aux massacres ont
été rappelées par le gouverneur sous prétexte de leur prodiguer des
soins. A leur sortie des bivouacs, elles ont été cueillies par la
police par camion entier et massacrées. Certains corps auraient été
jetés dans le fleuve. Le Révélateur